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Expliquez et, si vous le jugez à propos, discutez cette formule de Ch. Blondel : « La raison et la volonté sont les deux splendides présents que la société a mis dans notre berceau. » ?

Publié le 22/06/2009

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La nature et l'origine des deux grandes fonctions proprement humaines : raison et volonté, fut toujours (et à juste titre) l'un des principaux sujets de méditations et discussions des philosophes : témoin les conceptions empiristes et rationalistes sur l'origine des idées et principes. De nos jours, le problème a reçu des solutions d'un genre nouveau; l'une d'entre elles est la thèse sociologique que Ch. Blondel résume ainsi : « La raison et la volonté sont les deux splendides présents que la société dépose dans notre berceau. «. Une paraphrase de cette formule nous permettra de voir dans quelle mesure elle est, ou non, acceptable. I. — Le commentaire. A. L'idée générale. — L'homme étant, selon la définition classique, « un animal social «, tout ce qui, dans l'homme, dépasse l'animal lui vient de la société à laquelle il participe : « A l'homme physique se surajoute l'homme social. «. Or, de toute évidence, les deux pouvoirs qui élèvent le plus l'homme sont cette faculté de concevoir l'universel, de juger, de raisonner et de formuler des principes absolus : la raison; et cette autre de choisir, après réflexion, le chemin où l'on s'engage, de peser ses décisions et de les prendre : la volonté. La conclusion est logique : « Raison et volonté sont les deux splendides présents que la société a mis dans notre berceau. « Et comment explique-t-on cette double affirmation ?

« a) Une difficulté de base se pose, en effet : pourquoi, parmi tous les animaux vivant en société (et il y en ad'autres), l'homme est-il le seul à posséder raison et volonté? Il faut donc leur assigner une autre origine et l'idéegénérale du système est a priori b) Bien des arguments présentés sont discutables :1° Telle cette fameuse mentalité prélogique des primitifs et des enfants : jamais la participation invoquée n'estassez entière et propre pour détruire l'identité.2° L'universalité et la nécessité des principes de pensées et des inspiratifs d'action ont de bien meilleuresexplications que la contrainte sociale : par exemple, l'identité foncière de la nature humaine en elle-même.La logique collective n'est-elle pas, au contraire, affective et passionnelle, c'est-à-dire irrationnelle ? Et lesvariations de la conscience ne sont-elles pas justement attribuées aux influences du milieu?3° En ce qui concerne spécialement la volonté, la « ligne de plus grande résistance » qui, selon W.

James, lacaractérise ne consiste as seulement à préférer l'idéal supérieur à l'inférieur, mais aussi parfois, et, pour cela même,à résister par une énergie personnelle au « conformisme ».Ne voit-on pas, d'ailleurs, l'influence de certaines volontés individuelles sur un milieu ? c) C'est qu'au fond de la thèse il y a, avec l'esprit de système, un vice fondamental : la pensée collective,l'impératif collectif, ne sont que la pensée et la volonté d'individus vivants en société.

Et, logiquement, le tout n'estpas d'une nature différente de chacun des éléments...

Autrement, ce serait réaliser une abstraction et poser unehypothèse métaphysique inconcevable et gratuite. Conclusion.

— Il faut donc conclure : Que raison et volonté sont bien deux splendides présents que chacun de nous a trouvés dans son berceau, carc'est vraiment par là que nous sommes humains.Manque ces deux présents, dérivant l'un de l'autre, comme l'a vu Blondel, ne nous viennent pas, comme il l'a cru, dela société : ils existent en nous avant toute appartenance formelle à une société, car ils sont un élément essentielde notre nature personnelle et psychologique.Toutefois, l'influence sociale s'exerce sur la formation, le développement Dl l'exercice de notre raison et de notrevolonté.En somme, si l'homme est un «animal sociable», il est auparavant un animal raisonnable»: les deux ne s'opposentpas, mais se distinguent et se complètent.. »

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