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HEGEL: Nature et Imitation

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

hegel
On peut dire d'une façon générale qu'en voulant rivaliser avec la nature par l'imitation, l'art restera toujours au-dessous de la nature et pourra être comparé à un ver faisant des efforts pour égaler un éléphant. Il y a des hommes qui savent imiter les trilles du rossignol, et Kant a dit à ce propos que, dès que nous nous apercevons que c'est un homme qui chante ainsi, et non un rossignol, nous trouvons ce chant insipide. Nous y voyons un simple artifice, non une libre production de la nature ou une oeuvre d'art. Le chant du rossignol nous réjouit naturellement, parce que nous entendons un animal, dans son inconscience naturelle, émettre des sons qui ressemblent à l'expression de sentiments humains. Ce qui nous réjouit donc ici, c'est l'imitation de l'humain par la nature. HEGEL

DIRECTIONS DE RECHERCHE

 • Pour quelles raisons Hegel soutient-il que « l'art, quand il se borne à imiter, ne peut rivaliser avec la nature « ?  — L'art peut-il selon Hegel rivaliser avec la nature ?  — Importance de l'incise « quand il se borne à imiter « ?  Comment comprenez-vous « se borner « ?  • Quel est le « paradoxe « de la tentative, en art, d'imiter la nature, selon Hegel ?  • Comment comprenez-vous « il convient mieux à l'homme de trouver de la joie dans ce qu'il tire de son propre fond « ? Pourquoi « convient mieux « ? De quoi doit-on convenir pour admettre que cela « convient mieux à l'homme « ?  • Pourquoi « en ce sens « ? Quel « sens « ?  • Qu'est-ce que Hegel veut faire apparaître ici ? A partir de quoi juge-t-il de l'« orientation «, du « rôle « de l'activité artistique ?  • En quoi ce texte a-t-il un intérêt philosophique ?  

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« réalisation d'un savoir-faire.

Ce qui l'oppose à la fois à l'art et à la nature, c'est qu'il est la concrétisation d'un plan,accomplie selon des règles.

Le technicien, s'il maîtrise son métier, sait ce qu'il fait.

En revanche, ce qui se produitnaturellement est aveugle: le germe devient arbre puis fruit sans savoir, à chaque étape, quelle sera la suivante.

Dela même manière, l'artiste crée en suivant un élan spontané.

Son inspiration le conduit rarement là où il croyaitdevoir aller.

Il accouche de son oeuvre comme la parturiente donne le jour à un enfant qu'elle découvre une fois né.L'être naturel et l'objet d'art peuvent être dits «libres» dans la mesure où ils ne doivent leur existence à aucunerègle, à aucune discipline de l'esprit. Question 3 Dans le paradoxe final, Hegel dénonce le principe de la conception figurative de l'art qui fixe comme idéal d'imiter lanature.

La jouissance esthétique devant l'oeuvre d'art ne proviendrait pas du fait qu'on retrouverait en celle-ci desbeautés naturelles.

Nous n'attendons pas du travail de l'artiste qu'il s'efforce de produire un fidèle miroir de lanature.

Si une imitation nous touche, c'est plutôt celle de l'humain par la nature: quand un oiseau, par les inflexionsdes sons qu'il émet, fait penser à un chant, évoque la tristesse ou la gaieté, ce que nous entendons semble chargéd'un sens.

La nature n'imite ni l'homme ni quoi que ce soit; mais quand il se trouve qu'elle évoque de l'humain, alorselle nous toucheet trouve une profondeur à nos yeux.

Ainsi, lorsqu'une mer déchaînée évoque la violence et la colère, quand unpaysage enneigé semble avoir été peint par un Bruegel l'Ancien (1525-1569), la nature nous devient proche et nousparle.

Cette proximité nous réjouit.

Question 4 Si, comme on l'a longtemps considéré, la beauté naturelle réside en des formes simples, équilibrées et harmonieuses,on comprend aisément que la finalité de l'art ait été d'imiter les belles formes de la nature.

La sphère était unexemple parfait de beauté pour les Anciens, comme la morphologie symétrique du corps humain.

La fonction de l'artn'était pas tant de copier platement les beautés apparentes que de rendre sensible une beauté inégalée par lanature elle-même: peindre par exemple l'homme plus vrai que nature, plus beau que n'importe quel échantillon debeauté humaine, rendu toujours imparfait par tel ou tel de ses détails.

L'art, selon la tradition figurative qui remonteà l'Antiquité grecque, n'était pas le miroir de la nature mais son reflet épuré, réduit à sa forme la plus essentielle.Ainsi l'artiste révèle-t-il bien quelque chose du monde: il mettait au jour l'ordre et l'harmonie qui y régnaient.

Il estvrai que les oeuvres d'art sont en elles-mêmes inférieures à leurs modèles, du point de vue de leur complexité: unestatue ne respire pas, n'aime pas, ne vit pas...

et ne se réduit, intérieurement, qu'à un bloc minéral relativementhomogène.

Mais l'art peut surpasser la nature sur le plan des apparences: la posture, la gestuelle, l'expression de lasculpture peuvent rendre sensible quelque chose d'introuvable dans la réalité.

L'art peut donc aider à être plussensible à une réalité qu'elle rend plus saillante.

II prépare le regard à mieux discerner l'ordre de la vie qui sous-tendle monde des hommes.Mais l'art doit-il rechercher cette rivalité avec la nature? Doit-il nous aider à devenir plus conscient de cette beautéqui lui est extérieure? En réalité, sa fonction ou ses effets sont plus profonds: il ne révèle pas un monde préexistant,il crée le monde.

Il faut attendre la seconde moitié du xviiie siècle, puis surtout la période romantique, pour que soitreconnu en l'artiste un véritable créateur, ne trouvant pas son modèle hors de lui mais dans le jaillissement de sapropre imagination, de son génie.

Il ne s'agit plus alors de retrouver sur la toile ou dans le marbre une nature, fût-elle réduite à l'idéal de sa forme, mais un univers propre, avec ses lois, son style, sa cohérence et son mystère.

Loinde nous reconduire à la nature, l'art ainsi entendu nous en détourne au contraire pour nous hisser vers unemultiplicité de mondes qui ont à leur source une pluralité de dieux artistes: le monde de Giotto, celui de Rodin,l'univers de Cézanne ou encore celui de Baudelaire.

En nous convertissant à d'autres horizons, l'art enrichit celui denotre existence et rend plus manifeste la liberté de notre condition qui est de n'appartenir vraiment à aucun mondeet de pouvoir circuler de l'un à l'autre.

HEGEL (Friedrich-Georg-Wilhelm).

Né à Stuttgart en 1770, mort à Berlin en 1831. Il fit des études de théologie et de philosophie à Tübingen, où il eut pour condisciples Hölderlin et Schelling.

Il futprécepteur à Berne de 1793 à 1796, puis à Francfort de 1797 à 1800.

En 1801, il devient privat-dozent à l'Universitéd'Iéna puis, les événements militaires interrompirent son enseigne- ment, et il rédigea une gazette de province.

En1808, il fut nommé proviseur et professeur de philosophie au lycée classique de Nuremberg.

De 1816 à 1818, ilenseigna la philosophie à l'Université de Heidelberg ; enfin.

à Berlin, de 1818 à sa mort.

due à une épidémie decholéra.

Peu de philosophes ont eu une influence aussi considérable que celle qu'exerça Hegel.

Peu aussi furent plussystématiques dans l'expression de leur pensée.

L'idéalisme hégélien part d'une conception de la totalité.

Le Tout. »

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