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Est-ce à la loi de faire le bonheur ?

Publié le 28/05/2009

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La loi désigne un énoncé prescriptif qui s’impose universellement à tous. Elle peut être soit d’ordre moral et s’appliquer aux individus en tant que personnes raisonnables ou elle est, dans le sens ui nous concerne dans ce sujet, d’ordre juridique et politique et s’applique aux individus en tant que citoyens participant à une même collectivité.

Le bonheur est l’état de satisfaction durable qui ne se confond pas avec un simple contentement passager et il constitue la fin de toute existence humaine. Notre problème est un problème d’attribution de fonction : est-ce à la loi qu’il faut attribuer la fonction d’assurer et de réaliser le bonheur des individus ou bien au contraire doit-elle en être radicalement séparée du bonheur ?

Dans la mesure où tous les hommes recherchent le bonheur, il semble qu’on puisse légitimement attribuer à la loi cette fonction d’ordre général. En effet la loi, en organisant les relations entre les hommes,  serait un instrument plus efficace par son contenu prescriptif à visée universelle que la seule volonté individuelle souvent inconstante et ignorante. Toutefois si la quête de bonheur est universelle, rien ne garantit que ce que les individus mettent sous ce nom, recouvre une réalité identique. Or si la loi est instrument politique qui permet d’assurer un contenu d’ordre général, est-ce vraiment à elle de s’occuper d’un but qui est susceptible de différer d’un individu à un autre ? En ce sens ce ne serait pas à la loi de faire le bonheur des individus. Néanmoins si ce n’est pas à elle de réaliser le bonheur individuel, doit-on pour autant penser une séparation radicale entre la loi politique et le bonheur individuel ? 

« Déclaration des droits de l'homme et du citoyen : « tous les hommes sont libres et égaux en droits » ou alors « tout condamné à mort aura la tête tranchée ».

On peut constater que le contenu est général et ne se préoccupe pas dela singularité des individus.

Or le bonheur désigne la satisfaction durable des désirs d'un individu et ses désirsdiffèrent donc du tout au tout d'un individu à un autre.

Par conséquent, si la loi cherche à réaliser le bonheur desindividus, elle ne pourra que niveler leurs désirs et négliger leurs différences propres, au risque d'imposer un bonheuruniversel synonyme de malheur individuel._ S 'il n'y a pas un même bonheur pour tous, il n 'est pas légitime que la loi cherche à réaliser le bonheur de tous.

En effet si le bonheur n 'a de signification qu 'individuelle, il est probable que la loi tentera d 'imposer par la force l 'idéal du bonheur d 'une majorité à une minorité.

Lorsque le tout cherche à rendre les parties heureuses malgré elles, on peut parler d 'holisme oppressif.

L 'holisme est un système de valeur qui estime que la totalité collective est la valeur suprême et s 'oppose à l 'individualisme.

Or si le bonheur ne peut être compris que du point de vue de l 'individualisme, le bonheur que veut imposer la loi à ses sujets sera nécessairement oppressif.

Par conséquent la loin 'aurait pas à se soucier du bonheur de tous puisque il n 'y a de bonheur qu 'individuel. En ce sens ce ne serait pas à la loi de faire le bonheur des individus.

Néanmoins si ce n'est pas à elle de réaliser lebonheur individuel, doit-on pour autant penser une séparation radicale entre la loi politique et le bonheur individuel ? III La loi n'a pas à faire le bonheur des individus, mais elle doit leur assurer les conditions minimales pourpermettre à chacun de rechercher son propre bonheur _ Le bonheur est strictement individuel.

Aussi l 'Etat doit garder sa neutralité à l 'égard des buts de la vie individuelle et il n 'a pas de conception du bonheur de tous qu 'il tenterait de substituer à la quête du bonheur individuelle. Comme l 'écrit Locke dans son second Traité du Gouvernement civil , l'Etat est semblable à un veilleur de nuit qui se soucie seulement de protéger les droits des individus : la vie, la liberté la propriété et les biens.

En tant que veilleurde nuit, l 'Etat n 'a rien à décider ou changer dans les vies individuelles; Il se réduit à rendre possible la coexistence des sphères de liberté individuelles et son activité est essentiellement judiciaire.

L a loi n'a pas à se soucier de rendre les hommes heureux mais seulement à créer les conditions qui ménagent à chacun le droit de chercher son bonheursuivant ce qui lui parait personnellement être le bon.

L 'action étatique n 'est pas prescriptive, mais de garantie juridique._ La loi a pour fonction d'assurer la coexistence pacifique des sphères de liberté.

En effet si c'est à chacun dechoisir le bonheur auquel il désire accéder, toutes les recherches de bonheur ne sont pas permises dans la mesureoù certaines viennent léser celles d'autrui.

Ainsi la loi en général ne s'occupe pas des individus, mais de la relationentre les individus.

Elle doit veiller à ce que chacun puisse chercher son bonheur dans sa sphère de liberté sansoutrepasser les limites des autres sphères de libertés que sont les droits des autres individus.

On peut ainsi qualifierde médiation la fonction générale de la loi dans la mesure où elle met en relation les recherches individuelles debonheur en les subordonnant tous sous une prescription formelle juridique identique : ma liberté s'arrête oùcommence celle d'autrui._ Cependant si les libertés sont garanties, la misère matérielle ne permet pas de profiter du droit de liberté, demême qu 'il ne permet pas de rechercher son bonheur.

Aussi comme le propose John Rawls dans sa Théorie de la Justice, il est peut-être nécessaire que l 'Etat se soucie de ménager les possibilités d 'accès au bonheur sous forme de garanties juridiques sans lesquelles l 'individu ne pourrait rechercher son bonheur.

Ainsi en France, le Revenu minimum d 'insertion est un droit attribué à chaque citoyen adulte, constituant un minimal social destiné à favoriser la quête d 'un bonheur individuel. Conclusion :Puisque le bonheur n 'est pas le même pour tous., la loi n'a pas à se soucier de bonheur individuel, mais seulement à assurer les conditions minimales de la recherche individuelle : la loi ne peut être comprise comme l 'organisation des actions individuelles en vue du bonheur de tous.

Néanmoins, si le bonheur est une affaire privée et individuelle, la loiest ce qui rend possible par des minimas sociaux garantis la poursuite du bonheur individuel.. »

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