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« Il existe des conceptions vulgaires tout à fait suffisantes pour la vie pratique ; elles doivent même être la nourriture des hommes. Elles ne suffisent cependant pas à l'intelligence. Dieu ignore les singuliers » Averroès, Physique. commentez. ?

Publié le 12/12/2009

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dieu

     Averroès, le grand commentateur d’Aristote, entretient dans cette citation de Physique VIII, 1 qui sonne comme le commentaire du texte du Stagirite, la dichotomie entre une connaissance vulgaire que l’on pourrait désigner comme la croyance ou l’opinion pratique et la science du général et de l’universel c’est-à-dire celle relevant de l’intelligence même. Pourtant, cette opinion vulgaire est suffisante pour produire en l’homme les moyens de s’adapter à la vie quotidienne sans avoir recours à la science et la connaissance du fond des choses c’est-à-dire à leur essence. Dans ce cas, il s’agit de comprendre et de saisir le fondement de cette distinction entre pratique et théorétique mais surtout leur fécondité cognitive et gnoséologique.

            Si la connaissance du singulier est suffisante pragmatiquement (1ère partie), elle ne peut fonder la science (2nd partie) qui elle repose sur la connaissance de l’universel (3ème partie).

dieu

« visible tandis que la science est de l'ordre de l'intelligible.

Et cette distinction entre la science et l'opinion seretrouve dans le mythe de la caverne.

En effet, les personnes enchaînées et voyant les ombres portées sur la paroide la caverne sont dans l'ordre de l'opinion et ce n'est qu'après s'être sorti de ces chaînes afin de remonter à lasurface donc métaphoriquement vers l'Idée que la science peut advenir.

Science et opinion sont donc dans deuxordres de réalité différente l'une le monde de l'apparence et l'autre le monde de l'Idée, des intelligibles, celui de lapensée.b) Plus simplement, comme le dit Bachelard dans La Formation de l'esprit scientifique : « l'opinion pense mal, elle ne pense pas, elle traduit des besoins en connaissances.

» Ce que signifie Bachelard pour nous c'est le divorce ou ladistinction qu'il faut établir entre la vérité et l'opinion.

Ces sont deux sphères radicalement différentes dont lesobjets n'ont pas le même point de vue.

L'opinion n'est donc pas un produit de la pensée et par conséquent ne peutpas conduire à la vérité comme source de savoir.

Et c'est en ce sens que se développe les obstaclesépistémologiques : « Une expérience scientifique est alors une expérience qui contredit l'expérience commune.D'ailleurs, l'expérience immédiate et usuelle garde toujours une sorte de caractère tautologique, elle se développedans le règne des mots et des définitions ; elle manque précisément de cette perspective d'erreurs rectifiées quicaractérise, à notre avis, la pensée scientifique.

[…] Quand on cherche les conditions psychologiques des progrès de la science, on arrive bientôt à cette conviction que c'est en termes d'obstacles qu'il faut poser le problème de laconnaissance scientifique.

Et il ne s'agit pas de considérer des obstacles externes, comme la complexité et lafugacité des phénomènes, ni d'incriminer la faiblesse des sens et de l'esprit humain : c'est dans l'acte même deconnaître, intimement, qu'apparaissent, par une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurs et des troubles.

C'estlà que nous montrerons des causes de stagnation et même de régression, c'est là que nous décèlerons des causesd'inertie que nous appellerons des obstacles épistémologiques.

La connaissance du réel est une lumière qui projettetoujours quelque part des ombres.

Elle n'est jamais immédiate et pleine.

Les révélations du réel sont toujoursrécurrentes.

Le réel n'est jamais "ce qu'on pourrait croire" mais il est toujours ce qu'on aurait dû penser.

La penséeempirique est claire, après coup, quand l'appareil des raisons a été mis au point.

En revenant sur un passé d'erreurs,on trouve la vérité en un véritable repentir intellectuel.

En fait, on connaît contre une connaissance antérieure, endétruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui, dans l'esprit même, fait obstacle à la spiritualisation.[…] Face au réel, ce qu'on croit savoir clairement offusque ce qu'on devrait savoir.

Quand il se présente à la culturescientifique, l'esprit n'est jamais jeune.

Il est même très vieux, car il a l'âge de ses préjugés.

Accéder à la science,c'est spirituellement rajeunir, c'est accepter une mutation brusque qui doit contredire un passé ».

La vérité contrairement à l'opinion ne se donne pas immédiatement ; c'est pour cela qu'en science l'opinion peut constituer unobstacle épistémologique.

Autrement dit, celui qui croit savoir n'aura pas à chercher et en ce sens on peut qu'il estd'une certaine manière ennemi de la liberté de pensée.

L'opinion est alors une ignorance.c) Bien plus, si l'opinion vulgaire n'est pas équivalente à la science c'est parce qu'elle n'est pas capable que nousrenseigner nécessairement sur ce que c'est de la chose , c'est-à-dire sur son essence.

Ainsi, du fait de croyance,c'est alors l'expérience qui parle mais elle n'est pas juste ou vraie et c'est bien ce que pose les limites d'uneconnaissance par le singulier et non l'universel comme peut se définir la science.

Et c'est ce que nous montreSpinoza dans son Ethique en mettant en exergue le rôle de la mémoire dans le rappel d'un fait qui peut nous conduire ici à l'erreur : « Et de là nous pouvons concevoir avec clarté pourquoi l'âme passe instantanément de la pensée d'une certaine chose à celle d'une autre qui n'a aucune ressemblance avec la première : par exemple, unRomain, de la pensée du mot pomum, passe incontinent à celle d'un fruit qui ne ressemble nullement à ce son articulé et n'a avec lui aucune analogie, si ce n'est que le corps de cet homme a été souvent affecté de ces deuxchoses, le fruit et le son, c'est-à-dire que l'homme dont je parlé a souvent entendu le mot pomum pendant qu'il voyait le fruit que ce mot désigne ; et c'est ainsi que chacun va d'une pensée à une autre, suivant que l'habitude aarrangé dans son corps les images des choses.

Un soldat, par exemple, à l'aspect des traces qu'un cheval a laisséessur le sable, ira de la pensée du cheval à celle du cavalier, de celle-ci à la pensée de la guerre, etc.

; tandis qu'unlaboureur ira de la pensée du cheval à celles de la charrue, des champs, etc.

; et chacun de nous de la sorte,suivant qu'il a l'habitude de joindre et d'enchaîner de telle façon les images des choses, aura telle ou telle suite depensées ».

Transition : Ainsi la connaissance par l'opinion ou l'expérience c'est-à-dire par la singularité n'est pas suffisante comme le ditAverroès pour produire la science et l'intelligence, elle ne peut produire que la croyance qui peut certes suffire mais n'est pas essentielle.

III – L'intelligence comme science du général a) Si la vulgarité ou l'opinion n'est pas suffisante pour l'intelligence c'est bien parce qu'elle n'est pas apte à produireen nous la science.

En effet, il n'y a pas de science du particulier mais seulement du général et c'est bien ce quel'on peut voir chez Aristote dont Averroès a fait le commentaire.

La connaissance relève de la science.

Or de ce point, il ne peut y avoir que science du général et non du particulier.

En effet, comme le montre Aristote dans la Métaphysique , la connaissance, la science vise le nécessaire, l'universel, qui seuls peuvent permettre de produire des syllogismes qui sont la méthode de découverte des vérités ayant une valeur scientifique : « Or, la science quenous cherchons paraîtrait plutôt être la science du général ; car toute notion, toute science porte sur le général, etnon sur les derniers individus.

Elle sera donc la science des premiers genres ; ces genres, ce seront l'unité et l'être,car ce sont là ceux qu'on peut surtout regarder comme embrassant tous les êtres, comme ayant par excellence lecaractère de principes, parce qu'il sont premiers par leur nature : supprimez l'être et l'unité, tout le reste disparaît àl'instant, car tout est unité et être ».b) Cependant, la connaissance du général ne peut se faire que par la connaissance du particulier.

Ainsi la. »

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