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Faut-il avoir peur de s'engager ?

Publié le 27/02/2008

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S'engager c'est commencer à agir, produire une action telle que prise dans le cours du temps on pourrait plus revenir dessus sans maîtriser toutes les composantes attenantes à cette attention. Dès lors face à un tel engagement, qui conditionne la suite de notre vie, nous pouvons être hésitant, s'interroger et de ce point de vue le « mariage » si l'on passe la trivialité de l'exemple, semble être paradigmatique. Or pourquoi avoir peur de s'engager : peur de l'inconnu, incertitude des tenants et des aboutissants de l'action etc. Nous vivons dans un monde qui pour nous manque de certitude, c'est-à-dire que la nouveauté surgit même à chaque instant ; elle est concomitante à notre possibilité d'agir. Ainsi face au néant que je vais remplir par ma propre action, il semble que je me détermine que je me ferme des possibilités. Et pourtant, c'est bien là la seule manière de vivre pleinement car nous ne pouvons qu'agir et ne pas s'engager dans une certaine mesure c'est tout de même s'engager de manière négative dans l'autre sens. La peur est donc un sentiment, une passion que l'on peut ressentir face à cet effroi que peut produire l'engagement et face à l'existence, cette peur peut prendre la forme de l'angoisse ou de la nausée. Mais pour autant « faut-il » en avoir peur ? Le « faut-il » implique semble-t-il une absence de nuance, comme un devoir-être, c'est-à-dire la nécessité ou non de s'engager. Or c'est peut-être justement dans la nuance que l'on peut peut-être trouver une voie de salut, ou développer des stratégies de choix et d'usage de la liberté rendant cet engagement moins effroyable comme l'usage de la prudence ou la morale. Cependant, ces vertus ou ces modes d'agir suppose la capacité à pouvoir anticiper l'action et considère qu'une fois cette analyse faite le moi devra opter pour l'un ou l'autre des solutions. Mais n'est-ce pas réduire la complexité de la vie psychique ? Le sujet « faut-il avoir peur de s'engager ? » nous demande de produire une réflexion sur une théorie de l'action possible, c'est-à-dire de comprendre l'interaction entre le choix, la prudence et la liberté à l'aune de la psychologie humaine. C'est bien ce que nous allons essayer de faire en trois moments.             Comprendre en quoi l'engagement peut faire peur (1ère partie), les stratégies mises en place pour rendre son choix plus sûr (2nd partie) et dès lors produire une théorie de l'action qui prendra en compte le rapport du moi et de ses affections avec le mouvement décisionnel jusqu'au passage de la virtualité à l'actualité (3ème partie).

« de la paresse qui ne s'engage pas, qui ne commence pas : elle est indécision radicale.

La peur de l'engagement vientde cette inconnue : de cette indétermination de l'avenir et de moi et cela compte tenu du fait que nous ne vivonspas un monde régit par la nécessité comme la nature peut l'être par les lois de la nature dont les sciencess'occupent.

Liberté est donc responsabilité ; et cette responsabilité se marque non seulement envers moi et autruimais aussi envers l'humanité entière.

Derrière mon projet de vie je développe une vision de l'humanité en moi et c'estbien ce qui peut créer l'angoisse ( L'Existentialisme est-il un humanisme ? : « Ainsi, notre responsabilité est beaucoup plus grande que nous ne pourrions le supposer, car elle engage l'humanité entière […] Je suis responsablepour moi et pour tous, et je crée une certaine image de l'homme que je choisis ; en me choisissant, je choisisl'homme.

») Transition : Ainsi l'homme n'étant qu'un néant d'être qu'il rempli à chaque instant par son engagement à travers l'action, on peutcomprendre le peur de l'engager.

Cette liberté est une responsabilité existentielle envers soi et envers autrui.Pourtant l'homme ne peut pas ne pas agir et il ne peut sans doute pas connaître tous les paramètres inclus dansson action.

Pourtant existe-t-il des stratégies prudentielles qui permettent sans doute de limiter cette peur ou cetteangoisse.

II – Vertu de prudence : le choix réfléchi a) Si l'engagement peut faire peur en effet c'est que le monde humain est un monde incertain comme le montreAristote dans De l'Interprétation I, 9 .

En effet, dans le monde sublunaire il y a de la place pour le contingent.

En ce sens tout n'est pas nécessaire et prévu d'avance.

L'avenir est incertain et c'est bien ce qu'il montre avec les« composibles » avec le fameux cas de la bataille navale.

Nous ne savons pas si la bataille aura lieu demain ou pasmais ce qui est sûre c'est que l'alternative est nécessaire.

Dans notre il en est de même, nous ne pas savoir àl'avance quels effets auront nos choix ce qui crée donc la peur.

C'est pourquoi l'engagement est si difficile.

Pouréviter les erreurs et endiguer cette peur nous pouvons faire appel à une stratégie décisionnelle ici la prudence.

Laprudence est la capacité à effectuer de bons choix et suppose une règle générale de conduite relative à la définitionde la vertu, c'est-à-dire ici d'une certaine médiété.

Mais cette délibération produisant le choix propre au prudentdoit se produire dans l'action au risque sinon d'en être un obstacle.b) Le prudent est en effet celui qui prend de bons choix.

Comme on le voit dans l'Ethique à Nicomaque d'Aristote , 1106b36 : « la vertu est un état habituel décisionnel (qui permet de faire un choix) qui consiste en une moyenne(juste milieu) fixée relativement à nous.

» On voit alors apparaître la notion de proairesis ( proairesis - choix), qui est la notion qui délimite avec le plus de netteté le domaine même de la philosophie pratique : « il semble bien que laproairesis soit ce qu'il y a de plus propre à la vertu, et c'est elle qui permet de juger des traits de caractères, mieuxque ne le peuvent les actions.

» le vertueux en effet peut choisir contre son désir, ce qui distingue le choix du désiret du souhait au sens où je peux vouloir, sur le simple mode du souhait l'impossible.

Cependant, il n'y a pas dedéfinition de la prudence, c'est plutôt un type d'homme comme Périclès : (1140b7) « Périclès et ses semblables sontdes gens prudents dans notre esprit parce qu'ils sont capables de voir ce qui est bon pour eux-mêmes et les autresêtres humains.

Et on croit que ce sont les chefs de famille et les hommes politiques qui sont ainsi.

» Ce qui est icipremier c'est la dimension pratique : la prudence semblerait se déployer essentiellement dans le domaine éthique etpolitique.

La prudence en tant que vertu de la partie délibérative de l'âme concerne les choses contingentes, lesseules sur lesquelles on puisse délibérer.

De plus la prudence concerne le particulier et non l'universel.

Ainsi en tantque vertu de l'intellect pratique, la prudence couronne l'édifice de la philosophie pratique et est doncnécessairement liée à la liberté.

L'homme prudent est un homme libre dans la mesure où il n'est pas soumis au vice.La règle qui doit définir la vertu éthique est donc déterminée par rapport à cette prudence.

En ce sens, le prudentest un homme serein face aux choix, aux divers choix qu'il a à faire.

Il n'a pas peur de s'engager car son choix est lemeilleur possible.

Et une fois le choix déterminé le reste n'est plus de notre ressort.

Le prudent est donc un hommed'expérience.c) On peut définir effectivement définir la prudence comme la disposition pratique accompagnée de règle vraieconcernant ce qui est bon ou mauvais pour l'homme comme cela apparaît dans l' Ethique à Nicomaque d'Aristote . Ainsi, alors que la vertu morale est une disposition pratique concernant le choix, la prudence est une dispositionpratique concernant la règle du choix.

Il s'agit ici, non plus de la rectitude de l'action mais de la justice du critère.Elle n'est cependant pas sagesse car elle porte sur le bien et le mal pour l'homme.

Le prudent n'est pas le pur empirique, qui vit au jour le jour, sans principe et sans perspective, mais il est l'homme des vues d'ensemble.

Et ence sens, l'homme prudent est un homme qui vit dans l'action, au cœur de la cité.

En effet, l'usage de la prudenceest nécessaire au sein de l'activité politique et suppose dès lors un engagement notamment à travers le choix.

Leprudent est donc par excellence un homme engagé dans l'action et non l'inverse comme c'est le cas de Périclès.

Ladélibération n'est pas une entrave à l'action mais bien le contraire ; elle en est la prémisse nécessaire.

Transition : Ainsi il n'est pas nécessaire d'avoir peur lorsque nous formons un choix et que nous nous engageons.

Par la réflexionou plus exactement par un choix réfléchi, l'engagement n'est plus source d'angoisse mais de liberté.

Il semble doncque la liberté puisse se définir comme un lien entre prudence et engagement.

Mais n'est pas ici se mettre surl'aspect psychologique de la décision ? III – Psychologie de la décision. »

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