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Epictète: Philosophe stoïcien, devenu infirme

Publié le 22/02/2012

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Philosophe stoïcien, devenu infirme à la suite des mauvais traitements infligés par un maître cruel, il mit ses principes en action et refusa de se plaindre, considérant son corps comme une simple enveloppe de l'âme. Le nom d'Epictète, qui signifie " acquis ", témoigne de son statut d'esclave. Né à Hiérapolis, en Phrygie, il aurait servi dans la maison d'Épaphrodite, l'un des affranchis de Néron. Libéré à la mort de l'empereur, il fut plus tard chassé de Rome avec d'autres philosophes, par Domitien, qui considérait que la doctrine stoïcienne encourageait l'opposition à son autorité. Epictète ne produisit pas d'écrits, mais son enseignement est parvenu jusqu'à nous par l'intermédiaire de son disciple Arrien. Il suivit la doctrine des premiers stoïciens et Socrate et Diogène furent ses modèles historiques. Même s'il aborda la physique et la logique, à l'instar de tous les stoïciens, Epictète s'intéressa surtout à la morale. L'homme est considéré comme élément d'un état divin, lié par la vertu de la rationalité à Dieu et à ses semblables. Il dispose pourtant du libre arbitre et est responsable de ses choix et de ses actions. Comme tous les êtres animés, l'homme est mû par l'intérêt personnel, mais la meilleure façon de préserver les intérêts de chacun et d'atteindre le bonheur consiste à contribuer au bien-être commun. Le but du philosophe est de grandir dans la connaissance de Dieu et de faire sienne la volonté de la nature. Nombreux furent les premiers chrétiens à être séduits par la consonance religieuse de l'enseignement d'Epictète.

« médecin qui invite à se faire soigner par lui ? " Il ne se croit nullement la vocation du Cynique, messager des dieux,qui s'adresse à tout venant et sermonne les foules.

Il indique parfois qu'il agit sur l'ordre, sur la " recommandation "du Dieu ; mais cette mission porte concrètement sur la formation des jeunes gens, et ceux-ci viennent la luidemander.

Le stoïcisme d'Epictète évite ainsi la difficulté propre à toute doctrine du bonheur qui se veut universelleet qui, préalablement, doit prouver la misère de ceux qui se prétendent heureux.

Comme Socrate, Epictèten'accepte pas de converser avec n'importe qui.

Un jeune homme riche et de bonne famille s'en plaint : " Je suis venuà toi avec le désir de t'entendre, et tu ne m'as jamais répondu.

" Epictète se prête à un entretien, puis le renvoie : "Pourquoi ? Parce que tu ne m'as pas stimulé.

Que puis-je observer en toi qui me stimule, comme le sont les cavalierspar les chevaux de bonne race ? Ton corps ? C'est honteux la façon dont tu le soignes.

Tes vêtements ? Eux aussi,ils sont trop luxueux.

Ton maintien, ton regard ? Absolument rien.

Quand tu voudras entendre un philosophe, ne vapas lui demander : " N'as-tu rien à me dire ? ", mais contente-toi de lui montrer ta propre compétence à l'entendre,et tu verras alors comme tu l'inciteras à parler.

" Parfois, Epictète appelle " sourds et aveugles " les sceptiques oules Épicuriens : " Pourquoi opposer encore quelque argument à ces gens-là, ou leur apporter une raison ou enrecevoir une, ou essayer de les faire changer d'idées ? " Mais c'est là bien moins le dogmatisme dépité, injuriant lesendurcis, que l'exaspération du médecin devant le malade qui ne veut pas l'aider.

Ailleurs, il se borne à un diagnosticsans passion : " Il ne va pas bien.

" " C'est un cabinet médical, l'école d'un philosophe...

car vous n'y êtes pas venusbien portant.

" De la misère des hommes, la charge de la preuve n'incombe pas entièrement au philosophe ; ceux quiviennent le trouver ont déjà mis en question leur santé. " Les hommes conviennent facilement de certaines de leurs misères, mais pour d'autres, ils font difficulté...

Quelle enest donc la raison ? La principale, c'est l'incohérence et la confusion dans tout ce qui concerne le bien et le mal,mais suivant les gens, les raisons sont différentes, et l'on peut dire que tout ce qu'ils croient être honteux, ils n'enconviennent pas du tout.

On s'imagine que la timidité est le fait d'un bon caractère, ainsi que la pitié, tandis que lasottise paraît être le fait d'une âme d'esclave ; et les fautes contre la société, ils ne les admettent nullement.

Pourla plupart des erreurs, la raison principale qui nous porte à en convenir, c'est qu'on s'imagine y découvrir un élémentinvolontaire, comme dans la timidité et la pitié.

Et si l'on doit s'avouer intempérant, on met en avant l'amour, afind'être excusé comme d'un acte involontaire.

" Au centre de cet examen de conscience est l'idée d'esclave.

" Les hommes " et le philosophe s'accordent pourrépudier l'état de la servitude, et de part et d'autre on définit la liberté par la volonté droite et le jugement éclairé.C'est à partir de là que commence le conflit et la " confusion ".

Les hommes professent une morale d'intention.

S'ilsne font pas le bien qu'ils aiment (et qu'ils connaissent), c'est la faute de " l'élément involontaire ", si bien nommé.Celui-ci agit comme un obstacle et une force majeure ; il prive l'intention de son fruit, mais ne la corrompt pas ; ilcontraint, sans asservir.

A quoi Epictète oppose l'adage socratique : " Nul n'est méchant volontairement ", qui prendle sens d'une morale d'efficacité.

Dans l'ordre du Destin, un événement, en cela même qu'il arrive, fait voir qu'il a lavolonté de Zeus pour cause antécédente.

A l'inverse, tout échec humain fait conclure à l'absence de cause etprouve que le succès n'a même pas été voulu.

" L'élément involontaire " n'est donc pas un écran qui vient séparerl'intention de son résultat ; il fait corps avec l'intention et, dès l'origine, l'aveugle et la dévie : " Les jugements,quand ils sont faux, font la volonté mauvaise.

" En sorte que, s'ils conviennent de leurs " misères involontaires ", leshommes avouent cette ignorance qui leur " paraît être le fait d'une âme d'esclave ". On trouve, dispersés à travers les Entretiens, les éléments d'un traité De la servitude humaine.

Le principe de cetraité est fort simple.

La servitude se définit par l'ignorance concernant les choses qui dépendent de nous et cellesqui n'en dépendent pas.

Ce qui dépend de nous, c'est la volonté, " cette faculté de propension et d'aversion, cepouvoir de désirer et de refuser ".

Il ne faut donc pas projeter hors de nous " l'élément involontaire ", comme unpersonnage mythique figurant l'obstacle et l'excuse de nos échecs, mais l'admettre dans l'intimité et dans l'identitéde notre " décision volontaire " ou, comme on traduit parfois, de notre " personne morale ", et comprendre qu'àcette volonté morale, " rien ne peut faire obstacle, rien de ce qui ne dépend pas d'elle, mais seulement elle-même,quand elle est pervertie ". Principe de la servitude, l'ignorance se retrouve dans chaque cas d'espèce, dans chaque " représentation ".

Lavolonté libératrice ne sera donc jamais volonté en général, mais toujours à l'égard de telle représentation donnée.C'est pourquoi Epictète l'appelle souvent " le pouvoir d'user des représentations ".

Bien sûr, il accepterait de dire,avec Spinoza, que la servitude est " l'impuissance de l'homme à gouverner et à contenir ses affections " ; cettedéfinition même ne fait que formuler une vérité stoïcienne.

Mais un des traits les plus originaux, et les plusmodernes, de la philosophie d'Epictète, est d'avoir analysé le mécanisme de la servitude et d'avoir compris qu'il apour moteur une surestimation des choses, une interprétation débordante, une soumission, non pas aux choses,mais aux signes, en un mot cette aliénation qui livre la personne aux représentations envahissantes et annonce ledélire.

L'usage des représentations est une discipline et une technique de guérison pour interprétants. Quand il dit : " Nous avons les événements pour maîtres, et ils sont nombreux ", Epictète emploie une métaphorebanale, mais que ses auditeurs devaient être tout près d'entendre au sens propre.

L'empire des choses est conçusur le mode du pouvoir politique et du régime social.

On leur prête une volonté de domination qui exige l'obéissance,mais surtout le respect.

Les rois ne disposent pas seulement " de mon corps, de mes biens, de ma réputation, demes amis...

(ils disent :) " Je veux aussi commander à des jugements.

" Toute tyrannie est spirituelle.

Résister à lapression des choses, c'est d'abord ruiner leur prestige.

L'usage des représentations vise à cela. Mais il n'entreprend rien de plus et n'attaque nullement les choses mêmes (pas plus que les pouvoirs établis).

Laméthode ne consiste pas à décréter le néant des choses et à opposer un despotisme à un autre.

Le stoïcien ne dira. »

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