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ÉPICTÈTE: La philosophie naît du conflit

Publié le 27/02/2008

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Le commencement de la philosophie, c'est le sentiment du conflit des hommes entre eux; on cherche d'où vient le conflit ; l'on juge avec méfiance la pure et simple opinion ; l'on examine si cette opinion est juste, et l'on découvre une règle comme on a découvert la balance pour les poids et le cordeau pour les lignes droites ou courbes. Voilà le début de la philosophie. Toutes les opinions sont-elles justes ? Comment pourraient-elles l'être si elles se contredisent ? - Toutes ne sont donc pas justes, mais du moins celles qui sont les nôtres. Et pourquoi celles-ci plutôt que celles des Syriens ou des Égyptiens ? Pourquoi les miennes plutôt que celles de tel ou tel ? - Pas plus les unes que les autres. - Il ne suffit donc pas qu'une chose paraisse vraie pour qu'elle le soit ; quand Il s'agit de poids et de mesures, la simple apparence ne nous suffit pas, et nous avons inventé une règle pour chaque cas. Ici donc, n'y a-t-il pas une règle supérieure à l'opinion ? Comment ce qu'il y a de plus nécessaire chez les hommes pourrait-il être impossible à deviner et à découvrir ? - Il y u donc une règle. - Et pourquoi ne la cherchons-nous pas, ne la découvrons-nous pas, et, l'ayant découverte, ne l'employons-nous pas sans la transgresser jamais, fût-ce pour tendre le doigt ? ÉPICTÈTE

questions indicatives    Le commencement de la philosophie :  * est-ce « le sentiment de conflit des hommes entre eux « ? de quel conflit ? conflit de quel ordre ? dans quel domaine ?  * est-ce de juger « avec méfiance la pure et simple opinion « ?  * est-ce de découvrir « une règle « ?    Importance,de la notation de « contradiction « (cf. Logique de la philosophie, Eric Weil, Vrin : le chapitre intitulé « La logique de la communauté «, pages 22 et suivantes) ?    Ce texte est-il toujours « d'actualité « ? Si oui, en quoi, et pourquoi ?    Qu'est-ce qui est en jeu fondamentalement dans ce texte ?

 

Dans ce texte, extraits des Entretiens, le sage stoïcien nous montre que la philosophie naît de l'exigence d'une norme nécessaire et universelle, destinée à dépasser la diversité des opinions contradictoires, et donc le conflit entre les hommes.

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« A) Première grande partie : « Voici [...] tordu » D'emblée le problème soulevé concerne le point de départ, non pas temporel à proprement parler, mais logique, de laphilosophie.

Quel est son acte réel de naissance ? Quelle est son origine ? Comment trouver son fondement logiqueet rationnel ?La philosophie naît quand s'effectue une prise de conscience, c'est-à-dire une saisie intuitive de la conscience,quand les hommes se trouvent face à un constat radical : celui du conflit qui s'empare des individus et des groupes.C'est de cette perception de l'antagonisme, de la lutte des consciences entre elles que naît la philosophie.

Lapremière évidence, en effet, n'est pas celle de l'harmonie, de la réciprocité, de l'unité, mais celle de l'oppositionradicale.

Le premier antagonisme porte sur l'opinion, à savoir un jugement intermédiaire entre la connaissance etl'ignorance, un jugement ne relevant pas d'une connaissance rationnelle vérifiable et d'un fondement rigoureux.L'opinion désigne un jugement incertain et les hommes entrent en conflit les uns avec les autres, car l'opinion, si ellen'est pas rigoureuse, se donne, de manière abusive, les apparences du vrai savoir.

D'où une lutte, une suited'antagonismes.Qu'exige alors la philosophie ? La recherche de ce qui produit le conflit.

Or ce qui crée le conflit, c'est l'aspectdouble de l'opinion : elle désigne un savoir incertain se donnant pour un savoir vrai.

Aussi faut-il se méfier et opérerune critique de l'opinion, à savoir examiner ce jugement intermédiaire dans le dessein de l'évaluer et de formuler unjugement d'appréciation à son sujet.Il convient aussi de produire et de créer une norme, à savoir une règle ou un modèle décrivant ce qui doit être etpar rapport auxquels seront formulés les « vrais » jugements de valeur.

De même que l'on invente des instrumentsde mesure comme la balance ou le cordeau (petite corde tendue entre deux points), nous créerons un étalon,destiné à servir de mesure et donc à établir la paix et le dialogue entre les hommes de bonne volonté.

Donc la normepermettra de substituer le dialogue à la violence et aux antagonismes initiaux. B) Deuxième grande partie : « Est-ce [...] vérité » Le deuxième paragraphe reprend le problème de l'acte de naissance fondateur de la philosophie.

Ce qui est juste,c'est-à-dire conforme au vrai, est-ce ce qui semble tel à chacun ? Est-ce que le vrai se situe au niveau de la pureapparence ? Immédiatement surgit le problème essentiel : comment des opinions qui s'opposent en exprimant lecontraire (ex.

: le chaud et le froid, le bien portant et le malade) peuvent-elles être dites justes ? Pourquoi notresubjectivité (« à nous ») plutôt que celle des Syriens et des Égyptiens ? plutôt que celle d'un autre ? Épictète metici l'accent sur l'inconsistance d'une vérité subjective et apparente, qui conduit à autant de positions qui secontredisent, exprimant le contraire ou le contradictoire.Ainsi, le jugement sans fondement rigoureux, ne relevant pas d'une connaissance rationnelle véritable, estinsuffisant pour déterminer la vérité, à savoir ce qui est valable pour tous les sujets, ce qui est en accord avec leréel.

Donc la philosophie naît de la volonté de dépasser des opinions qui se contredisent et qui établissent desvérités qui s'opposent.

Or la vérité ne peut comporter ces oppositions : la vérité est une.

Donc il faut un critèredépassant l'opinion.

Sans cette norme (universelle), nous resterons dans la contra-diction.

Il nous faut dépasser l'univers des contraires en lutte, pour atteindre la sphère du vrai commun à tous.

Telest le point de départ de cette philosophie, qui veut déterminer une vérité universelle et objective. C) Troisième grande partie : « Nous [...] nécessaire ? » La troisième grande partie commence par récapituler, selon le mouvement très lent et très pédagogique quicaractérise ce texte, les acquisitions antérieures.

Le passage à la norme, au critère, au modèle de vérité caractériseles différents champs d'analyse : on va alors de l'apparence phénoménale à la mesure véritable.

Il s'agit donc dedéterminer, c'est-à-dire de délimiter avec précision un modèle supérieur à l'opinion individuelle.Une nouvelle notion, celle du nécessaire, est ici introduite.

Est nécessaire ce qui est universellement vrai, ce dont lavérité ne peut être niée.

L'idée d'une vérité objective se trouve donc maintenant énoncée catégoriquement parÉpictète.

C'est l'universel qui est le vrai et qui va caractériser cette norme recherchée par les philosophes.

Dès lors,à travers le nécessaire, se découvre enfin un consensus mettant fin aux discordes liées à l'inconstante et fragileopinion.

Philosophie et nécessité sont liées.

La philosophie exige le nécessaire.

Elle répudie l'opinion subjective,source de conflits entre les hommes. D) Quatrième grande partie : « Il y a [...] pouce ? » Par conséquent, il existe un modèle objectif et universel permettant de dépasser la contingence des opinionsindividuelles.

Mais la philosophie, non seulement recherche un modèle et un paradigme vrais — ou du moins capables de nous conduire vers le vrai — maisl'utilise rigoureusement, selon une logique inflexible.

Par conséquent, elle se révèlecapable d'opérer une réflexion rigoureuse, au sein d'un univers conceptuelcomplètement cohérent et ordonné.

Dès lors, ce qui se présente à nous enphilosophie, c'est un ensemble de pensées structurées de manière logique, sans lemoindre écart par rapport à cette rigueur et cette logique sans lesquelles il n'y apas de philosophie.

La philosophie naît du dépassement de la diversité contradictoireou contraire des opinions et du passage à la cohérence totale.

Elle part de principesconnus et parfaitement définis pour gagner ainsi un champ de pensée complètement PARADIGME : Modèle idéal qui permet une meilleurecompréhension et une meilleurepratique.. »

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