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Heidegger: la dictature du "ON"

Publié le 23/03/2005

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Le On déploie sa véritable dictature. Heidegger

La vie en société place l'homme dans une précompréhension de lui- même, d'autrui et du monde qui est dégradée. L'être avec les autres dissout complètement ma compréhension de l'existence dans une compréhension moyenne qui me décharge de ma responsabilité d'être authentiquement. « Le public décide de l'interprétation du monde et de l'être-là. « (§ 127) Mais le public n'est personne en particulier, et ne peut endosser aucune responsabilité à l'égard de cette manière d'être commune. On ne peut interpeller le « on « et pourtant chacun est soumis quotidiennement à « l'emprise des autres «. On est alors dépendant d'un mode d'être qu'on n'a pas choisi et qui opacifie le champ des possibilités de l'existence. On se trouve alors déresponsabilisé de la responsabilité d'être.

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« jeté, librement, dans le monde, a donc partie liée avec la capacité du Dasein d'être soi.Or, précisément les bavardages du On à propos de la mort, là encore sombrent dans l'inauthenticité et lerecouvrement.

Il s'agit de camoufler cette mort qui est la mienne en événement, en bien connu.« Si jamais l'équivoque caractérise en propre le bavardage, c'est bien lorsqu'il prend la forme de ce parler sur lamort.

Le mourir, qui est essentiellement et irreprésentablement mien, est perverti en événement publiquementsurvenant.

»Le discours du On transforme la mort en accident : « le On meurt, propage l'opinion que la mort frapperait pour ainsidire le On ».

Là encore il s'agit de se démettre de ses responsabilités et même de soi-même.Ces bavardages interdissent à l'angoisse de la mort de se faire jour : en ce sens, ils privent l'individu de la possibilitéde l'accès à son être propre.

« Dans l'angoisse de la mort, le Dasein est transporté devant lui-même […] Or le Onprend soin d'inverser cette angoisse en une peur d'un événement qui arrive.

»En faisant miennes ces ratiocinations, sans doute gagnerais-je d'être rassuré, d'être indifférent à ce qui m'est leplus propre, mais au prix de l'aliénation, de la perte de soi.Mais si les analyses d'Heidegger ne se donnaient que comme une dénonciation de la pression des bavardages de lamasse, de la dictature anonyme qui régit les rapports humains et interdit à chacun l'accès à lui-même et au monde,elles perdraient de leur pertinence.Le On n'est pas extérieur au Dasein, à l'individu, il est au contraire l'un de ses modes d'être premier et originaire.

ILn'y a pas à faire le départage entre individus authentiques ou inauthentiques.« Le Dasein est de prime abord Un et le plus souvent il demeure tel.

Lorsque le Dasein découvre et s'approcheproprement du monde, lorsqu'il s'ouvre à lui-même son être authentique, alors cette découverte du « monde » etcette ouverture du Dasein s'accomplissent toujours en tant qu'évacuation des recouvrements et desobscurcissements, et que rupture des dissimulations par lesquelles le Dasein se verrouille l'accès à lui-même.

»Il n'y a pas d'accès véritable au monde et à soi-même, de façon authentique d'être qui ne se fasse jour à partir dece fond originaire d'inauthenticité.

Le « On » n'est personne, mais il est un mode d'être de chacun.

La dictature du «on » dont parle Heidegger est d'abord la façon commune de se préoccuper d'autrui.

C'est aussi ce que Heideggernomme « déchéance », c'est-à-dire la façon de ne pas être soi.

L'inauthenticité est un accès barré à notre êtrepropre, une aliénation de soi, au profit de l'anonyme. HEIDEGGER (Martin). Né à Messkirch (duché de Bade) en 1889.

Il fit ses études à Fribonrg-en-Brisgau, et fut le disciple de Husserl.

Professeur de philosophie à l'Université de Marbourg en 1923, il fut nommé recteur de l'Universitéde Fribourg en 1933, adhéra au parti national-socialiste, démissionna de ses fonctions universitaires en 1934, etdevint « professeur émérite » en 1952.

Il est le plus important philosophe allemand d'aujourd'hui.

La philosophie deHeidegger est une réflexion sur le problème de l'être, celui de la relation de l'homme à l'être et de l'être à l'homme.

«Je dois redire que mes tendances philosophiques ne peuvent pas être classées comme Existenz philosophie.

Laquestion qui me préoccupe n'est pas celle de l'existence de l'homme, c'est celle de l'être dans son ensemble en tantque tel.

» L'homme est le seul étant qui soit capable d'interrogation et qui ait une relation à l'être.

C'est la saisie del'étant comme étant qui est la saisie même de l'être.

Seul, l'étant qui est mise en question de 6on être, existe.«L'homme est un étant de déchirement.» Du fait qu'il est hé au monde, l'étant humain est souci.

Le souci a troisdimensions : la déréliction ou facticité, l'existence (à laquelle se rattachent l'interprétation et le projet), et l'être-auprès-de, à quoi se rattache la discursivité.

La déréliction est l'état de solitude et d'abandon de l'être humain jetédans le monde ; elle est« notre première et originelle situation dans l'étant en totalité.

» Par le souci, lacompréhension de l'être se forme dans le Dasein, c'est-à-dire dans « l'être de l'existant humain en tant qu'existencesingulière et concrète.

» Le Dasein est saisie de son propre être ; c'est un être-dans-le-monde, une existence qui,en tant que telle, comprend l'être.

Nous sommes déjà-là.

Un homme ne peut assister à sa propre naissance.

L'êtrede l'étant humain, c'est de s'extérioriser pour devenir soi-même, de s'ouvrir à l'autre.

« Exister, c'est être réel en seprojetant hors de soi-même et au-devant de soi-même.

» Les trois existentiaux, c'est-à-dire « les catégoriesrelatives à l'être de l'homme », sont : la rétrospection vers la situation originelle, le projet de soi dans l'ek-sistenceet la présence à l'autre.

Ce n'est que dans l'angoisse que nous avons une révélation pure de la situation originelle.L'angoisse, c'est l'état d'inquiétude qui résulte de « l'insécurité de l'existant humain sous la menace du Néant.

» Soitdéréliction, ek-sistenee et apérité ; le Dasein est virtuellement ouvert à tout étant.

Ainsi, en se rendant présent auxchoses, l'homme détermine la raison et le langage.

Pour Heidegger, les mots contiennent une vérité cachée.L'homme est l'étant qui a toujours son être pour enjeu, et son unité est dans une extériorisation ce soi sans cessereprise et dominée.

L'étant humain est ek-statique.

L'ek-stase est la situation de l'étant placé « en dehors » de lui-même.

Les trois ek-stases de la temporalité sont le passé, le futur et le présent.

Il est aussi temporalisation.

Latemporalité, c'est la solidarité du Dasein avec son passé et son pro-jet vers l'avenir par la préoccupation.

L'être secomprend par le temps et le temps par l'être.

L'authenticité, c'est l'assumation de la situation d'être-pour-la-mort.Le On est inauthentique.

« Le Soi de la banalité quotidienne, c'est le On se constituant dans et par lesinterprétations qui ont cours publiquement.

» L'homme pro-jette l'être des choses ; le dévoilement de l'étant (c'est-à-dire « la manifestation de l'étant qui cesse d'être caché par les préoccupations de l'existence quotidienne») est lié. »

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