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Faut-il renoncer à l'utopie ?

Publié le 01/04/2009

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Le terme a été crée par Thomas More à partir du grec ou (privatif) et topos (« lieu «). Le mot signifie donc, en son sens littéral : « ce qui n'est d'aucun lieu «, le « pays de nulle part «.  Platon, dont More fut un lecteur passionné, peut-il être considéré, avec sa République, comme le premier penseur utopiste ? On peut le penser, puisque More donne à son ouvrage le sous-titre : « Discours sur la meilleure constitution d'une République «, ce qui était le propos même de Platon (d'ailleurs, c'est Platon que vise Machiavel dans sa critique des cités imaginaires).  Mais More, contrairement à Platon, ne propose pas de modèle à réaliser et son île, comme son nom l'indique, est explicitement imaginaire. Le livre est écrit au présent : il décrit un monde qui est supposé déjà exister et dont on ne sait pas comment il est né. Cette manière d'éviter le problème de la transformation de la société dans un devenir historique est l'une des caractéristiques du genre utopiste, qui ne se développe qu'à partir de la Renaissance (avec l'Utopie de More, citons la Nouvelle Atlantide [1627], de Francis Bacon et la Cité du soleil [1623], de Campanella). La société utopique n'a pas plus d'avenir historique que de passé : elle est parfaite et n'a pas à évoluer. Il est significatif, à cet égard, que la plupart des utopies étaient situées dans des îles, c'est-à-dire dans un monde clos. L'utopie pense la cité en dehors de l'histoire, hors d'atteinte des vicissitudes du temps.

  • Première partie : Qu'est-ce qu'une utopie ?
  • Deuxième partie : Il faut renoncer aux illusions générées par l'utopie. 

A) L'utopie comme idéologie B) L'utopie comme illusion aliénante. c) L'utopie comme force réactionnaire

  • Troisième partie : utilité de l'utopie

A) L'utopie comme idéal de l'imagination. B) L'utopie comme principe d'espérance. C) L'utopie comme guide du pouvoir politique.

« a) K.

Mannheim (Idéologie et utopie) a montré que l'utopie est un phénomène d'écart traduisant le désaccord del'homme avec la réalité.

Il caractérise la « conscience fausse », celle qui ne peut s'accorder avec son milieuhistorique.— Mais cet écart n'est ni compensation ni évasion hors de l'histoire.

Essentiellement projet, il marque une volonté detransformer la réalité historique.L'utopie est positive puisque ferment révolutionnaire et facteur de changement social.

La disparition de l'utopieengendrerait une situation statique où l'homme lui-même ne serait plus qu'une chose. b) La véritable pensée utopique est la pensée du désordre par rapport à l'ordre établi, et en tant que telle ellecomprend en elle-même son propre principe de destruction qui la prémunit contre le danger de se métamorphoser enidéologie.

Elle s'élève contre toute « routinisation » et régularise la raison pratique. c) L'utopie provoque l'imagination prospective.

En redonnant confiance en la puissance inventive de l'esprit del'homme et en la générosité de son coeur, elle soutient la dynamique sociale et préserve la conscience malheureusede la désespérance. Conclusion Les utopies ne sont ni gratuites ni inutiles.

Elles peuvent parfois se révéler oppressives.

Mais alors sont-elles encoredes utopies? La véritable utopie, parle soupçon et la critique qu'elle instaure, est libératrice.

Elle est un éternelprincipe d'espérance, car toujours « haut dressé sur les décombres d'une civilisation ruinée s'élève l'esprit del'indéracinable utopie » (E.

Bloch). Définir une notion : l'utopie Le terme a été crée par Thomas More à partir du grec ou (privatif) et topos (« lieu »).

Le mot signifie donc, en sonsens littéral : « ce qui n'est d'aucun lieu », le « pays de nulle part ».Platon, dont More fut un lecteur passionné, peut-il être considéré, avec sa République, comme le premier penseurutopiste ? On peut le penser, puisque More donne à son ouvrage le sous-titre : « Discours sur la meilleureconstitution d'une République », ce qui était le propos même de Platon (d'ailleurs, c'est Platon que vise Machiaveldans sa critique des cités imaginaires).Mais More, contrairement à Platon, ne propose pas de modèle à réaliser et son île, comme son nom l'indique, estexplicitement imaginaire.

Le livre est écrit au présent : il décrit un monde qui est supposé déjà exister et dont on nesait pas comment il est né.

Cette manière d'éviter le problème de la transformation de la société dans un devenirhistorique est l'une des caractéristiques du genre utopiste, qui ne se développe qu'à partir de la Renaissance (avecl'Utopie de More, citons la Nouvelle Atlantide [1627], de Francis Bacon et la Cité du soleil [1623], de Campanella).La société utopique n'a pas plus d'avenir historique que de passé : elle est parfaite et n'a pas à évoluer.

Il estsignificatif, à cet égard, que la plupart des utopies étaient situées dans des îles, c'est-à-dire dans un monde clos.L'utopie pense la cité en dehors de l'histoire, hors d'atteinte des vicissitudes du temps.Quelle est donc la fonction de l'utopie, si les pays qu'elle décrit sont imaginaires ? Elle a essentiellement unefonction critique.

Ainsi, dans le livre de More, chaque trait de la vie en Utopie est la critique de la société anglaisedu xvi` siècle.

En Utopie, tous travaillent six heures par jour et personne ne manque de rien ; l'égalité règne entreles habitants alors que, dans l'Angleterre de l'époque, les riches propriétaires de grands troupeaux de moutonss'emparent des terres communales et que la misère se développe (on notera comme un trait caractéristique quetoutes les utopies sont égalitaristes).

Ainsi peut-on, avec Kant, faire de l'utopie un idéal régulateur de la raisonpolitique, une condition limite du progrès moral et politique.La pensée utopiste a connu un nouvel essor au XIXe siècle, avec ce que Marx a appelé le « socialisme utopique »(Owen, les phalanstères de Fourier, etc.) et son projet d'une société harmonieuse, égalitaire et fraternelle. Mais les utopies socialistes présentent, par rapport à celles de la Renaissance, des différences remarquables.D'abord elles ne se sont pas, contrairement à l'oeuvre de More, appelées elles-mêmes ainsi.

C'est à travers Marx, quien fait la critique, qu'on a pris l'habitude de les désigner par l'adjectif « utopique ».Cette désignation est l'indice que les projets de Fourier ou d'Owen ne sont pas seulement « théoriques » oucritiques, mais qu'ils prétendent avoir une valeur pratique pour résoudre l'antagonisme social né de la révolutionindustrielle.

Si Marx qualifie de telles solutions d'« utopiques », c'est précisément parce qu'à ses yeux, leur valeurpratique est nulle.

Pour Marx, cette sorte d'utopie est, de façon ambivalente, à la fois progressiste et réactionnaire: progressiste en ce qu'elle anticipe la société communiste, mais réactionnaire en ce qu'elle ne se donne aucunmoyen pour la réaliser historiquement et que, comme toutes les utopies, elle se réfugie hors de l'histoire dont elleignore les lois et les contraintes.

Ainsi l'interprétation marxiste de l'utopie, comme celle de Machiavel au XVIe siècle,lui refuse-t-elle en fin de compte toute positivité réelle.On remarquera que l'adjectif « utopique », qui est d'ordinaire d'un usage dépréciatif, correspond à cette lecture «négative » de l'utopie.

Il faut ainsi être prudent dans nos formulations : qualifier d'« utopique » le projet de Fourierou la pensée de More renferme déjà sur eux un jugement de valeur ou une interprétation qui ne correspond pas auxintentions des auteurs.. »

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