Devoir de Philosophie

Faut-il se vouer à autrui ?

Publié le 27/02/2008

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Faut-il se vouer à autrui ?

    Autrui est ce qui n’est pas moi. L’altérité est certainement une des catégories fondamentales de l’esprit. Le couple du Même et de l’Autre organise, en effet, une bonne partie de notre expérience. Autrui est autre moi, altérité et pourtant même. Il est ce qui est étranger pour moi. Autrui est d’abord l’Autre, le différent. C’est une autre espèce toute particulière, un moi qui n’est pas moi. Dès lors pourquoi se vouer à autrui, c’est-à-dire se dédier corps et âme à autrui puisqu’il n’est pas moi. En effet, ne dois-je pas commencer par assurer mes propres intérêts avant ceux d’autrui. Or on le remarque par le vocabulaire que l’on emploie et dans la formulation du sujet, la valeur du « faut-il « implique une valeur morale. Et c’est bien la valeur de ce dévouement qu’il s’agit d’interroger.

            S’il peut s’agir effectivement d’un devoir (1ère partie), encore faut-il interroger les motivations de ce dévouement (2nd partie) et saisir la nécessité de se rapport à autrui (3ème partie).

 

I – Devoir envers soi, devoir envers autrui

II – Limites et Echappée

III – Nécessité du rapport à autrui

 

 

 

« mais le devoir en lui-même, le devoir en tant que devoir.

Ou encore : agir moralement, c'est agir en étant déterminépar la seule forme du devoir, et non par son contenu.b) Le risque que l'on peut percevoir est bien le fait que l'on se voue à autrui pour s'oublier soi-même. Or c'est bien ce que l'on peut tirer de l'analyse anthropologique que propose Pascal sur la nature humaine dans les Pensées , notamment dans la pensée « Disproportion de l'homme ».

Comme il le précise, l'homme est un néant d'être.

Depuis lachute, la nature de l'homme se réduite à l'inconstance, l'ennui et l'inquiétude ; notamment face à la mort.

Et c'estdans cette perspective que l'on peut comprendre le rôle du divertissement comme oubli de sa condition.

Or nouspouvons faire ici le parallèle avec cette abnégation.

Elle n'a sans doute rien de saint mais masque plutôt la volontépour l'homme de ne pas se retrouver face à lui-même.

S'occuper d'autrui, se vouer à lui c'est s'oublier.

Dans cas, sevouer à autrui n'est pas un acte moral.c) Bien plus, comme on peut le voir avec Nietzsche , si l'abnégation est un sentiment moral c'est justement parce qu'il est l'expression d'une volonté de néant, c'est-à-dire d'une négation de sa propre vie, de sa puissance.

En cesens, comme il le précise dans la Généalogie de la morale , il s'agit bien d'un acte de la morale, en tant qu'elle se construit dans l'ombre des cabinets de philosophie par des corps faibles.

Ainsi la morale est-elle le langage figuré desaffects ( Par delà bien et mal ).

Il ne faut donc pas se vouer à autrui mais se consacrer à soi en vue de développer sa pleine puissance.

Il faut suivre ses intérêts propres.

Transition : Ainsi est-il difficile de se vouer à autrui si l'on pense ainsi accomplir un acte moral puisque rien n'indique qu'il en soitun.

Mais bien plus, se vouer à autrui totalement c'est se nier en tant qu'être singulier et développer vis-à-vis de soiune volonté de néant, au lieu d'exacerber sa puissance.

Au demeurant, il n'en reste pas moins que le rapport àautrui est essentiel.

III – Nécessité du rapport à autrui a) Il semble impossible de dissocier moi et autrui.

Cette connaissance en prend sens que dans une imbrication, uneinterdépendance.

Et c'est bien ce que l'on peut voir avec Hegel à travers une lecture de la Phénoménologie de l'Esprit et de la fameuse « dialectique du maître de l'esclave ».

Autrui est nécessaire à la constitution de ma conscience.

Sans Autrui, je ne suis rien, je n'existe pas, je dépends de l'autre dans mon être.

Car je ne suis uneconscience de soi que si je me forge et me forme à travers la négation d'autrui.

La conscience n'est pas une îleséparée du monde et des êtres.

Pour réaliser l'unité de la conscience de soi, je dois me faire reconnaître.

C'est doncen moi-même que je porte Autrui.

L'autre me pénètre au plus intime de ma conscience et de ma vie.

Et ce duel oùse ramène les relations humaines est la racine de l'intersubjectivité.b) En effet, comme le propose Levinas dans De l'existence à l'existant , la relation à autrui est asymétrique ce qui signifie qu'« on pense que ma relation avec l'autre tend à m'identifier à lui en m'abîmant dans la représentationcollective, dans un idéal commun ou dans un geste commun.

» c'est-à-dire le « nous ».

Or Autrui, en tant qu'autrui,n'est pas seulement un alter ego.

Il est ce que moi je ne suis pas.

L'essentiel, c'est qu'il a ces qualités de par sonaltérité même.

« L'espace intersubjectif est initialement asymétrique ».

Ainsi, la question est-il plus facile deconnaître autrui que de se connaître soi-même ne doit pas être réduite à cette simple alternative du ou bien… oubien… car ce serait se méprendre sur la connaissance du sujet.c) Et dès lors se pose la question : Pourquoi la conscience est-elle nécessairement en même temps singulière et« pour autrui » ? Comme Levinas le montre dans Dieu, la mort, le temps : la relation à autrui est la médiation nécessaire à la constitution réciproque des sujets conscients et pensants : prétendre penser seul, ce serait secondamner à ne pas être reconnu comme une conscience pour les autres, ainsi que de risquer le solipsisme doncnon seulement ruiner toute possibilité de se connaître soi-même mais aussi autrui en tant qu'il constitue mon alterego, qu'il est un autre moi, dont la connaissance par moi et réciproquement.

Ainsi se développe un champd'intersubjectivité.

Conclusion : Ainsi se vouer à autrui à autrui peut apparaître comme un devoir issue de la morale.

Cependant si l'on peutse vouer à autrui, il n'en reste pas moins qu'il ne doit pas s'agir d'une abnégation qui serait alors une négation desoi.

Cependant, tout le problème est de saisir les motivations de cette vocation et de ce dévouement.

Il peuteffectivement s'agir d'une fuite de soi voire de la négation de sa propre puissance.

Dans ce cas, il ne faut pas sevouer à autrui.

Néanmoins, cela ne doit pas conduire au repli sur soi dans la mesure où autrui est nécessaire à maconstitution à ma propre vie, dans un champ intersubjectif.

[1] Cf.

Kant's Theory of Morals , Chapter VI, 4, pp.188-194, ed.

Princeton University press, Princeton, 1979.. »

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