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KANT: Il est de la plus grande importance d'apprendre aux enfants a travailler

Publié le 27/02/2008

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Il est de la plus grande importance d'apprendre aux enfants à travailler. L'homme est le seul animal qui soit voué au travail. Il lui faut d'abord beaucoup de préparation pour en venir à jouir de ce qui est nécessaire à sa conservation. La question de savoir si le Ciel ne se serait pas montré beaucoup plus bienveillant à notre égard, en nous offrant toutes choses déjà préparées, de telle sorte que nous n'aurions pas besoin de travailler, cette question doit certainement être résolue négativement, car il faut à l'homme des occupations, même de celles qui supposent une certaine contrainte. Il est tout aussi faux de s'imaginer que, si Adam et Ève étaient restés dans le paradis, ils n'eussent fait autre chose que demeurer assis ensemble, chanter des chants pastoraux et contempler la beauté de la nature. L'oisiveté eût fait leur tourment tout aussi bien que celui des autres hommes. Il faut que l'homme soit occupé de telle sorte que, tout rempli du but qu'il a devant les yeux, il ne se sente pas lui-même, et le meilleur repos pour lui est celui qui suit le travail. On doit donc accoutumer l'enfant à travailler. Et où le penchant au travail peut-il être mieux cultivé que dans l'école? L'école est une culture forcée. C'est rendre un très mauvais service à l'enfant que de l'accoutumer à tout regarder comme un jeu. Il faut sans doute qu'il ait ses moments de récréation, mais il faut aussi qu'il ait ses moments de travail. S'il n'aperçoit pas d'abord l'utilité de cette contrainte, il la reconnaîtra plus tard. Ce serait en général donner aux enfants des habitudes de curiosité indiscrète que de vouloir toujours répondre à leurs questions : pourquoi cela? A quoi bon? L'éducation doit être forcée, mais cela ne veut pas dire qu'elle doive traiter les enfants comme des esclaves. KANT
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« injuste envers l'espèce humaine en l'obligeant a produire elle-même ses propres ressources plutôt que de luifournir gratuitement tous les moyens nécessaires à son bien-être.

La référence au mythe de Prométhée,raconté par Platon, est ici explicite puisque Platon évoque une soi-disant injustice des Dieux qui auraient simal loti l'homme, l'obligeant par là à travailler.

Mais, selon Kant, aucun reproche ne peut être adressé au Cielsur ce point, car c'est la nature humaine elle-même qui exige des occupations, fussent-elles contraignantes.Si la nature se montrait prodigue envers l'humanité, si elle lui permettait de vivre dans une totale oisiveté,non seulement elle desservirait la destination finale de l'homme mais, pire, elle le plongerait dans de profondstourments.

On a donc tort de rêver a un hypothétique état de nature où l'homme sauvage vivrait heureux,dispensé de tout effort grâce à la générosité bienfaisante de la nature : Rousseau avait déjà affirmé que laperfectibilité et l'intelligence de l'homme ne prennent de consistance qu'avec l'amorce d'un état civil.

L'idéed'un paradis perdu que l'humanité aurait à regretter et que la Bible évoque par l'histoire d'Adam et Évepermet à Kant de justifier sa thèse : finalement, la punition infligée en réparation du péché originel est unbienfait pour l'humanité et va dans le sens de la perfection de l'espèce humaine.

Dans l'oisiveté du paradis,l'humanité aurait disparu car elle n'aurait engendré qu'ennui et tourments. « Il faut que l'homme soit occupé de telle sorte que, tout rempli du but qu'il a devant les yeux, il nese sente pas lui-même et le meilleur repos pour lui est celui qui suit le travail.

» La nécessité de s'occuper, l'exigence d'avoir un but a accomplir ne ressortent pas seulement de raisonssociales et économiques; le travail a aussi pour l'homme une fonction psychologique dans la mesure oùl'oisiveté le condamne à se replier sur lui-même et à ne vivre, selon l'expression familière, qu'en regardantson « nombril ».

L'homme qui n'a d'autre préoccupation que de se « sentir lui-même », que de s'introspectera longueur de temps, finit par être obsédé par sa seule personne et sombre inexorablement dans ladépression et la mélancolie.

Il faut que la vie de l'homme se déroule dans l'alternance du travail et du repos,celui-ci n'ayant de sens et de valeur que dans la mesure où il s'établit en rapport avec le travail.

Le repossans le travail n'est rien d'autre que le signe d'une vie végétative, indigne de l'homme et incompatible avecsa nature. « On doit donc accoutumer l'enfant à travailler...

Il faut sans doute qu'il ait ses moments derécréation, mais il faut aussi qu'il ait ses moments de travail.

» Si l'homme est voué, par sa nature, au travail, il n'a pas pourtant un penchant inné pour celui-ci.

Un enfant,laissé a lui-même, ne décide pas de travailler : certes, la nécessité du travail lui apparaîtra certainement aumoment où ses besoins vitaux ne pourront plus être satisfaits autrement qu'en travaillant, mais il ne sait pastravailler.

Le travail ne répondant à aucun instinct ni aucun penchant naturel doit être acquis et appris :voilà pourquoi le sens du travail, l'idée de sa nécessité et les conditions de son exercice doivent êtreenseignés aux enfants par une accoutumance progressive.

La famille a pour mission de subvenir aux besoinsles plus pressants de l'enfant, assurer sa survie jusqu'au moment où lui-même pourra la prendre en charge.Certes, elle a pour tâche de préparer l'avenir de l'enfant, mais surtout du point de vue moral et affectif.C'est à la société qu'incombe la responsabilité d'apprendre aux enfants a travailler et l'instrument idéal pourassurer cette mission, c'est l'école : l'école apprend aux enfants qu'à la différence de la vie familiale où toutlui est dispensé gratuitement, il a l'obligation de faire lui-même des efforts pour subvenir un jour à sespropres besoins.

C'est par là qu'elle lui enseigne le sens du travail.

La famille donne a l'enfant une certaineculture mais elle la lui livre sans effort, sans qu'il soit obligé de l'acquérir : au contraire l'école doit forcerl'enfant à se cultiver.

Cela ne veut pas dire que l'école doit être arbitraire : elle a au contraire pour missiond'expliquer et de faire comprendre aux enfants la nécessité de leurs efforts.

Mais l'important consiste biendans le caractère nécessaire de l'effort : une pédagogie uniquement fondée sur le jeu et qui chercherait àéconomiser tous les efforts de l'enfant raterait sa mission, selon Kant.

Car elle satisferait sans doute sespenchants immédiats, mais elle le condamnerait irrémédiablement pour l'avenir où son travail deviendra detoute façon obligatoire.

« S'il n'aperçoit pas d'abord l'utilité de cette contrainte, il la reconnaîtra plus tard...

L'éducation doitêtre forcée, mais cela ne veut pas dire qu'elle doive traiter les enfants comme des esclaves.

» Trop jeune pour comprendre cette nécessité, l'enfant renâcle souvent devant l'effort, et se révolte parfois,préférant le jeu au travail.

L'école ne doit, en aucun cas, conforter cette attitude : le pédagogue n'est passeulement l'homme du présent, mais celui qui prépare l'avenir; la rançon de son propre travail, il laconstatera dans le goût que manifestera plus tard l'adulte à travailler et qu'il aura contribué à rendrepossible.

Sans doute sa mission est-elle difficile puisqu'il est obligé de forcer l'enfant, considérant que celui-ci est incapable encore de comprendre la raison de ses efforts.

Aussi doit-il faire preuve d'intelligence et detact pour assurer sa tâche en obligeant l'enfant à travailler sans pour autant le réduire à l'état d'esclavage,indigne de sa condition d'homme, et qui ravalerait l'enfant à l'état d'animal.

Si l'éducation doit être forcée,elle ne doit jamais devenir un dressage.

Nul doute qu'aujourd'hui les propos de Kant en matière de pédagogiepeuvent paraître réactionnaires : encore faut-il en comprendre la raison.

Kant se fait une idée trèsparticulière de l'enfance : pour lui, un enfant est un homme dans lequel la raison sommeille et qui doit passerpar l'éducation pour la rendre mûre et active.

Par conséquent, Kant considère que l'enfant est incapable de. »

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