IMAGINATION ET PERCEPTION

Dans le rêve, le souvenir, l'évocation, la distraction, etc., nous nous figurons des personnes ou des choses qui ne sont pas actuellement perçues. Il semble alors que nous ayons le pouvoir de percevoir des objets sans qu'ils nous soient présents. La réalité de cette perception ou image se détache de la réalité de la chose. Tel est le pouvoir de l'imagination. Pouvoir de détachement mais aussi d'illusion, puisqu'elle ne produit qu'une apparence. C'est à ce titre qu'on l'oppose à la perception et qu'on peut la définir comme perception fausse. Elle est bien en effet une perception  au sens où l'on croit voir, entendre, sentir, etc., mais elle est fausse au sens où il lui manque le caractère fondamental de la perception : la présence même de la chose perçue et vécue dans un rapport réel. Je crois voir, mais la chose n'est pas là. L'imagination est à cet égard une illusion. Et c'est en ce sens que l'on oppose l'imaginaire au réel. Mais l'imaginaire n'est pas seulement un non-réel, c'est aussi un possible. On ne peut donc se contenter de le définir négativement comme perception insuffisante ou fallacieuse.