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Faut-il vivre chaque jour comme si c'était le dernier ?

Publié le 27/02/2008

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Le terme « vivre « possède deux sens : l’un biologique( le vivant en tant qu'objet d'étude de la biologie) et un sens plus humain. La vie, c'est ce qui se passe à soi-même, dans la conscience, comme vécu. L’intelligence de l’homme est ainsi faite qu’elle possède les notions de passé et de futur, ce que les animaux n’ont pas pour Schopenhauer. L’homme peut dès lors se projeter dans le futur. Mais il s’agit de savoir ici si vivre sans penser au lendemain, en vivant intensément l’instant peut nous apporter plus. On peut penser que c’est l’inquiétude de l’avenir qui nous gâche souvent notre jouissance du moment. Cependant, vivre sans jamais se dire qu’il y a un lendemain, n’est-ce pas s’interdire de préparer ses conditions de vie ? L’homme peut-il vraiment s’épanouir sans projet ?
  • Vivre l’instant pour ne pas être troublé
  • Vivre sans penser au lendemain, c’est s’exposer aux coups du sort
 
  • L’homme est projet, projection mais chaque projet ne peut se construire qu’aujourd’hui
 

« Pascal, selon l'habitude de son temps, s'est sans cesse nourri de la pensée de ses devanciers.

C'est un lecteurinfatigable, et Montaigne est l'un de ses auteurs favoris, dont il reprend souvent le texte sceptique pour l'utiliser auxfins de l'apologétique chrétienne.

C'est ici le cas.

Pascal s'est souvenu expressément d'un passage de l'édition de1588 des « Essais » : « Nous ne sommes jamais chez nous, nous sommes toujours au-delà.

La crainte, le désir,l'espérance nous élancent toujours vers l'avenir, et nous dérobent le sentiment et la considération de ce qui est,pour nous amuser de ce qui sera, voire quand nous ne serons plus.

» (Livre 1, chapitre 3).Ceci est d'ailleurs un thème cher aux moralistes de l'Antiquité, que Montaigne ne se fait pas faute de citer, à la suitede ce passage : l'épître 98 du philosophe latin Sénèque (« Malheureux l'esprit tourmenté de l'avenir ») et Epicure («Epicure dispense son sage de la prévoyance et de la sollicitude de l'avenir »).Cette thématique, qui dénonce l'impossibilité où est l'homme de se fixer au présent, est aussi celle des écrivains dela période classique.

On trouve ainsi une expression assez semblable chez le moraliste La Bruyère : « La vie estcourte et ennuyeuse ; elle se passe toute à désirer.

On remet à l'avenir son repos et ses joies, à cet âge souventoù les meilleurs ont disparu, la santé et la jeunesse.

Ce temps arrive, qui nous surprend encore dans les désirs : onen est là, quand la fièvre nous saisit et nous éteint » (« De l'homme »).Cependant ce qui, chez l'un ou l'autre, est notation strictement psychologique, prend chez Pascal une autredimension, beaucoup plus philosophique.

Car c'est d'une conception de l'homme, et de son rapport à Dieu, qu‘ils'agit.

Pascal est très explicite sur ce point : l'homme, en s'intéressant à son passé ou à son avenir, cherche enréalité à échapper au présent qui est pourtant le seul temps qui soit véritablement à nous.

Ici, il n'y a pas seulementle témoignage d'une « pensée » écrite à la hâte, mais l'expression réfléchie d'une lettre rédigée en décembre 1656par Pascal à l'intention de Mlle de Rouanez, au moment où elle souhaite entrer en religion : « Le passé ne doit pasnous embarrasser, puisque nous n'avons qu'à avoir regret de nos fautes ; mais l'avenir nous doit encore moinstoucher, puisqu'il n'est point du tout à notre égard, et que nous n'y arriverons peut-être jamais.

Le présent est leseul temps qui est véritablement à nous, et dont nous devons user selon Dieu.

»Et pourtant Pascal le sait bien (Pensée 139), tout nous montre le contraire.

Les hommes ne cessent de s'agiter, dese jeter dans le monde, d'aimer le jeu, la conversation des femmes, de courir les emplois.

En un mot, ils necherchent qu'une chose : le DIVERTISSEMENT.

Frénésie de l'action qui ne vise, en sortant sans cesse de soi, qu'às'oublier soi-même.

Aussi, si l'on en cherche plus finement les raisons , on les trouve dans la nature même del'homme.

Ce dernier n'a pas tort et a le juste pressentiment de son malheur.

Il y a un « malheur naturel de notrecondition faible et mortelle, et si misérable, que rien ne peut nous consoler, lorsque nous y pensons de près.

» De làvient, continue Pascal, « que les hommes aiment tant le bruit et le remuement ; de là vient que la prison est unsupplice si horrible ; de là vient que le plaisir de la solitude est une chose incompréhensible ».Pascal nous invite à accepter, sans effroi, notre humaine condition, qui est de n'être rien, certes, face à l'infinité deDieu mais d'être quelque chose avec son secours, en trouvant auprès de lui l'éternelle consolation dont nous avonsbesoin.

Telle est l'articulation centrale de la réflexion Pascalienne (Pensée 60) : MISERE DE L'HOMME SANS DIEU(parce que la nature est corrompue) ; FELICITE DE L'HOMME AVEC DIEU (parce qu'il y a un réparateur).

Dans sasituation de misère, loin de Dieu, l'homme s'étourdit de son passé et plus encore de son avenir supposé, mais nepeut, en réalité, jamais d'être heureux.

Dans la situation de félicité, au moment où il a retrouvé Dieu, l'homme peutparvenir au bonheur, à condition de se détourner du monde et de ses divertissements impuissants.

Aussi Pascal,contre l'éparpillement de soi, plaide-t-il en faveur de la méditation.

Il faut se « ramasser en soi-même » pour seconsacrer à ce Dieu « que nous connaissons sans savoir qui il est » (Pensée 233).Ainsi une vie heureuse serait définie par l'accord de l'homme avec Dieu.

Belle définition, sans doute.

Dieu est biencaché ou lointain.

Le transcendant a disparu de notre horizon, nous laissant en ce vide que décrit si bien Pascal.Inutile d'inventer de nouveaux dieux.

Tentons plus simplement de trouver une vie heureuse dans l'accord, sinonavec le monde, du moins avec nous-mêmes.

Pourtant, toute vie ne se vit que dans le présent.

Marc Aurèle affirmait ainsi« souviens-toi que chacun ne vit que dans l'instant présent, dans lemoment ».( Pensées ) De même, pour Nietzsche, c'est la conscience temporelle de l'homme quil'empêche de goûter au bonheur.

Il faut savoir s'extraire du devenir historique,sans penser aux événements antérieurs, ni au devenir.

"il y a toujours quelquechose qui fait que le bonheur est un bonheur la faculté de se sentir pour untemps en dehors de l'histoire." ( considérations inactuelles et intempestives II).

Si l'animal jouit d'un bonheur que l'homme jalouse, c'est parce qu'il n'a pas demémoire supérieure.

Seul l'homme dit « je me souviens » et pour cela il lui estimpossible de vivre heureux et pleinement.

En effet :1) C'est par la mémoire, conscience du passé, que l'homme acquiert laconscience du temps et donc celle de la fugitivité et de l'inconsistance detoutes choses, y compris de son être propre.

Il sait que ce qui a été n'estplus, et que ce qui est est destiné à avoir été, à n'être plus.

Cette présencedu passé l'empêche de goûter l'instant pur, et par conséquent le vraibonheur.2) Le passé apparaît à l'homme comme l'irréversible et l'irrémédiable.

Il marquela limite de sa volonté de puissance.

L'instant présent, ouvert sur l'avenir, estle lieu du possible où peut s'exercer sa volonté de puissance.

Le passé, au contraire, change et fige la contingencedu présent en la nécessité du « cela a été ».

Dès lors la volonté ne peut que se briser sur cette pétrification du. »

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