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Hegel: Etat de nature et rudesse

Publié le 27/02/2008

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hegel
L'état de nature est l'état de rudesse, de violence et d'injustice. Il faut que les hommes sortent de cet état pour constituer une société qui soit Etat, car c'est là seulement que la relation de droit possède une effective réalité. On décrit souvent l'état de nature comme un état parfait de l'homme, en ce qui concerne tant le bonheur que la bonté morale. Il faut d'abord noter que l'innocence est dépourvue, comme elle, de toute valeur morale, dans la mesure où elle est ignorance du mal et tient à l'absence des besoins d'où put naître la méchanceté. D'autre part, cet état est bien plutôt celui où règnent la violence et l'injustice, précisément parce que les hommes ne s'y considèrent que du seul point de vue de la nature. Or, de ce point de vue-là, ils sont inégaux tout à la fois quant aux forces du corps et quant aux dispositions de l'esprit, et c'est par la violence et la ruse qu'ils tont valoir l'un contre l'autre leur différence. Sans doute la raison appartient aussi à l'état de nature, mais c'est l'élément naturel qui a en lui prééminence. Il est donc indispensable que les hommes échappent à cet état pour accéder à un autre état, où prédomine le vouloir raisonnable. Georg Wilhelm Friedrich HEGEL.

QUESTIONNEMENT INDICATIF • Pourquoi Hegel parle-t-il de « l'innocence « à propos de l'« état de nature « ? • En quoi l'innocence est-elle « dépourvue de toute valeur morale  « ? En quoi cette remarque s'inscrit-elle en faux contre la description souvent faite de « l'état de nature comme un état parfait de l'homme « ? Hegel remet-il en cause l'idée de « l'état de nature « « en elle-même « ? • Pourquoi l'« état de nature « est-il, selon Hegel, celui où règnent l'injustice et la violence ? Est-ce pour Hegel un phénomène « contingent « ou un phénomène « nécessaire « ? • « De ce point de vue-là « signifie-t-il « en ce sens « ou « du seul point de vue de la nature « ? • Pour quelle raison Hegel indique-t-il que l'état de nature « est bien plutôt celui où règnent la violence et l'injustice « ? • Qu'est-ce qui peut justifier qu'il est « indispensable que les hommes échappent à cet état (l'état de nature) pour accéder à un autre état, où prédomine le vouloir raisonnable « ? • Que pensez-vous de la « position « et de l'argumentation de Hegel ? • En quoi ce texte présente-t-il un intérêt philosophique ?

 

hegel

« Développement (les titres en gras servent à clarifier la mise en page ; ils ne doivent pas apparaître sur votre commentaire.

Il fautsimplement sauter deux ou trois lignes entre chaque partie.) Première partie Cette première partie donne la direction d'ensemble de l'extrait.

C'est en quelques sortes sa thèse, même si ledéveloppement qui suit apportera des éclaircissements décisifs. La première phrase est claire, elle annonce la conception qu'a Hegel de l'état de nature.

On comprend en ayant lu latotalité de l'extrait que l'injustice est l'élément décisif de cette caractérisation de l'état de nature.

On peut mêmeestimer que l'ampleur des reproches qui lui sont faits est croissante.

Cette caractérisation a valeur de définition de l'état de nature.

Hegel ne dit pas « l'état de nature est un état de rudesse, etc.

», mais bien « l'état de nature est l'état de rudesse, etc.

».

On peut considérer « de nature » et « de rudesse, de violence et d'injustice » commeétant de stricts synonymes.

La seconde partie éclairera cette définition pour la justifier. L'état de nature concerne évidemment les hommes, qui ont eux seuls la possibilité de ne pas rester dans cet état denature.

C'est sous la forme d'un commandement (« il faut ») qu'Hegel engage les hommes à constituer « une sociétéqui soit Etat ».

Ce n'est ni un conseil, ni une précaution, ni une préférence.

(Il faut aussi noter la majusculeconservée pour l'Etat.

Si cette dernière est un choix du traducteur - en allemand tous les noms communs ont unemajuscule -, le fait est qu'elle correspond à la valeur spécifique de l'Etat chez Hegel.

C'est seulement à la fin del'extrait qu'est identifié l'ingrédient majeur de l'Etat, c'est-à-dire le « vouloir raisonnable ».) Dans cette première partie, ce n'est toutefois pas le vouloir raisonnable mais la « relation de droit » qui estvalorisée, et qui est caractéristique de la « société ».

Avant d'expliquer ce que peut être la relation de droit, il fautbien comprendre que constituer une société qui soit Etat, c'est « sortir » de l'état de nature.

Cette formulation està l'évidence une simulation ; en effet le texte ne s'adresse pas à des hommes qui vivent dans l'état de nature.

Il estquestion de justifier la fondation de l'Etat.

Mais le premier pas à faire est logiquement de valoriser la vie en sociétépar rapport à la vie sans la société : l'état de nature.

Le texte ne rentre pas dans la question de savoir quel doitêtre le modèle de société, quel doit être l'Etat à adopter.

Il justifie préalablement le choix de l'Etat.

Car on pourraittrès bien critiquer l'Etat par la valorisation de la vie hors de lui, dans l'état de nature. Alors pourquoi faut -il sortir de l'état de nature ? Parce que dans l'Etat seulement « la relation de droit possède une réalité effective ».

La préposition « car » nous indique que c'est là la raison d'adopter l'Etat.

La relation de droit estimplicitement solidaire de la définition de l'Etat.

Il faut comprendre qu'il est question de vivre sous le gouvernementde la loi – du droit – dans l'Etat.

Par opposition à cela, l'état de nature est voué à des relations de fait.

Celas'éclaircira dans la suite de l'extrait.

De quoi s'agit-il lorsque Hegel parle de la « réalité effective » de la relation dedroit ? Dans l'Etat le droit s'applique effectivement, c'est-à-dire qu'il a ses effets dans la manière de vivre deshommes.

La relation de droit n'est pas seulement « présente » en société, elle est en quelque sorte active, oùplutôt activée, par l'Etat.

Sa réalité est effective. Dans cette première partie, ce n'est donc pas tant la critique de l'état de nature que la valorisation positive del'Etat qui doit nous conduire à constituer une société.

La suite du texte nous aidera à comprendre qu'il ne s'agittoutefois pas de comparer un état à l'autre, mais bien d'admettre que l'Etat corrige l'injustice des relations de l'étatde nature, en lui substituant la relation de droit.. »

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