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Jean-Paul SARTRE: Conscience et Perception

Publié le 02/04/2005

Extrait du document

sartre
Quand je perçois une chaise il serait absurde de dire que la chaise est dans ma perception. Ma perception est... une certaine conscience et la chaise est l'objet de cette conscience. A présent, je ferme les yeux... La chaise en se donnant maintenant en image ne saurait pas plus qu'auparavant entrer dans la conscience. En réalité que j'imagine cette chaise de paille sur laquelle je suis assis, elle demeure toujours hors de la conscience... Que je perçoive ou que j'imagine cette chaise l'objet de ma perception et celui de mon image sont identiques... Simplement la conscience se rapporte à cette même chaise de deux manières différentes... Le mot d'image ne saurait donc désigner... qu'une certaine façon qu'a la conscience de se donner un objet. A vrai dire l'expression d'image mentale prête à confusion... Comme le mot « image a pour lui ses longs états de service nous ne pouvons pas le rejeter complètement. Mais pour éviter toute ambiguïté, nous rappelons ici qu'une image n'est rien d'autre qu'un rapport. La conscience imageante que j'ai de Pierre n'est pas conscience de l'image de Pierre : Pierre est directement atteint, mon attention n'est pas dirigée sur une image mais sur un objet... Jean-Paul SARTRE

L'imaginaire - Pour donner de l'image une description plus conforme à la réalité posons donc dès l'abord qu'il n' y a pas d'images, il n'y a que des objets imaginaires. Quand je perçois une chaise, la chaise n'est pas dans ma perception. Je ferme les yeux, et évoque la chaise : la chaise, en se donnant maintenant en image, ne saurait pas plus qu'auparavant entrer dans la conscience. Dans les deux cas, la chaise demeure hors de ma conscience. Mais ma conscience, dans l'image, se rapporte à l'objet d'une manière particulière. L'imagination est une certaine façon qu'a la conscience de se donner un objet. Il vaut mieux parler de conscience-de-Pierre-en-image que de l'image de Pierre. Il y a une conscience imageante de Pierre.

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« marque ni aucun caractère.

» Ou bien on parlait d'états de conscience et on s'efforçait d'analyser fragmentspar fragments ces éléments du monde intérieur ou bien, à la manière de Bergson on contestait l'existenced'états psychiques divisibles, analysables, et on parlait d'un courant continu de conscience (le stream ofthought de W.

James) mais il s'agissait encore d'une vie intérieure, d'un monde original de perceptions, desouvenirs, de sentiments, intérieur à la conscience.Sartre pense, à la suite de Husserl, que cette interprétation n'est pas fidèle à l'expérience psychologique.

Uneperception n'est pas pour lui un état intérieur, immanent à ma conscience, mais elle est un acte de maconscience qui vise un objet transcendant c'est-à-dire un objet extérieur à elle.

Ainsi les données de maconscience ne sauraient constituer un monde intérieur.

Mais, tout au contraire, selon la célèbre formule deHusserl, « toute conscience est conscience de quelque chose ».

La conscience est « intentionnalité » c'est-à-dire visée d'un objet transcendant, direction vers quelque chose d'extérieur à moi.

L'objet perçu n'est pas dansma conscience, mais il est l'objet de ma conscience percevante.«...

A présent je ferme les yeux.

La chaise, en se donnant maintenant en image ne saurait pas plusqu'auparavant entrer dans la conscience...

»Pour la psychologie classique l'image est un simple reflet de la perception, et à ce titre un contenu de maconscience, un état de conscience qui se distingue de la perception par son caractère plus flou, moins intense.S'il en était ainsi je risquerais de confondre dans bien des cas perception et image.

Comment distinguer uneimage vive et une perception faible? Or, à l'état normal du moins, je distingue très bien perception et image.Par exemple j'imagine une explosion atomique et je ne confonds pourtant pas ce bruit épouvantable maisimaginaire avec la perception auditive du bruit réel mais très faible du tic-tac de mon réveil.

Je faisimmédiatement la distinction entre ce que j'imagine et ce que je vois.

Dans le cadre de l'« illusion d'immanence» je ne puis comprendre la facilité de cette distinction car je confronte seulement le contenu de l'image et lecontenu de la perception, j'oublie d'envisager l'essentiel c'est-à-dire l'acte de la conscience percevante etl'acte de la conscience « imageante ».

Le perçu et l'imaginé ne doivent être analysés qu'à partir de l'acte depercevoir et d'imaginer.

L'objet « imaginaire » n'est que I? « corrélatif noématique » d'un acte de la consciencequi est ici l'acte d'imaginer.

L'image n'est pas plus dans la conscience que la perception n'était dans laconscience.

Imaginer, comme percevoir, c'est une certaine manière — différente dans les deux cas — de viserun objet.«...

Que je perçoive ou que j'imagine cette chaise l'objet de ma perception et celui de mon image sontidentiques...

Simplement la conscience se rapporte à cette même chaise de deux manières différentes.

»L'imagination, pas plus que la perception ne sont des états intérieurs.

Dans le perspective phénoménologique,husserlienne qui est celle de J.-P.

Sartre, nous pourrions risquer cette formule que la conscience n'est jamais «état de conscience » mais toujours « conscience d'état ».

Il n'y a pas d'états de conscience qui différeraientpar leur contenu mais des façons diverses de prendre conscience de.

Toute conscience qu'elle soit perception,souvenir, imagination vise toujours un objet extérieur.

Que je perçoive ce fauteuil, que je m'en souvienne ouque j'imagine un fauteuil c'est toujours un objet du monde extérieur, un fauteuil, qui est visé par !a conscience.Mais il est visé selon des intentionnalités différentes.

Dans la perception je le vise comme actuellementprésent, dans le souvenir comme ayant été présent, dans l'acte d'imaginer je le vise comme n'étant pas làcomme non existant.

Imaginer un objet c'est tout simplement penser à cet objet comme n'étant pas là, c'estposer cet objet comme néant.

La perception et l'imagination se rapportent toutes deux au même objet parexemple cette chaise — objet de bois et de paille — seulement dans le cas de l'objet imaginé je pose cet objetcomme n'étant pas là.

L'imagination est donc une attitude particulière de la conscience qui se donne le mondecomme absent, comme néant.

Je n'ai donc pas, à parler précisément, conscience d'une image.

Ma consciencevise un objet, mais elle vise d'une certaine façon elle le pose comme objet imaginaire.« A vrai dire l'expression d'image mentale prête à confusion.

»Si l'image n'est qu'une attitude de la conscience, qu'une façon de viser l'objet comme imaginaire, l'imagementale n'est pas une « chose » qu'on pourrait décrire.

Et à proprement parler il n'y a pas d'image mentale.C'est ce qu'Alain avait déjà fort bien compris.

Un de ses amis qui avait longtemps vécu à Paris et qui disaitavoir beaucoup d'imagination, prétendait pouvoir imaginer parfaitement le Panthéon : « Je le vois, disait-il,comme si j'étais devant.

» A quoi Alain répondait : « Si vous l'imaginez si bien, comptez donc les colonnes!» Lesujet en est évidemment incapable.

Sartre insistera beaucoup sur ce point.

L'image mentale n'est que lecorrélat de l'acte d'imaginer.

On ne peut donc la décrire avec des détails, qui sans cesse plus nombreux,s'imposeraient à nous.

Il n'y a pas ici observation mais seulement « quasi-observation ».

L'image estessentiellement pauvre puisque c'est une attitude de la conscience, une façon de viser l'objet comme absent,et non pas un objet intérieur à la conscience. « Une image n'est rien d'autre qu'un rapport.

»Donc tandis que « l'objet de la perception déborde constamment la conscience, l'objet de l'image n'est rien deplus que la conscience qu'on en a, il se définit par cette conscience ».

Dès lors il y a difficulté.

Si l'imaginationn'est qu'une façon d'affirmer l'absence d'un objet, elle risque de se confondre avec un simple savoir.

Il n'y aplus aucune différence entre le vieux Parisien qui prétend imaginer le Panthéon, et le provincial qui n'ayantjamais vu le Panthéon sait que cet édifice existe mais qu'il n'est pas sous ses yeux.

Si l'image « n'est rien qu'unrapport », elle s'oppose bien à la perception réelle mais risque de se confondre avec un savoir abstrait : « Uneconscience qui serait en face de la chose qu'elle vise serait une conscience perceptive.

une conscience quiviserait la chose à vide serait une pure conscience de signification.

» Imaginer, cela se réduit-il à nier? Sartrerésoudra cette objection qu'il se fait à lui-même en précisant que la conscience imageante vise un objetcomme absent à travers une certaine matière concrète qui sert d'analogon.

Par exemple, j'imagine quelqu'un àpartir d'une photographie, c'est le cas où l'analogon est le plus manifeste, mais je peux imaginer le Panthéon enesquissant le mouvement d'y entrer ou de le contourner, c'est un analogon moteur.

Bien entendu, la. »

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