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Essayez de montrer comment l'analyse et la synthèse, tout en étant des procédés généraux de l'esprit humain, peuvent prendre dans les différents groupes de sciences des physionomies différentes. ?

Publié le 20/06/2009

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esprit

Introduction. — La tendance à l'unité est une des caractéristiques essentielles de l'esprit philosophique comme de l'esprit scientifique : le savant aussi bien que le philosophe estime avoir fait un notable progrès lorsque, sous la diversité des apparences, il a découvert une identité foncière. C'est ainsi que psychologues et logiciens ramènent les opérations de l'esprit à l'analyse et à la synthèse. Mais si tous les processus mentaux peuvent être ramenés à un membre de ce couple, l'analyse et la synthèse prennent une physionomie bien différente suivant l'objet auquel s'applique l'esprit. Considérant l'ensemble des sciences, nous tâcherons d'abord de montrer comment les opérations mentales se ramènent à l'analyse et à la synthèse; puis, prenant séparément les principaux groupes de sciences, nous verrons le visage particulier qu'y prennent ces deux processus mentaux. I. — L'analyse et la synthèse, procédés généraux de l'esprit. A. Les notions d'analyse et de synthèse. — L'analyse consiste à réduire un tout à ses éléments; la synthèse, à reconstituer le tout à partir de ses éléments.

Les termes mêmes d'analyse et de synthèse évoquent spontanément à notre esprit les expériences chimiques dans lesquelles ces opérations peuvent être effectuées réellement et non pas seulement mentalement, comme dans la plupart des autres sciences. Mais, outre que les opérations réelles d'analyse et de synthèse sont préparées par des opérations mentales, il ne faudrait pas croire que la chimie procède toujours et même habituellement du tout aux éléments effectivement isolés et de ces éléments à un tout nouveau. Le plus souvent, l'élément n'est atteint ou donné que dans un composé où, d'après des recherches antérieures, on sait qu'il se trouve. Ainsi, même en chimie, l'analyse et la synthèse restent dans une grande mesure mentales : c'est, l'esprit, plus que les sens, qui suit les éléments dans les diverses transformations qu'ils subissent, les dissocie ou les associe. L'analyse et la synthèse sont essentiellement des processus mentaux.

esprit

« côtés moins deux.De même que la démonstration mathématique, le raisonnement ordinaire peut prendre la forme synthétique ou laforme analytique : le syllogisme classique.

« Tout homme est mortel, or Socrate est homme, donc il est mortel »,constitue une analyse, car du principe il tire une conséquence.

Mais il peut être présenté sous forme analytique,remontant de la conséquence au principe : « Socrate est mortel, car il est homme, or tout homme est mortel.

» D.

L'induction et la déduction ramenées à l'analyse et à la synthèse.— Mais comme procédés généraux de l'esprit, en même temps que l'analyse et la synthèse, on signale ordinairementl'induction et la déduction.

Aussi, pour confirmer le caractère universel des processus synthétique et analytique, ilne sera pas inutile de montrer que l'induction et la déduction ne sont que des formes particulières de ces processus.L'induction se ramène à l'analyse.

Elle consiste à remonter du fait à la loi, en d'autres termes de la conséquence auprincipe.La déduction n'est qu'une forme particulière de synthèse.

Elle aussi, en effet, procède de la loi au fait ou du principeà la conséquence qui en découle nécessairement. II.

— Diverses physionomies de l'analyse et de la synthèse. Nous l'avons entrevu en effectuant les réductions auxquelles nous venons de procéder, si toute l'activité mentalepeut se ramener à un va-et-vient entre l'analyse et la synthèse, suivant l'objet auquel s'applique l'esprit, cetteanalyse et cette synthèse empruntent des formes très particulières. A.

Processus expérimental et processus rationnel.

— Tout d'abord, reprenant la grande division des sciences déjà invoquée, nous devons reconnaître que, apparemment, l'analyse en usage dans les sciences de la nature etdans les sciences morales n'a pas grand'chose de commun avec l'analyse mathématique.

La première estexpérimentale et consiste en des opérations, mentales ou réelles, sur des objets.

La seconde est rationnelle en cesens qu'elle consiste dans un mode particulier de raisonnement.Sans doute, dans l'analyse et dans la synthèse rationnelles comme dans l'analyse et dans la synthèseexpérimentales, on parle de principes; mais, dans le premier cas», on entend par ce mot des raisons justificatives,tandis que, dans le second, les principes sont les éléments constitutifs de la chose envisagée.

Des deux côtés aussion parle de tout; mais, dans le processus rationnel, le tout est constitué par la conclusion qui établit un rapportentre deux termes, tandis que, dans le processus expérimental, il consiste en un objet réel ou du moins considérépar hypothèse comme tel.De là une autre différence essentielle dans les démarches de l'esprit : quand nous faisons une analyse ou unesynthèse expérimentales, nous constatons un fait; au contraire, dans l'analyse et dans la synthèse rationnelles,nous avons l'intuition d'un droit ou d'une nécessité.

Sans doute, ce second caractère se présente aussi danscertains processus des sciences expérimentales, mais dans la mesure seulement où elles ont évolué vers la formerationnelle ou mathématique.Observons maintenant, à l'intérieur de ce grand cadre, les adaptations de l'analyse et de la synthèse à leur objet, etnous les verrons se diversifier comme en éventail. B.

Diverses formes d'analyse et de synthèse expérimentales. — Le sociologue, l'historien, le psychologue, tout aussi bien que l'anatomiste, le chimiste et le physicien recourent constamment à l'analyse et à la synthèse.

Onentrevoit dès lors les différences que présentent ces» procédés quand on passe de l'un à l'autre.

Nous devons nousrestreindre à quelques observations.Dans certains cas privilégiés de physique ou de chimie, l'analyse et la synthèse sont réelles: l'opération aboutit àdes éléments effectivement séparés ou part de ces éléments pour refaire le composé : c'est ainsi que le prismedécompose la lumière blanche et la recompose.

Le plus souvent, nous l'avons dit, on ne parvient pas d'un seul coupà dissocier un corps en ses» éléments simples; ceux-ci doivent d'abord entrer dans d'autres systèmes avant depouvoir être isolés; l'expérimentateur sait néanmoins qu'ils existent et présentent une individualité bien précise;aussi peut-il les suivre comme pas à pas dans les combinaisons successives par lesquelles ils passent.Il n'en est pas de même en psychologie et dans les sciences morales, pour lesquelles il est essentiel de recourir àdes méthodes psychologiques.

Non seulement on ne peut pas isoler les sentiments ou les raisons et les observer enquelque sorte à l'état pur, mais dans les états complexes qui seuls nous sont donnés, les composants n'apparaissentpas nettement individualisés comme l'atome du chimiste : mobiles et motifs restent, sous le regard d'un espritcritique, essentiellement imbriqués les uns dans les autres.

Analyse et synthèse sont donc, dans ce domaine, nonseulement purement mentales ou imaginaires, mais encore imprécises et conjecturales Si elles présentent pour noustant d'intérêt, c'est que nous expérimentons en nous-même les situations envisagées; mais cela même différenciel'analyse et la synthèse psychologique de l'analyse et de la synthèse effectuées dans les laboratoires des sciencesde la nature.Remarquons enfin combien l'analyse et la synthèse historique diffèrent de l'analyse et de la synthèse pratiquées parle chimiste ou par le psychologue.

Ces derniers partent de l'objet complexe qu'il s'agit de ramener à ses élémentsconstitutifs pour connaître sa nature.

Si la méthode de l'histoire se calquait sur celle des sciences expérimentales,l'analyse historique partirait d'un fait historique donné dans sa complexité concrète et chercherait à déterminer seséléments.

Or, nous le savons, les choses se passent tout autrement : le fait historique n'est pas donné; aucontraire, il s'agit de le construire ou plutôt de le reconstruire.

Ce sont les éléments qui sont donnés, mais non pasdans leur pureté, le temps ayant exercé son action corruptrice.

L'analyse consistera à discerner dans ce donné cequi vaut et ce qui ne vaut pas : analyse, sans doute, mais combien différente de l'analyse chimique.

L'analysehistorique prépare une synthèse; mais cette synthèse n'a que de lointains rapports avec celle qui s'effectue dansune cornue : elle se réduit en définitive à une vue d'ensemble des faits établis par l'analyse, vue dont il est. »

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