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KANT: Pourquoi un maître ?

Publié le 17/04/2009

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L'homme est un animal qui a besoin d'un maître... KANT
• Pourquoi, selon Kant, l'homme a-t-il besoin d'un maître ? — En tant que quoi, selon Kant, pourrait-il apparaître que l'homme n'a pas besoin de maître ? — Qu'est-ce qui, en lui, fait qu'il a néanmoins besoin d'un maître ? — Il en a besoin en vue de quoi ? • Comment comprenez-vous « un chef juste par lui-même « ? • Pourquoi ne peut-on concevoir comment on pourrait se procurer «un chef juste par lui-même « ? • Comment résoudre alors le problème? • De quel problème s'agit-il ? — S'agit-il de savoir si l'homme a besoin d'un maître (et pourquoi)? — S'agit-il de savoir où trouver ce maître? (quel maître? Ayant quelles caractéristiques ?) — S'agit-il de faire apparaître tout autre chose ? Mais quoi ? • A partir de la réponse à ces dernières questions, peut-on dégager quel est l'intérêt philosophique de ce texte ?

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« C'est là qu'apparaît l'idée du besoin d'un maître, qui vient «maîtriser» l'homme en tant qu'individu, lorsque l'homme viten société, parmi d'autres individus de son espèce.

Chaque homme, pris séparément, parce qu'il est un êtreraisonnable, reconnaît la nécessité d'une loi universelle qui limite la liberté de tous.

Mais en même temps, chaquehomme pris séparément, parce qu'il a une inclination animale à 'égoïsme, cherche à obtenir, dans toute la mesure dupossible , « un régime d'exception pour lui-même ».

Autrement dit, il y a une contradiction invivable entre la volontégénérale (liée à une vision raisonnable) et les volontés particulières (marquées par l'égoïsme).

D'où l'idée d'un maître« qui batte en brèche sa volonté particulière et la force à obéir à une volonté universellement valable, grâce àlaquelle chacun puisse être libre ».

Sans cela, la vie en société ne serait qu'une guerre incessante entre les volontésparticulières, où chacun tenterait d'abuser autrui et où aucun, non plus, ne serait libre s'il renonçait à sa liberté pourse laisser mener par un autre.

C'est le maître et le maître seul qui peut établir et maintenir la justice publiquepermettant aux hommes de se faire pleinement hommes et de devenir justes.Mais là, une question nouvelle surgit : où trouver ce maître ? Dans la tradition de la philosophie politique, on sait queHobbes suggérait que le maître (« le Prince ») ne signe pas le contrat social où chaque homme abdiquait sa libertépour trouver enfin la paix si précieuse, introuvable dans l'état de nature, où prévalait, selon lui, la guerregénéralisée.

Kant, lui, fait l'économie de cette fiction d'un contrat social originel, de même qu'il récuse l'idée d'unmaître extérieur : « Mais où va-t-il trouver ce maître ? Nulle part ailleurs que dans l'espèce humaine.» Mais alorssurgit une « aporie », difficulté quasi insurmontable, car ce maître, choisi dans l'espèce humaine, ne saurait être lui-même qu'un animal « qui a besoin d'un maître »...

Et ainsi de suite.

Toute personne choisie pour maître à unmoment, que ce soit une « personne unique », ou que ce soit « une élite de personnes triées au sein d'une société», «abuse toujours de la liberté si elle n'a personne au-dessus d'elle pour imposer vis-à-vis d'elle-même l'autorité deslois ». La liberté en société ne peut se développer que dans la contrainte.

Kant dénonce tout autant l'utopie d'un peuplesans maître (l'absence de lois, c'est le retour à la barbarie et donc la suppression de toutes les libertés) que ledespotisme, qu'il prenne la forme de l'arbitraire du pouvoir politique ou de la bienveillance paternelle.

Il suffit, pourque le despotisme s'installe, que certains hommes s'arrogent une supériorité sur les autres et prétendent veiller surleurs intérêts, au lieu d'en laisser la charge aux seules lois.

« J'avoue, dit Kant, que je ne puis me faire à ces façonsde parler dont se servent même des gens forts sages : "Tel peuple (en train d'élaborer sa liberté et ses lois) n'estpas mûr pour la liberté" ; "Les serfs de tel grand seigneur ne sont pas encore mûrs pour la liberté"...

Mais dans cettehypothèse, la liberté n'arrivera jamais car on ne peut mûrir pour la liberté qu'à la condition préalable d'être placédans cette liberté.

» Le gouvernement bienveillant, qui maintient le peuple dans un état de minorité, est, de tous lesdespotismes, le pire.S'il faut des lois pour qu'il y ait des hommes justes, il faut aussi des hommes justes pour promulguer des loisauxquelles ils se soumettent aussi.

L'exercice du pouvoir ne transforme-t-il pas le meilleur des hommes en despote ?Rousseau s'écriait : « Il faudrait des dieux pour donner des lois aux hommes.

» Freud, dans L'Avenir d'une illusion,dira à peu près la même chose que Kant : « On peut douter qu'il soit jamais possible, ou du moins déjà de nos jours,de prendre de telles dispositions (susceptibles d'influencer les hommes dans le sens du renoncement à la satisfactiondes instincts).

On peut se demander d'où surgirait la légion de guides supérieurs, sûrs et désintéressés, devantservir d'éducateurs aux générations à venir...

Mais on ne pourra contester le grandiose de ce plan ni son importancepour l'avenir de la civilisation humaine.

»Si l'homme a donc besoin d'un maître, c'est parce qu'il est « courbe » par nature, et que, par conséquent, il ne serajamais droit.

Les hommes ne peuvent que tendre vers la rectitude.

Autrement dit, l'établissement d'une société civilejuste, permettant l'accord de la liberté de chacun avec celle de tous, est une tâche jamais achevée.

Il y a, chezKant, une invitation à la vigilance des hommes en matière de politique, une leçon de démocratie.

Le respect des loispar ceux qui gouvernent n'est, en effet, jamais assuré.

D'où la nécessité de veiller à l'instauration de contre-pouvoirs, à l'indépendance de la justice, de la presse.

Dans notre société, le Conseil d'Etat, la Cour européenne dejustice sont autant de recours possibles contre l'arbitraire du pouvoir.

KANT (Emmanuel). Né et mort à Königsberg (1724-1804).

Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à l'Université de Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philosophie qu'à la théologie.

En 1755, ilest privat-dozent de l'Université de sa ville natale, puis il est nommé professeur extraordinaire de mathématiques etde philosophie.

En 1770, il devient titulaire de la chaire de logique et de métaphysique.

Il vécut dans une demi-retraite pendant onze ans ; puis, commença la publication de ses grands livres, les trois Critiques.

La Révolutionfrançaise l'enthousiasma, et l'on raconte qu'il ne se détournait de sa promenade, minutieusement réglée, que pouren aller apprendre les nouvelles.

Il fut, en 1793, réprimandé par Frédéric-Guillaume II pour deux ouvrages sur lapolitique et la religion.

A la mort du Roi, il reprit sa plume et dévoila l'affaire.

Kant mourut le 12 février 1804, aprèsune très longue agonie.

— A ses débuts, Kant fut un disciple de Leibniz et de Wolff.

Il considère la science comme. »

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