Est-ce la perception qui nous renseigne sur la réalité ?

Newton écrit : « La vraie méthode [...] pour s'enquérir des propriétés des choses, c?est de les déduire des expériences. [...] la théorie m'est venue [...] en la dérivant d'expériences d'où elle se conclut positivement et directement «. Il illustre son propos en mentionnant l'étendue des corps, leur dureté, leur impénétrabilité, leur gravité, et ce sont ces perceptions des différentes propriétés qui sont à la base de tout savoir scientifique. Cette méthode est appelée méthode inductive : l'expérience d'un certain nombre de cas particuliers conduit à une connaissance générale qui a valeur de vérité. Notre perception est donc la source de toutes nos idées sur le monde, y compris les idées scientifiques.    

II) Les limites de la connaissance issue de la perception  

-         Les énoncés scientifiques produits à partir de nos perceptions sont généraux et non universels. Par là se trouve précisément remise en cause leur valeur scientifique, car la science prétend par définition à l'universalité : les lois qu'elle met au jour doivent s'appliquer à tous les cas de la réalité, sans exception. Or l'empirisme tel qu'appliqué en science (la méthode inductive) ne produit que des énoncés généraux, qui s'appliquent à un grand nombre de cas, mais peuvent ne pas s'appliquer  à tous.  Hume reconnaît lui-même cette limite du savoir empirique : même si ma perception me fait voir chaque jour le soleil se lever, je ne peux tirer de cette observation une loi véritablement scientifique, au sens d'universelle, d'absolue. Il ne s'agit là en effet que d'une assertion provenant de l'habitude d'une certaine perception répétée chaque jour.

Le problème de la perception est complexe: si rien n'existe pour moi en dehors d'une perception, suis-je pour autant assuré de percevoir la réalité en elle-même ? Je sais que l'illusion existe et que les apparences sont trompeuses, mais suis-je capable de les dépasser ?