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HEGEL: le sensible et l'esprit

Publié le 25/04/2005

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Le sensible doit être présent dans l'oeuvre artistique mais avec cette restriction qu'il s'agit seulement de l'aspect superficiel, de l'apparence du sensible. [...] Ce que veut l'Esprit, c'est la présence sensible qui doit rester sensible mais qui doit être aussi débarrassée de l'échafaudage de la matérialité. C'est pourquoi le sensible est élevé dans l'art à l'état de pure apparence par opposition à la réalité immédiate des objets naturels. Ce n'est pas encore de la pensée pure, mais en dépit de son caractère sensible, ce n'est plus une réalité purement matérielle. [...] Dans l'art il faut voir [...] un déploiement de la Vérité qui ne s'épuise pas comme histoire naturelle, mais se révèle dans l'histoire universelle dont il est le plus bel aspect. HEGEL
Dans son Esthétique, Hegel développe une réflexion sur l'art, qui est ici encore une figure nouvelle de l'Esprit. La catégorie de l'expressivité permet d'établir une hiérarchie des arts, en allant du moins spirituel au plus spirituel. L'architecture est au bas de l'échelle, elle est pure extériorité, elle ne peut traduire l'esprit lui-même, à la limite elle peut le symboliser.  Problématique.  La tâche de l'art pour Hegel est d'être le médiateur qui rend visible l'esprit au sein de la nature. Certes, la sculpture, la peinture, la musique n'ont pas, comme le poésie, le pouvoir de s'identifier avec le contenu spirituel et de disparaître en lui, mais en raison des éléments sensibles qui les constituent, elles correspondent à ce moment que l'art représente dans la construction de l'esprit.  Enjeux.  L'art ne correspond pas seulement à un besoin d'expression immédiat de la réalité, il est une forme de prise de conscience de cette réalité et, de ce fait, il procure un nouveau regard sur le monde.

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« L'art n'adoucit-il pas notre vie ? Ne charme-t-il pas agréablement nos loisirs ? En tant que création sanscesse renouvelée de l'imagination, l'art ne défie-t-il pas toute définition et tout traitement philosophique ouscientifique ? Hegel réfute ces objections.

L'art ne se réduit pas à un simple jeu fugitif, au service de nos plaisirs et distractions.

Il ne se réduit pas à l'exaltation du sentiment, ni même à l'expression personnelle.

S'ilest vrai que l'art agit sur notre sensibilité, il n'en a pas moins une valeur intellectuelle.

Il nous fait pénétrerdans le domaine spirituel ; il révèle, sous forme sensible, l'absolu, et touche ainsi, comme la philosophie et lareligion, aux plus hauts intérêts de l'humanité : « La plus haute destination de l'art est celle qui lui est commune avec la religion et la philosophie.

Commecelles-ci, il est un mode d'expression du divin, des besoins et des exigences les plus élevés de l'esprit. » Cependant l'art « diffère de la religion et de la philosophie par le fait qu'il possède le pouvoir de donner de ces idées élevées une représentation sensible qui nous les rend accessibles ». Si, dans toute œuvre d'art, l'esprit se matérialise et la matière se spiritualise, alors le but de l'art n'est pasd'imiter la nature.

Hegel s'oppose à ceux qui prétendent que, la beauté naturelle étant supérieure à la beauté artistique, l'artiste doit reproduire ce qu'il y a de beau dans la nature.

A quoi bon refaire une secondefois ce qui existe dans le monde extérieur? Une telle répétition est superflue.

De plus, l'art ainsi conçurestera toujours inférieur à la nature, car « Limité dans ses moyens d'expression, il ne peut produire que des illusions unilatérales, offrir l'apparence dela réalité à un seul de nos sens; et, en fait, lorsqu'il ne va pas au-delà de la simple imitation, il est incapablede nous donner l'impression d'une réalité vivante ou d'une vie réelle: tout ce qu'il peut nous offrir c'est unecaricature de la vie. » C'est précisément parce que l'art est un produit de l'esprit humain qu'il est supérieur à la nature.

Loin den'être qu'un pur jeu d'apparences et d'illusions, l'art présente sur la réalité extérieure la même supériorité quela pensée : « Ce que nous recherchons dans l'art, comme dans la pensée, c'est la vérité.

Dans son apparence même,l'art nous fait entrevoir quelque chose qui dépasse l'apparence: la pensée. » Contrairement aux événements et phénomènes qui dissimulent la pensée sous un amas d'impuretés et nousfont croire qu'eux seuls représentent le réel et le vrai, l'art débarrasse la réalité extérieure de tout ce quin'est que contingence ou fatras de détails, pour en dévoiler l'essence et la vérité « L'art creuse un abîme entre l'apparence et l'illusion de ce monde mauvais et périssable, d'une part, et lecontenu vrai des événements, de l'autre, pour revêtir ces événements et phénomènes d'une réalité plushaute, née de l'esprit. » Il en résulte que si l'art peut être traité d'apparence, son apparence n'est pas de l'ordre de l'illusion et dumensonge, mais au contraire de l'essentiel.

Par rapport à la réalité courante, les manifestations de l'artpossèdent une réalité plus haute, une existence plus vraie.

En épurant le réel, l'art en dévoile l'essence. C'est la considération du contenu spirituel de l'art qui permet à Hegel de distinguer trois grands types d'art: symbolique, classique, romantique. L'art symbolique ou oriental est encore à la recherche de l'Idéal.

Il appartient à la catégorie du sublime, « et ce qui caractérise le sublime, c'est l'effort d'exprimer l'infini ».

Mais comme l'infini est une abstraction, « à laquelle ne saurait s'adapter aucune forme sensible », un tel art pousse la forme au-delà de toute mesure. D'où, en Inde, en Egypte, en Mésopotanùe, des statues aux cent bras et aux cent poitrines, des géants etdes colosses, des sculptures et une architecture monumentales. Après l'art symbolique qui révèle le sentiment d'une disproportion écrasante entre l'humain et le divin, entrele fini de la forme et l'infini du contenu, vient l'art grec classique qui atteint l'Idéal.

Il se caractérise par « la libre adéquation de la forme et du concept ».

Les dieux sont ramenés à des proportions plus humaines et collaborent à l'édification de la cité.

L'homme se sent chez lui dans un monde qui lui est propre, en unionintime avec la réalité politique, religieuse, morale.

L'esprit de l'art a enfin trouvé sa forme : la formehumaine.

Celle-ci est « la seule que puisse revêtir le spirituel dans son existence temporelle.

Dans la mesure où l'esprit existe, et existe d'une existence sensible, il ne peut se manifester sous aucune autre formequ'humaine ».

Cet idéal de beauté, qu'on trouve, en particulier, incarné dans les sculptures grecques figurant les dieux (Apollon, Zeus, Athéna, Aphrodite), réalise la beauté dans tout son éclat, la beautéparfaite. L'art classique a atteint, en tant qu'art, les plus hauts sommets, mais ce n'est qu'un art, un art toutcourt.

Ce qui lui fait défaut, c'est la subjectivité, c'est-à-dire la conscience de l'individualité humaine avec. »

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