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EPICTETE: L'homme isolé

Publié le 08/05/2005

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L'isolement est l'état d'un homme qui n'est pas secouru. Car il n'est pas vrai que l'homme seul soit par là même un isolé, ni que celui qui est dans la foule ne soit pas un isolé. En fait, lorsque nous perdons un frère, un fils ou un ami, sur qui nous nous reposions, nous nous disons à l'abandon et isolés, alors que souvent nous sommes à Rome où nous rencontrons une telle foule, où nous habitons avec tant de gens, où nous avons parfois une multitude d'esclaves. Par définition, l'homme isolé est un homme privé de secours et exposé à ceux qui veulent lui faire tort. Aussi, dans un voyage, nous nous disons isolés, lorsque nous tombons sur des brigands ; car ce n'est pas la vue d'un homme qui supprime l'isolement mais celle d'un homme fidèle, consciencieux et bon. [...] Néanmoins, il faut avoir aussi la faculté de se suffire à soi-même et de pouvoir être seul avec soi-même. [...] nous devons pouvoir nous entretenir avec nous-mêmes, pouvoir nous passer des autres sans manquer d'occupations, réfléchir [...] à nos rapports avec le reste du monde, examiner ce qu'était auparavant notre attitude par rapport aux événements et ce qu'elle est maintenant, quelles sont les choses qui nous accablent encore et les moyens d'y remédier ou de les supprimer ; et si nous avons des tâches à accomplir, il faut, en les accomplissant, se conformer à la règle qui leur est propre. ÉPICTÈTE

POUR DÉMARRER    L'isolement, qui vous laisse sans secours, doit être distingué de la faculté d'accéder à la solitude : nous devons être autosuffisants, libérés des autres et voués à une réflexion solitaire sur notre condition.    CONSEILS PRATIQUES    Réfléchissez bien sur la passivité de l'isolement et l'activité de l'autosuffisance, expression de notre liberté. Il y a là deux notions très hétérogènes. Nous devons nous faire et nous construire seuls, parfois, pour réfléchir sur nous-mêmes.    BIBLIOGRAPHIE    ÉPICTÈTE, Entretiens, éditions de poche.

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« Ainsi c'est le besoin d'autrui qui crée la nécessité d'autrui et le sentiment d'isolement lorsque ce tuteur ou cettefigure paternelle et rassurante disparaît.

L'isolement n'est donc pas la solitude bien au contraire être solitaire cen'est pas être isolé mais gros de soi-même et ne pas avoir besoin d'autrui c'est-à-dire être autonome etindépendant.

II – Le retour vers soi a) La seconde partie de ce texte est nettement marquée par cette restriction adversative « néanmoins ».

En effet,pour saisir pleinement le propos d' Epictète , l'isolement pour qu'il ne soit pas la solitude doit s'accompagner de la faculté c'est-à-dire la capacité de rester seul avec soi.

Il s'agit en effet d'une question relative à la nature humaine,c'est-à-dire dans notre condition anthropologique.

Se suffire à soi-même c'est avoir la capacité de rester seul avecsoi-même c'est-à-dire ne plus fuir dans l'extériorité ou dans le divertissement donc avoir la possibilité de rester enplace ou plus exactement de rester autonome et indépendant.

En ce sens Epictète développe le paradigme du sagestoïcien.b) C'est en ce sens qu'il s'agit de savoir « s'entretenir avec soi-même ».

Il s'agit de produire ce que l'on pourrait unedichotomie du sujet ou une certaine schizophrénie dans la mesure où il faut dialoguer avec soi-même.

Or ce dialoguece n'est rien d'autre que le retour de la pensée sur elle-même c'est-à-dire une réflexion typique du miroir.

Il s'agitd'être capable de rester seul simplement.

D'une certaine manière il s'agit de pouvoir s'extraire de cette conditiongrégaire dans laquelle nous sommes.

L'homme est animal social mais il s'agit clairement ici d'aller vers plusd'autonomie et d'indépendance.

Il s'agit se savoir de ne plus être dépendant.

Le problème vient donc clairement decette impossibilité souvent ressentie de pouvoir rester à nos occupations seuls c'est-à-dire de pouvoir agir sans lanécessité d'autrui.

L'autarcie devient alors la qualité essentiel du sage.

Il faut savoir être riche de soi-même.c) Il ne s'agit pas nécessairement de se couper du monde mais de ne pas dépendre de son existence proche.

Il fautdonc repenser notre rapport au monde et notre rapport autrui vers plus d'indépendance.

Mais la question est doncbien de voir que l'on se situe ici dans une évolution de l'enseignement d'Epictète.

En ce sens l'attitude déjà exigé undétachement du monde ou plus exactement de comprendre comment notre volonté peut ou ne peut pas et donc neplus craindre le monde extérieur et agir sereinement.

Il s'agit donc ici de poursuivre cette mutation outransformation de notre attitude pour avoir la capacité de ne pas dépendre d'autrui.

Ainsi l'enseignement d'Epictètepeut se comprendre comme la recherche de cette paix intérieure qui constitue la vie du sage stoïcien c'est-à-dire lamise en exergue de cette méditation et de l'ascétisme.

Ainsi il a montré qu'il ne fallait craindre la solitude, le mondeextérieur etc.

Il s'agit donc de faire justice à soi-même et celle-ci consiste justement dans l'usage propre à chaqueactivité : il faut alors simplement agir en conséquence suivant simplement l'objet que l'on a en vue.

Conclusion : Ainsi si l'isolement n'est pas identifiable à la solitude c'est bien parce que l'isolement n'est pas le fait d'êtreseul mais de se sentir seul c'est-à-dire démuni, sans soutien.

C'est donc la dépendance vis-à-vis d'autrui qui est lacause de cet isolement.

En ce sens, on peut bel et bien être seul au milieu de la foule.

Epictète met donc enexergue le paradigme du sage stoïcien comme cet homme indépendant, autonome et quasi autarcique.

Il s'agit depouvoir être riche de soi-même, de pouvoir rester seul et de réfléchir avec soi-même c'est-à-dire penser en tantqu'il s'agit d'un dialogue intérieur.

Nous ne devons donc pas nous accabler de la solitude car elle n'est pas fatale etl'isolement est aisément dépassable par un retour sur soi et vers soi.. »

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