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Karl Heinrich MARX: Notre point de départ, c'est le travail

Publié le 06/04/2005

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Notre point de départ, c'est le travail sous une forme qui appartient exclusivement à l'homme. Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules l'habileté de plus d'un architecte. Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur. Ce n'est pas qu'il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d'action, et auquel il doit subordonner sa volonté. Et cette subordination n'est pas momentanée. L'oeuvre exige pendant toute sa durée, outre l'effort des organes qui agissent, une attention soutenue, laquelle ne peut elle-même résulter que d'une tension constante de la volonté. Elle l'exige d'autant plus que, par son objet et son mode d'exécution, le travail enchaîne moins le travailleur, qu'il se fait moins sentir à lui comme le libre jeu de ses forces corporelles et intellectuelles ; en un mot, qu'il est moins attrayant. Karl Heinrich MARX (1818-1883)

L'homme n'est pas le seul vivant à travailler, mais il est le seul vivant à travailler comme il le fait. Le travail humain ne se distingue pas du travail animal par le moyens ou par les buts de la production. L'abeille mime l'architecte, l'araignée le tisserand : il manque à ces deux animaux la propriété de se rapporter à la matière selon la représentation de l'objet à réaliser, avec cette conséquence d'éveiller, de développer et de fortifier des capacités enfouies aussi quelles soient intellectuelles ou morales.    Peut - on partager avec MARX cette conception d'un travail littéralement épanouissant ?

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« abeilles sont peut - être également expertes.

Une différence essentielle apparaîtra qui ne touche ni les moyens deproduction ni la qualité du résultat.

Cette différence concerne la qualité même du travail : l'architecte, fût - il le plusmauvais, "a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche".

L'architecte a imaginé lebâtiment, il l'a conçu, il en a calculé les dimensions.

La cellule existe avant d'exister dans la réalité. L'oeuvre travaillée est représentée dans l'imagination de l'architecte avant d'être présente dans la réalité extérieure("Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur").

La cause finale, le butde l'activité du travailleur, est la cause efficiente qui amènera à l'existence le but lui - même.

L'idée de ce qui seraest la cause qui fera être ce qui sera : le plan, les calculs non seulement anticipent l'objet et préparent saréalisation ; ils montrent que le futur quand il est présent est sa propre cause. Le travail sous sa forme humaine ne se distingue pas de l'activité animale par le changement de formes de la matière("Ce n'est pas qu'il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles..."), ni même, aurait puajouter MARX, par les moyens mis en oeuvre (outils, machines).

La vraie différence est ailleurs et elle est plusprofonde : le travail humain réalise un but qui était déjà présent dans la pensée ; l'objet est présent dans le mondede la matière parce qu'il a été représenté ("il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience").

Lareprésentation du but guide le travailleur dans sa production : il lui dicte la manière de le faire.

Le but donne la loi dela production de l'objet ("qui détermine comme loi son mode d'action").

Ainsi vouloir construire une villa détermine lamanière de la construire.

L'animal quant à lui découvre ce qu'il fait au moment où il le fait : il serait en ce sens unartiste, mais un artiste qui ne s'émerveille pas de sa production ; il serait plus justement un instrument au moyenduquel la nature crée. Cela n'est pas sans conséquences sur le travailleur lui - même. ------------------------------------------------------- MARX nomme praxis le processus par lequel l'activité du travail modifie la nature du travailleur en même temps qu'ellemodifie la nature extérieure.

Or la praxis trouve son fondement ici dans le processus même du travail. Le travail est ainsi la subordination à la réalisation du but : "auquel il doit subordonner sa volonté".

C'est cettesubordination qui éveillera les facultés enfouies de l'homme.

Au premier chef, la volonté qui est la faculté de serapporter à des fins.

La volonté réclame l'emploi des moyens à la réalisation de la fin représentée.

Le travail est apriori une activité volontaire : il ne demande pas d'abord de la volonté ; il la réclame après.

Ce n'est que par lecaprice qu'un enfant peut espérer avoir là et maintenant l'objet qu'il "veut".

Le travail emploie la volonté dans lamatière. Le travail demande des efforts qui sont la conséquence de la volonté réclamée et engagé dans la matière pourl'oeuvrer : "Et cette subordination n'est pas momentanée".

Les efforts demandés arrachent l'homme à la spontanéitédes instincts ("outre l'effort des organes qui agissent").

L'homme ne produit pas naturellement, en suivant la pentede tendances que la nature aurait placé en lui.

Le travail est donc le moment où l'homme quitte la nature pourentrer dans le domaine de l'humanité.

MARX défend une conception matérialiste dans laquelle l'homme est hommepar ses efforts, non par sa conscience, ou sa religiosité.

Le travail l'insère dans le temps : le temps de l'indolenceest étale ; il est sans consistance.

Le temps du travail est le temps de la tension comme de l'attention. L'"attention soutenue" sera le facteur de développement des autres facultés humaines.

L'homme ne se développepas de lui - même, comme une plante qui déploierait progressivement et malgré elle ses pétales.

L'éveil et lafortification des qualités humaines se font dans la résistance à la volonté, dans le temps de la résistance de lamatière ouvrée.

Les principales facultés, celles qui donneront lieu à des qualités humaines, sont d'abord des qualitésmorales ("une tension constante de la volonté").

L'homme commence par l'opposition de la matière à la loi que luidonne le but poursuivi, opposition qu'il lui faut surmonter, - par la volonté. ------------------------------------------------------- Si l'animal et l'homme produisent, par le travail l'homme se produit lui - même comme homme.

La différence n'est nidans la finalité ni dans le mode de production ; elle est dans la manière originale dont l'homme en se rapportant à lamatière se rapporte à lui - même pour se donner son identité d'homme. ------------------------------------------------------- Cf.

MARX (1985), p.

139 -140.. »

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