Devoir de Philosophie

En quel sens peut-on parler d'une magie du langage ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

langage
Le langage peut se définir comme une fonction générale de communication : la faculté d'exprimer verbalement sa pensée, comme un pouvoir d'expression verbale. Quant à la magie, on peut dire qu'elle se caractérise par la croyance aux esprits, c'est-à-dire à des entités qui sont matérielles et pourtant invisibles, et qui pénètrent dans des êtres concrets : pierres, arbres, animaux ou humains. Mais surtout, la magie est à la fois le domaine du mysticisme, c'est-à-dire aussi du religieux et mais aussi de l'extraordinaire, du fabuleux, du merveilleux, même si chacun de ses termes à signification propre. Dès lors, peut-on associer magie et langage ? Le langage n'est-il pas fait et a pour première vocation à être un instrument de communication, c'est-à-dire ayant une valeur référentielle ? Dans ce cas, parler de magie du langage serait un jeu de langage mais surtout un détournement de la valeur de cette dernière. Pourtant, force est de constater que le langage pour certain aspect paraît concomitant avec le domaine de la magie notamment dans son aspect créatif tel que la poésie mais aussi dans sa valeur performative.  Il convient dans ce cas de s'interroger sur la valeur et la fécondité cognitive pour la compréhension de ce qu'est le langage de l'expression « magie du langage » ce que nous invite à faire le sujet dans sa formulation même : « en quel sens peut-on parler d'une magie du langage ? » La question sera bien celle du sens, c'est-à-dire de la signification, c'est dès lors un travail d'élucidation et de conceptualisation de cette expression qu'il faudra produire, et voir les conséquences et implication pour une théorie du langage.
langage

« vie courante sont vagues.

» Dès lors, si l'on veut une pensée précise et scientifique, on ne peut se satisfaire dulangage et c'est bien pour cela que l'usage sémantique, la définition et la recherche du terme adéquat dans l'œuvred'Husserl, comme on peut le voir dans ses Idées directrices pour une phénoménologie , est si important.

Et c'est pour cela que des penseurs comme Frege, correspondant d'Husserl notamment, exiger que « la logique [devienne]législatrice pour la langue » et en cherchant une élucidation définitive des termes employés.

Et c'est pourquoi lapensée devenant ce manque de clarté et de scientificité des mots doit abandonner le l'usage des mots et deslangues et se tourner comme le propose Frege dans ses Ecrits logiques et philosophiques vers une « écriture conceptuelle », c'est-à-dire à une symbolisme logique.

Or si le langage ne s'y prête pas c'est plus simplement que làn'est pas sa fonction essentielle.c) En effet, il se sortir de l'idée selon laquelle la fonction référentielle serait essentielle ou première.

Et dès lorss'explique pourquoi le langage n'est pas spécifiquement rigoureux comme on peut le voir à travers l'exemple desmétaphores vives et mortes dans l'ouvrage de Ricœur : la Métaphore vive .

La métaphore morte est l'exemple même de la virtuosité du langage qui est devenue monnaie courante dans toutes nos langues.

Prenons un exemple : « lespieds d'une chaise ».

Nous avons à faire ici clairement avec un trope, c'est-à-dire à une figure d'expression.

Or lelangage est essentiellement une tropologie, et la vivacité d'une langue se mesure alors à sa capacité à produire denouvelles figures, de nouvelles métaphores.

Et c'est bien ce qui distingue une langue vivante d'une langue morte.

Lafonction référentielle n'est donc ni essentielle, ni première.

Transition : En ce sens, si le langage n'a pas pour but essentiel ni même premier de décrire ou de se référer à quelque chose,sans doute faut-il s'interroger sur l'origine de ce langage, et pourquoi pas voir dans la poésie cette magie dulangage, c'est-à-dire cette force première : cette vie de l'esprit.

III – Magie et poésie a) Si l'on ne peut réduire le langage à sa valeur proprement instrument c'est que le sens propre dans l'histoire de laformation des langues n'a pas été premier.

En effet, comme le dit Rousseau dans son Essai sur l'origine des langues « le sens propre fut trouvé le dernier […] D'abord on parla en poésie ».

Le langage n'est donc absolument pas en premier lieu instrumental.

Ce n'est que par fixation qu'il est devenu ainsi ce qui explique par ailleurs l'emploide métaphore morte comme on vient de le voir.

Si le langage est magique c'est parce qu'il a rapport aux affectionsde l'âme donc à la vie de l'esprit et non à l'usage de la raison : « On ne commença pas par raisonner, mais parsentir.

On prétend que les hommes inventèrent la parole pour exprimer leurs besoins ; cette opinion me paraîtinsoutenable.

[…] De cela seul suit que l'origine des langues n'est point due aux premiers besoins des hommes […]Des besoins moraux, des passions.

Toutes les passions rapprochent les hommes que la nécessité de chercher àvivre force à se fuir.

[…] des accents, des cris, des plaintes.

Voilà les plus anciens mots inventés, et voilà pourquoiles premières langues furent chantantes et passionnées avant d'être simples et méthodiques.

» C'est pourquoi, lesens propre ne fut pas le premier puisqu'on ne parla d'abord qu'en poésie.b) Or c'est bien en ce sens que l'on peut prendre toute la mesure du rapport magique du langage avec la parole dupoète qui n'est rien d'autre sinon un rapport particulier au sacré créant un rapport de la magie au mysticisme.

Et onpourra se rappeler à juste titre le rôle que joue la parole et le langage en général dans toute religion notammentdans le shamanisme et l'animisme.

Or quel est la vocation du poète ? Il est celui qui va au devant du divin, ilrecherche à rendre aux hommes l'accès possible aux signes divins.

Et il est bien alors au sens de Bergson dans les Deux sources de la morale et de la religion ce mystique ou ce magicien.

De ce point de vue, on pourrait se référer au poème de Höderlin dans Hymne « Tout comme au jour de fête » .

Et cette conception du sacré dans la parole est un long topos comme on peut le voir déjà apparaître chez Platon dans le Gorgias : « Discours est un grand tyran qui porte à leur achèvement les actions divines en de microscopiques éléments matériels qui sont perceptibles.Il a la force de mettre un terme à la peur, d'apaiser la douleur, de produire la liesse, et d'inciter à la pitié.

C'est ceque je vais maintenant montrer.[...] Je pense que toute poésie est un discours qui possède de la mesure, et je ladénomme ainsi.

Ses auditeurs sont pénétrés de la crainte entourée d'un cortège de terreur, de la pitié qui fait verserd'abondantes larmes, de l'idéal qui éveille la nostalgie ; sous l'effet des paroles, l'âme éprouve une passion qui lui estpropre à l'évocation des heureuses fortunes et des malheurs propres aux gestes et aux personnes des autres gens.Mais passons maintenant à un autre argument.

Les incantations enthousiastes, par le seul moyen de paroles,introduisent en nos âmes le plaisir, et en chassant la peine.

Car, en se mêlant à l'opinion dans l'âme, la force del'incantation l'a charmée, persuadée et transportée par sa magie.

»c) En dernier lieu, si le langage poétique a une valeur magique c'est sans doute aussi dans sa portée proprementontologique.

En effet, la parole poétique place le poète face à l'être même.

Et c'est bien ce que l'on peut voir avecMallarmé lorsqu'il parle de la poésie comme d'un chant qui convoque « la notion pure », « idée même et suave ». Ce rôle de convocation est proprement révélateur et c'est là tout le pouvoir de la poésie comme magie du langage.En déployant la virtuosité du langage, la poésie convoque l'être même.

Et c'est peut-être alors que l'on peutcomprendre comme le propose Heidegger dans Qu'est-ce que la métaphysique ? que « le langage est la maison de l'être », comme il reprendra dans une lettre à Jean Beaufret.

Conclusion : S'il l'on peut dire que le langage est magique ou qu'il y a une magie du langage c'est notamment par le langage lui-même est d'essence poétique comme le montre une approche génétique.

Le langage est alors mystiquevoire sacré et c'est ce qui explique que la poésie ait un lien avec le divin mais aussi avec l'ontologie.

Il y a donc une. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles