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Est-ce parce que les Hommes sont injustes qu'il faut des lois ?

Publié le 27/02/2008

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  II-Les lois sont nécessaires parce que l?homme est injuste.               Les lois sont, comme on le sait, simplement restrictives, elles n?énoncent pas ce qu?il convient de faire ou ce qui peut être fait mais simplement ce qu?il est interdit de faire. Il serait naïf de croire qu?une fois les lois posées, les inégalités seraient d?emblée effacées. La loi sert de repère constant pour marquer les limites que l?homme ne peut se permettre de dépasser sous peine de contrevenir à l?ordre public. La présence de lois ne répare donc pas littéralement les inégalités mais sert à les prévenir, à les équilibrer et lorsqu?elles sont trop importantes, à les corrigés (par exemple le droit du travail équilibre les relations entre patrons et employés mais puni l?esclavage).             Sauf à croire que les hommes puissent un jour cohabiter sans problèmes en l?absence de lois, ce qui est évidemment utopique, les lois semblent indispensables au bon fonctionnement de toutes sociétés. Même les sociétés archaïques ont leurs codes, leurs interdits, bref un système de régulation interne qui s?apparente à nos lois. La nécessité de cette régulation tient au caractère de l?homme et à cela qu?il peut se révéler injuste. Il suffit d?observer les enfants, la dureté de leurs jeux pour s?apercevoir qu?être juste ne va pas de soi, cela s?apprend ; les valeurs de justice nous sont inculquées par l?éducation et ce n?est pas un hasard si Hugo écrivait que « ouvrir une école, c?est fermer une prison ».             Mais cette tendance à l?injustice ne tient pas à une quelconque nature maligne de l?homme, que l?on relierait par exemple au péché originel, ainsi que les physiologistes du moyen âge et de la renaissance le faisaient lorsqu?il devaient expliquer l?apparition de maladies chez l?homme.

« fondamentalement égoïste, et que les valeurs morales qui nous sont inculquées ont parfois quelque chose decoercitif et d'artificiel.

Dans sa fiction de l'état de nature, Rousseau met en scène une préhistoire de l'humanité oùles hommes vivent de manière solitaire, et non en groupe, or, même dans la vie de la société les hommes sontfinalement isolés les uns des autres, la participation à la collectivité réclame toujours un certain effort, et lacapacité à accepter des compromis.

III- Le sentiment d'injustice peut-il être antérieur à l'instauration de la loi ? Mais un problème surgit aussitôt, en l'occurrence il faut être prudent et se demander si la perception de l'injustice peut précéder l'instauration de la loi.

En effet, ne faut-il pas plutôt penser que l'injustice ne peut-êtrethématisée, c'est à dire vécue comme telle, que dans un cadre déjà régit par la loi ? Dans les Nouvelles réflexions sur le normal et le pathologique, Canguilhem montre que l'infraction ne naît que lorsque la norme qui la sanctionne est instaurée.

Autrement dit, l'injustice, logiquement première est en réalité chronologiquement seconde, ellen'apparaît comme telle qu'une fois la norme, ici la loi, a été instaurée.

Si l'injustice, comme valeur typique de certains comportements individuels ou collectifs, n'a de sens commetel qu'une fois la norme qui la sanctionne est codifiée, et pour cause, c'est cette norme qui la désigne commeinjustice, alors l'injustice ne peut fonder ni expliquer la nécessité des lois.

Loin que l'injustice motive la loi, ellen'apparaît que dans le cadre de la loi et ne peut donc la justifier.

Pour autant il ne faut pas nier que les lois sontnécessaires pour équilibrer les injustices qui sont l'œuvre des hommes, mais il faut voir que la nécessité des lois nese laisse pas résumer par cette seule dialectique de la protection et de la punition.

La nécessité des lois doit peut-être davantage être comprise comme condition de possibilité de la vie ensociété, non seulement en tant qu'instance régulatrice mais comme ce qui permet la naissance même de la société,c'est ce que Rousseau nous apprend dans Le contrat social .

La société des hommes n'est possible que si elle est fondée sur une codification de son fonctionnement.

Il faut donc des lois pour permettre la vie de la collectivité, lanécessité de la loi est donc avant tout modale, la loi est une condition d'existence de la société.

Hobbes dira qu'en dehors de l'Etat, les hommes jouissent d'une liberté absolue.

Mais chacundisposant de la même liberté absolue, tous sont exposés à subir des autres cequi leur plaît.

La constitution d'une société civile et d'un État oblige à unenécessaire limitation de la liberté : il n'en reste que ce qu'il faut pour vivrebien et vivre en paix.

Chacun perd de sa liberté cette part qui pouvait lerendre redoutable pour autrui.

Dans l'état de nature, chacun jouissait d'undroit illimité sur toutes choses, mais tous disposant du même droit, nul n'étaitassuré de ne rien posséder durablement.

L'État garantira la sécurité d'un droitde propriété limité.

Enfin, dans l'état de nature, chacun était exposé à lamenace d'autrui : il pouvait être à tout instant dépouillé de ses biens et tué.Dans une société civile, seul le pouvoir de l'État s'arroge ce droit.

Un Etatcapable de protéger tous les citoyens de la violence des uns et des autres,de garantir la sécurité de leurs corps et de leurs biens, de leur assurer lajouissance des fruits de leur travail, de faire régner la paix, la civilité, le savoiret la sociabilité ne peut être que despotique.

Pour sortir les hommes del'empire des passions, de la guerre, de la crainte, de la pauvreté, de lasolitude, de l'ignorance et de la férocité, l'État est une puissance absolue,instituée en vue de la paix et de la sécurité.

"Quiconque a droit à la fin, adroit aux moyens." Chaque homme ou assemblée investis de la souverainetésont juges absolus de tous les moyens nécessaires pour protéger ou garantircette fin.

"Une doctrine incompatible avec la paix ne peut pas davantage être vraie, que la paix et la concorde nepeuvent être contraires à la loi de nature." La seule manière d'ériger un État est que tous confient leur pouvoir etleur force à un seul souverain (homme ou assemblée).

Toutes les volontés doivent être réduites à une seulevolonté.

L'État n'est pas un consensus ou une concorde, mais une unité réelle de tous en une seule et mêmepersonne.

Conclusion : Nous avons vu que l'injustice ne pouvait être perçue comme telle que lorsque la loi existe, la nécessité de celle-ci ne saurait donc se résumer au problème de la correction des injustices dans la société.

La détermination desa nécessité est complétée lorsque l'on comprend que la législation est la condition de possibilité de l'existence dela société.

Les lois sont donc nécessaires en tant que fondements de la société et non seulement en tantqu'organes régulateurs des conflits sociaux.. »

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