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HOBBES: Communément on tient que la liberté consiste à pouvoir faire impunément tout ce que bon nous semble

Publié le 27/02/2008

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Communément on tient que la liberté consiste à pouvoir faire impunément tout ce que bon nous semble et que la servitude est une restriction de cette liberté. Mais on le prend fort mal de ce biais-là ; car, à ce compte, il n'y aurait personne libre dans la république, vu que les États doivent maintenir la paix du genre humain par l'autorité souveraine, qui tient la bride à la volonté des personnes privées. Voici quel est mon raisonnement sur cette matière : je dis que la liberté n'est autre chose que l'absence de tous les empêchements qui s'opposent à quelque mouvement ; ainsi l'eau qui est enfermée dans un vase n'est pas libre, à cause que le vase l'empêche de se répandre et, lorsqu'il se rompt, elle recouvre sa liberté. Et de cette sorte une personne jouit de plus ou moins de liberté, suivant l'espace qu'on lui donne ; comme dans une prison étroite, la captivité est bien plus dure qu'en un lieu vaste où les coudées sont plus franches. D'ailleurs un homme peut être libre vers un endroit et non pas vers quelque autre ; comme en voyageant on peut bien s'avancer et gagner un pays, mais quelquefois on est empêché d'aller du bon côté par les haies et par les murailles dont on a garni les vignes et les jardins. Cette sorte d'empêchement est extérieure et ne reçoit point d'exception ; car les esclaves et les sujets sont libres de cette sorte s'ils ne sont en prison ou à la chaîne. Mais il y a d'autres empêchements que je nomme arbitraires et qui ne s'opposent pas à la liberté du mouvement absolument, mais par accident, à savoir parce que nous le voulons bien ainsi et qu'ils nous font souffrir une privation volontaire. Je m'explique par un exemple : celui qui est dans un navire au milieu de la mer, peut se jeter du tillac dans l'eau s'il lui en prend fantaisie ; il ne rencontre que des empêchements arbitraires à la résolution de se précipiter. La liberté civile est de cette nature et paraît d'autant plus grande que les mouvements peuvent être plus divers, c'est-à-dire qu'on a plus de moyens d'exécuter sa volonté. Mais, de quel privilège donc, me direz vous, jouissent les bourgeois d'une ville ou les fils de famille, par-dessus les esclaves  ? C'est qu'ils ont de plus honorables emplois et qu'ils possèdent davantage de choses superflues. Et toute la différence qu'il y a entre un homme libre et un esclave est que celui qui est libre n'est obligé d'obéir qu'au public et que l'esclave doit obéir aussi à quelque particulier. Thomas HOBBES

Les privations de liberté sont multiples, et c’est par elles que vient à la conscience le sentiment de ce que pourrait être cette liberté dont on ressent le manque. Comme l’exprime bien Valéry, « L’idée de liberté est une réponse à quelque sensation ou à quelque hypothèse de gêne, d’empêchement, de résistance, qui s’oppose soit à une impulsion de notre être, à un désir des sens, à un besoin, soit aussi à l’exercice de notre volonté réfléchie « (Regards sur le monde actuel, « la liberté de l’esprit «). On voit bien que Hobbes fait état dans ce texte d’une conception de la liberté ouverte sur la société civile, et passe ainsi d’abord sur l’idée que la liberté est moins la possibilité d’un « droit « naturel d’agir impunément comme bon nous semble, que la faculté qu’à l’homme de se défaire de ses empêchements qui font obstruction à sa volonté. Si le départ du texte nous renvoie implicitement à la position de l’homme dans l’état de nature, on voit que le désir de l’auteur est de nous amener vers sa conception de la liberté civile, conception au fondement du libéralisme politique.

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« cause que le vase l'empêche de se répandre et, lorsqu'il se rompt, elle recouvre sa liberté ».

Les actions que leshommes accomplissent volontairement, « procédant de leur volonté, procèdent de la liberté » (Lé, p.223).

Non quela volonté soit libre, car ce n'est pas un corps.

D'ailleurs, « tout acte d'une volonté humaine, tout désir et touteinclination procèdent de quelque cause, et celle-ci d'une autre, selon une chaîne continue (dont le premier chaînonest dans la main de Dieu, la première de toutes les causes) ces actions procèdent aussi de la nécessité ».

(Ibid) Lavolonté elle-même est un acte, l'acte de vouloir permettant d'associer la délibération à l'action ; elle est aussi ledernier appétit ou la dernière aversion qui précède l'action.

Par conséquent, la volonté est aussi bien de passion quede raison, ce n'est pas exclusivement un « appétit rationnel » : « Car s'il en était ainsi, il ne pourrait pas y avoird'acte volontaire contraire à la raison » (Lé, p.56).

Ainsi, la raison n'est pas la seule détermination dans le dernierchoix avant l'acte volontaire, et le temps de la délibération est un temps de « liberté d'accomplir ou d'omettre selonnotre appétit ou notre aversion » (Ibid).

Conclusion Si le propos de Hobbes tenu sur la liberté et la nécessité, tendant à l'hypothèse d'une relative autonomie de lavolonté est une autorisation, sinon une invitation à rechercher dans l'oeuvre les conséquences de ce propos, telleque l'autonomie morale de l'individu, celle-ci ne sera que relative.

L'autonomie morale ne peut être fondée que sur leconcept de contrat, tenant compte de la théorie de l'homme à l'état de nature et de la théorie des passions.

Sil'autonomie morale est pensable, c'est en tant qu'elle fonde la détermination positive de la loi.

Il s'agit donc d'uneautonomie doublement relative : en effet, l'homme est capable de s'autodéterminer par l'engagement pris parcontrat, pour autant qu'il prend conscience de ses propres déterminations, détermination morale de la loi civile d'unepart, et déterminations naturelles : en tant qu'être vivant, d'appétits et de désirs.

La loi civile émanant du souverainn'a d'emprise sur le sujet que dans la mesure où elle peut intervenir sur sa liberté d'agir.

La loi civile n'intervient pasdans le domaine des passions et des pensées du citoyen, parce que la dimension psychique de celui-ci n'est pas ladimension de la liberté à proprement parler.

Le droit naturel de chacun prend sa source dans l' « âme » humaine,mais c'est dans le monde que se manifeste ce droit.

Ce n'est que dans ce monde que la loi peut prendre effet.Autrement dit, le mot « liberté » n'a de sens que lorsque son contraire en a un.

Le sujet intérieur de passions et deraison est en quelque sorte absolument libre, de sorte que la liberté chez Hobbes ne s'applique pas à la subjectivitésans contradiction.

On comprend alors que c'est la république et la loi civile qui créent les conditions de la libertéindividuelle, mais on comprend aussi de quelle nature est la restriction du droit naturel de chacun par la loi civile :« il y a d'autres empêchements que je nomme arbitraires et qui ne s'opposent pas à la liberté du mouvementabsolument, mais par accident, à savoir parce que nous le voulons bien ainsi et qu'ils nous font souffrir une privationvolontaire ».

Le pouvoir du souverain se borne à la liberté physique, puisqu'il n'y en a à proprement parler pasd'autre.

Par ailleurs, l'autorité de la loi civile ne s'étend pas au-delà de son expression orale ou écrite, ce qui signifieque « pour la plus grande part, la liberté des sujets dépend du silence de la loi » (Lé, p.232).

Dans ces conditions,une autorité transcendante en matière de morale n'est pas concevable.

La raison et la loi de nature devant endernier recours être conseillères, la raison du citoyen lui-même doit être considérée avec attention, dans le cadrede la république.

HOBBES (Thomas).

Né à Malmesbury en 1588, mort à Hardwick en 1679. Il fit ses études à Oxford et devint précepteur du jeune comte de Devonshire qui, plus tard, devait lui confier aussil'éducation de son propre fils.

Il fit deux longs voyages en Europe, vécut à Paris de 1640 à 1651, y fréquenta le P.Mersenne, puis rentra en Angleterre.

La Chambre des Communes exigea qu'il ne publiât plus aucun livre, après avoirvivement attaqué Léviathan en 1667.

La fin de la vie de Hobbes fut occupée par des controverses avec lesmathématiciens.

— L'oeuvre de Hobbes est une théorie et une apologie fort logiques du despotisme.

Toutes lessubstances sont corporelles et la vie est mouvement.

Le désir, fondement du monde animal, est égoïste et guidé parl'intérêt.

Il n'y a ni amour ni accord possible entre les hommes ; ceux-ci sont naturellement insociables et méchants.L'état de nature, c'est la guerre de tous contre tous.

Mai les hommes, qui considèrent que la paix est le plus granddes biens, confèrent tous leurs droits à un seul souverain.

Ils remplacent l'ordre mécaniste naturel par un ordremécaniste artificiel, qui leur convient mieux : c'est l'État.

Le salut de l'État s'identifie avec le salut du souverain.

Lasouveraineté absolue d'un seul homme crée un déséquilibre qui assure la stabilité.

Le souverain établit les lois etdéfinit la justice, se plaçant ainsi au-dessus d'elles.

Le bien et le mal dépendent de ses décisions ; la vraie religionest celle qu'il autorise.

Ainsi, les hommes sont libres et heureux, puisqu'ils peuvent agir à leur gré dans le cadre deslois.

Le souverain absolu n'est pas un tyran arbitraire le tyran est l'esclave de ses passions, alors que le souverainen est délivré par le caractère absolu de son pouvoir.

Car les passions résultent de la finitude humaine.

En somme,le pouvoir du souverain est légitime parce qu'absolu.

La pensée de Hobbes a eu une influence incontestable surHegel.. »

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