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Est-il futile de chercher son inconscient ?

Publié le 27/02/2008

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Analyse du sujet   -          L'inconscient est le concept fondateur de la psychanalyse dont Freud a construit deux interprétations successives : Dans la première Topique : instance de la vie psychique, distinguée du Préconscient/Conscient, constitué à partir du refoulement de certaines représentations (=> Freud, Métapsychologie, L'inconscient). Dans la deuxième Topique (1920) : qualifie les trois nouvelles instances de l'appareil psychique : le Ca (énergie pulsionnelle), le Moi et le Surmoi (intériorisation des interdits) (=> Freud, Essais de psychanalyse / Abrégé de psychanalyse). -          Pour Lacan, l'inconscient est « le discours de l'Autre », c'est-à-dire l'ordre symbolique auquel l'individu accède dès sa naissance par le langage (=> Lacan, Ecrits, Positions de l'inconscient). -          Il ne faut pas perdre de vue, tout d'abord, que la notion d'inconscient est avant tout une hypothèse qui a pour but d'expliquer notre vie psychique dans sa totalité, même dans sa dimension inintelligible par la seule force de la conscience. Si donc elle n'est qu'une hypothèse, on voit difficilement comment elle pourrait être, de fait, une véritable menace. -          Pourtant, il est évident que cette hypothèse, une fois posée, ne laisse pas l'homme indemne. En effet, la notion d'inconscient constitue une véritable rupture dans la conception de la nature humaine telle qu'elle était conçue jusque là. -          Il faut comprendre en réalité, qu'en  tant que simple hypothèse, la recherche de son inconscient pourrait être frappée du sceau de la futilité, c'est-à-dire tout à la fois de l'inutilité, de l'inanité et stérilité. -          En réalité, ce sur quoi va porter l'étude consiste avant tout à prendre en considération les conséquences d'une telle recherche dont la mesure et la gravité vont constituer la réponse à la question : si donc en effet la recherche de l'inconscient, ou plutôt de son propre inconscient implique des conséquences sérieuses et déterminantes dans le domaine pratico moral, alors il semble qu'il faille prendre la mesure du sérieux (méthodologique notamment) et de l'utilité d'une telle recherche. En effet, c'est par l'évaluation des conséquences qu'une telle recherche implique que l'on va pouvoir définir l'utilité ou la futilité, la fécondité ou la stérilité, l'inanité ou le sérieux, d'une telle recherche de son propre inconscient.   Problématique               Peut-on disqualifier toute tentative de recherche de son propre inconscient en affirmant qu'elle est à la fois inutile et non sérieuse ? N'est-ce pas plutôt méconnaître l'importance des implications pratiques et morales qu'une telle notion implique que de refuser de penser à la fois le sérieux et le bien fondé d'une telle recherche de son propre inconscient - c'est-à-dire d'une recherche de connaissance approfondie de soi, comme individu, et de soi comme humain ?

« Freud va être amené à concevoir que bon nombre de maladies, mais aussi d'actes quotidiens s'expliquent si l'on admet l'hypothèse de l'inconscient.

Il yaurait en nous u « réservoir » de forces et de désirs (ou pulsions) dont nous n'aurions pas conscience, mais qui agiraient sur nous..

Pour le direbrutalement, en ce sens, l'homme n'agirait pas (ne choisirait pas ses actes etoute connaissance de cause, dans la clarté), mais serait agi (c'est-à-diresubirait, malgré lui, des forces le contraignant à agir) : il ne serait pas« maître dans sa propre maison », il ne serait pas maître de lui. Empruntons à Freud un exemple simple.

Un président de séance, à l'ouverture dit « Je déclare la séance fermée » au lieu de dire « Je déclare la séance ouverte ».

Personne ne peut se méprendre sur ses sentiments ; il préférerait ne pas être là.

Mais ce désir (ne pas assister au colloque) ne peut s'exprimerdirectement, car il heurterait la politesse, les obligations sociales,professionnelles, morales du sujet.

Notre président subit donc deux forcescontraires : l'une parfaitement en accord avec les obligations conscientes,l'autre qui ne l'est pas et qui ne peut s'exprimer directement, ouvertement.Il y a donc conflit, au sein du même homme, entre un désir conscient,conforme aux normes morales et un autre désir plus « gênant ».

Or, dans notre exemple, ce second désir, malgré la volonté de politesse du président,parvient à s'exprimer, mais de façon détournée, anodine : on dira que « sa langue a fourché ». Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu'il ne veut pas être là.

Mais dans bon nombre de cas, quand ma langue fourche, je nesais pas pourquoi, c'est-à-dire que j'ignore moi-même ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu'un autre.

Or pourFreud le cas est exactement identique et s'interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l'un est gênant et peut être ignoré par le sujet.

Il n'y a pas d'actes innocents ou anodins.

Tous sont révélateurs d'unaffrontement en moi de deux forces.L'hypothèse Freud ienne de l'inconscient revient à dire que bon nombre d'actes « normaux » (oubli, actes manqués, rêves), mais aussi « maladifs », pathologiques (névroses, psychoses, obsessions) s'expliquent en gros selon le même schéma.

L'individu subirait un conflit psychique (dans son âme), conflit parfois extrêmement violent entre les normesconscientes (morales, esthétiques, sociales) et des désirs qui bousculent et négligent ces règles.

Ce second groupede désirs, le sujet les trouverait, s'il en avait conscience, tellement monstrueux, qu'ils ne peuvent parvenir à laconscience que sous une forme voilée, déformée, indirecte : le lapsus, le rêve, ou le symptôme maladif.Le symptôme est donc un compromis entre le désir inconscient et inavouable que je subis, et les normesconscientes et morales que j'accepte.

« Le moi n'est pas maître dans sa propre maison » signifie que je n'ai pas conscience et que je ne maîtrise pas, ne contrôle pas une bonne part de ce qui se passe en moi-même, ce conflit,ce symptôme.L'hypothèse de l'inconscient est donc qu'une bonne partie de ce qui se passe en moi (dans mon âme, ma psyché) nem'est pas connu, m'échappe, et cependant influe sur moi.

C'est ainsi qu'il faut comprendre notre passage : lapsychanalyse se propose de « montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propre maison, qu'il en est réduit à se contenter de renseignements vagues et fragmentaires sur ce qui se passe, en dehors de sa conscience,dans sa vie psychique ».

La plupart des choses qui se passent dans l'âme échappent à la conscience. Pour Freud , o a surestimé le rôle de la conscience dans la vie de l'âme, et ainsi on s'est privé des moyens : ¨ De comprendre bon nombre de phénomènes comme les lapsus et les rêves ; ¨ De soigner un certain nombre de maladies, qui ne peuvent s'expliquer que par le conflit psychique qui agite lepatient. Adopter l'hypothèse de l'inconscient permet de comprendre et de guérir, c'est un gain de sens et de pouvoir.

Le butde la psychanalyse est alors de faire en sorte que l'individu, au lieu de subir les forces qu'il ignore et ne contrôle pas, puisse recouvrer sa liberté.En effet, la psychanalyse découvre que « Je est un autre » pour reprendre Rimbaud .

Il y a en moi un autre , un ensemble de forces, un inconscient qui me pousse à agir malgré moi.

Je subis un conflit dont je n'ai pas conscience,qui est souvent la trace d'un choc vécu durant l'enfance.

En ce sens je suis un être passif et agi, qui n'a ni lecontrôle de lui-même, ni de son passé, un être scindé.

Le but de la cure est de faire en sorte que je prenneconscience de ce conflit, que je reprenne la maîtrise de mon histoire.

Au lieu de subir ce que je ne connais pas, jechoisirai en toute conscience.

Au lieu de la « politique de l'autruche » de l'inconscient, il y aura le choix d'un sujet maître de lui-même.Enfin, notre passage est important en ce que Freud y explique les résistances à la psychanalyse.

« Dans le cours des siècles, la science a infligé à l'égoïsme naïf de l'humanité deux graves démentis ».

Avec Copernic , elle a montré à l'homme qu'in n'était pas au centre de l'univers.

Avec Darwin , elle est en train de montrer que l'homme est un animal comme les autres, qu'il y a en lui une origine animale.Ces deux sciences ont blessé l'orgueil humain, ont montré à l'homme que son sentiment de supériorité était naïf eterroné.

C'est pourquoi les thèses de Copernic valut un procès à Galilée , devant l'Inquisition en 1633.

C'est pourquoi les thèses de Darwin sont jugées à l'époque scandaleuse.

Les hommes refusent ce qui les blesse et y opposent une farouche résistance.

Or, continue Freud : « Un troisième démenti sera infligé à la mégalomanie humaine par la recherche psychologique de nos jours qui se propose de montrer au moi qu'il n'est seulement pasmaître dans sa propre maison. » L'individu est pluriel : il n'est pas seulement une conscience maîtresse d'elle-même ; il subit un inconscient qui lepousse à agir malgré lui.

Redécouvrir et explorer cette zone d'ombre en nous, cette force qui nous rend passif, cedéchirement de l'homme reste le principal acquis de la psychanalyse.. »

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