En quoi mon désir est-il mien ?
Publié le 27/02/2008
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Il existe enfin des besoins non vitaux, qui
sont de pures créations sociales, productions de notre société de consommation,
et qui sont mis en scène (par exemple dans la publicité) comme des besoins
vitaux. Posséder tel ou tel objet devient un impératif social tellement fort que
l'on en vient à lui attribuer une valeur vitale.
Le désir en revanche n'a pas d'objet
déterminé, autrement dit, l'objet par lequel on entend combler notre désir nous
laisse insatisfait tandis que le besoin est provisoirement apaisé par l'objet
visé et obtenu. Le désir ne se laisse pas comprendre comme la satisfaction d'une
pulsion, comme la réparation d'un manque. Il est investi d'une apparente
gratuité et il apparaît comme inconditionnel et injustifiable, tandis que le
besoin peut toujours être expliqué en termes de stimulus-réponse que ce soit au
niveau biologique ou social. Dans son livre Introduction à une phénoménologie
de la vie, Renaud Barbaras compare le rapport du besoin au désir à celui,
thématisé par Heidegger, de la peur à l'angoisse. De même que l'angoisse est
pour ainsi dire une peur sans objet, dont le motif est invisible, de même le
désir est un besoin indéterminé ; en effet, à l'inverse de ce qui se passe pour
le besoin, la visée du désir ne se confond pas avec le désiré, ce qui est visé
est toujours en deçà du désir, ce dernier n'est jamais comblé, il excède le
simple besoin. Dans Totalité et infini Lévinas insiste sur ce point : le
désir est comme attisé par ce qui est censé le comblé. Le sujet désirant est
pareil au tonneau des danaïdes dont parlait déjà Platon : il se vide à mesure
qu'on le remplit. Mais cette dynamique est différente de celle de la renaissance
du besoin.
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