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Hume: La société améliore-t-elle l'être humain ?

Publié le 10/03/2005

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C'est par la société seule qu'il [l'homme] est capable de suppléer à ses déficiences, de s'élever à l'égalité avec ses compagnons de création et même d'acquérir sur eux la supériorité. La société compense toutes ses infirmités ; bien que, dans ce nouvel état, ses besoins se multiplient à tout moment, ses capacités sont pourtant encore augmentées et le laissent, à tous égards, plus satisfait et plus heureux qu'il lui serait jamais possible de le devenir dans son état de sauvagerie et de solitude. Quand chaque individu travaille isolément et seulement pour lui-même, ses forces sont trop faibles pour exécuter une oeuvre importante ; comme il emploie son labeur à subvenir à toutes ses différentes nécessités, il n'atteint jamais à la perfection dans aucun art particulier ; comme ses forces et ses succès ne demeurent pas toujours égaux à eux-mêmes, le moindre échec sur l'un ou l'autre de ces points s'accompagne nécessairement d'une catastrophe inévitable et de malheur. La société fournit un remède à ces trois désavantages. L'union des forces accroît notre pouvoir ; la division des tâches accroît notre capacité ; l'aide mutuelle fait que nous sommes moins exposés au sort et aux accidents. C'est ce supplément de force, de capacité et de sécurité qui fait l'avantage de la société. Mais, pour que se forme la société, il faut non seulement qu'elle soit avantageuse, mais encore que les hommes aient conscience de ces avantages ; or il est impossible que, dans leur condition sauvage et inculte, les hommes soient capables de parvenir à cette connaissance par la seule étude et la seule réflexion. C'est donc très heureusement que se joint à ces nécessités, dont les remèdes sont éloignés et cachés, une autre nécessité, dont le remède est sur place, très manifeste, et qui, par suite, peut être justement regardée comme le principe premier et initial de la société humaine. Cette nécessité n'est autre que l'appétit naturel d'un sexe pour l'autre, qui les unit l'un à l'autre et maintient leur union jusqu'à l'apparition d'un nouveau lien : le souci de leur progéniture commune. Ce nouvel intérêt devient également un principe d'union entre les parents et les enfants et il établit une société plus nombreuse où gouvernent les parents par l'avantage de leur supériorité en force et en sagesse et où, en même temps, l'exercice de leur autorité est limité par l'affection naturelle qu'ils portent à leurs enfants. En peu de temps, la coutume et l'habitude agissent sur les tendres esprits des enfants, leur donnent conscience des avantages qu'ils peuvent retirer de la société et, en même temps, les adaptent graduellement à la société en limitant les angles rudes et les affections contraires qui s'opposent à leur union.
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« La société comme un moyen 1. La société est décrite en terme de moyen nécessaire pour l'homme : « c'est par la société seule...

».

Parler de lasociété en ces termes, c'est l'envisager par rapport à un individu face à elle qui calculerait son avantage à ladifférence des philosophies qui envisagent la société comme une fin.

Les buts que permet d'atteindre la société sontdonnés dans une gradation.

D'abord « suppléer à ses déficiences », ce qui permet à l'homme de vivre face à lanature.

Ensuite « s'élever à l'égalité », ce qui décrit l'aspect juridico-politique qui permet à l'homme de s'affirmer àtravers des rapports sociaux pacifiés : les hommes sont « égaux » sous la loi.

Et enfin « d'acquérir sur eux lasupériorité » , c'est à dire de se démarquer dans des rapports concurrentiels dans le champ économique. L'homme démultiplié 2. L'homme n'est pas le même en société une compensation des ses faiblesses a lieu par une double multiplication deses besoins et de ses capacités.

La multiplication des besoins est le fait du monde social qui crée des besoins fictifspour le confort, la fantaisie ou pour faire fonctionner le marché.

L'augmentation des capacités est l'ensemble desservices que la société fournit.

Ces deux mouvements se compensent et semblent agrandir l'homme par leur fuite enavant. Le bonheur 3. Hume parle d'un « état de sauvagerie et de solitude » de l'homme, il se réfère aux théories de l'état de nature etpeut être plus particulièrement à celle de Rousseau qui voit l'homme à l'état de nature (c'est à dire indépendammentde la société) comme un bon sauvage libre et indépendant.

Le sauvage de Rousseau est fondamentalement heureuxdu fait qu'il est seul, indépendant et libre, c'est la société qui le corrompt en lui faisant désirer sans fin de nouvelleschoses, en l'asservissant au regard d'autrui et en développant le raffinement.

Hume inverse ce point de vue envoyant l'aspect positif de la société et en mettant le bonheur du côté de la vie en société, cela va dans le sensd'une critique générale de Hume vis à vis des morales égoïstes, telles que celles de Hobbes, qui avaient cours dansla philosophie politique de son temps. II : La condition de l'homme seul Hume va développer l'idée d'un homme seul, pour voir les inconvénients qu'il aurait à être livré à lui même.

On peutvoir une probable influence de Robinson Crusoé , le roman de Defoe paru en 1719, à l'époque où écrivait Hume.

En effet l'individu dont parle ici Hume est « isolé » et « travaille pour lui même », comme s'il était sur une île.

Hume vadécrire trois manques fondamentaux qui accablent l'homme isolé : Manque de forces 1. Cette idée implique que l'homme seul vise des buts qu'il ne pourrait atteindre seul : « une oeuvre importante ».

Il estcondamné à ne pouvoir rien réaliser d' « important », « important » ne désigne pas ici une qualité mais une quantité.Un homme seul ne peut pas fabriquer un grand château par exemple.

Ce qui est envisagé est ici un rapport dequantité de force : la force d'un individu seul ne peut produire que des oeuvres proportionnelles à cette force isolée. Manque de temps 2. L'homme seul est rivé à la nécessité.

Les « différentes nécessités » constituent l'ensemble des travaux élémentairespour la survie : la nourriture, le logement les vêtements...

et toutes les nécessités connexes chasse, cuisine,intendance, construction, chauffage entretien...

Le foisonnement de ces nécessités l'oblige à pratiquer un peu detoutes les techniques mais le condamne à ne pas pouvoir approfondir l'exercice d'une seule.

Le facteur déterminantest le temps, les différentes nécessités accaparent tout son temps et il n'en a plus « atteindre la perfection », c'està dire devenir un bon technicien. Manque de sécurité 3. L'irrégularité des succès et des échecs est fatale à l'homme seul alors qu'elle semble compensée par la vie ensociété.

Hume parle ici des régularités qui structurent la vie humaine : les travaux suivent un cours adapté auxbesoins et dès qu'une irrégularité surgit, tout le système est déréglé.

Pour Hume en effet, la vie humaine eststructure sur des habitudes qui deviennent des normes ou régularités et qui sont nécessaires à sa vie.

C'estpourquoi Hume parle de « catastrophe » et de « malheur », l'homme ne peut être heureux que dans un mondestructuré par la régularité. III : L'avantage de la société Hume reprend dans la troisième partie chacun des points qui manquent à l'homme isolé pour montrer qu'ils trouventleur résolution dans la vie en société. 1.. »

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