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En quel sens les échanges sont-ils le fondement de la vie sociale ?

Publié le 01/03/2009

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En quel sens les échanges sont-ils le fondement de la vie sociale ?

Un fondement n'est pas une origine ; il est ce qui fonde et maintient une substance. L'origine a eu lieu une fois. Le principe soutient en permanence. Il faut donc comprendre que le social trouve son unité dans et par l'échange. Social est ici à entendre comme la société, l'organisation sociale, les relations institutionnalisées entre les hommes, appelées aussi société civile. Mais vu le rôle de "base" joué par le social ainsi entendu, il est permis d'y intégrer le politique, voire l'économique en tant qu'ils appartiendraient au système unifié par le social. Par sa nécessité et sa quotidienneté, l'échange est à même de remplir cette fonction d'organisation. La société sera refaite à chaque échange et dans chaque échange se trouvera, symboliquement, la société toute entière. Toute la structure sociale est présente dans chaque interaction rappelle Bourdieu. Le devoir demande à être organisé en fonction des types d'échanges qui supportent la société, sans se limiter aux marchandises : échange d'objets / d'idées et de comportements / échange de sujets : - échange économique, qui suppose une solidarité des individus qui ont besoin les uns des autres pour leur nourriture et protection. Platon et Aristote ont déjà insisté sur cette dimension positive de la division des tâches. Mauss, dans l'Essai sur le Don, montre que l'échange chez les primitifs constitue un "fait social total" qui fait jouer toutes les dimensions du social (économique, technique, esthétique, religieux, etc.). La société y est en son entier présente et recimentée. - échange d'idées et comportements; - échange des femmes, tel que l'a décrypté Lévi-Strauss dans Les Structures Élémentaires de la Parenté : La vie sociale humaine est fondée sur l'échange de ce bien par excellence que sont les femmes. L'exogamie (= mariage à l'extérieur du groupe) est l'autre face de la prohibition de l'inceste. On accède ainsi à l'idée que le social est structuration de l'échange, que toute institution constitue une règle d'échange, ce qui permet à chacun d'intégrer autrui dans son comportement (définition du social par G.H. Mead). Les échanges apparaissent comme la rencontre instituée ou instituante de l'autre.

 

« des richesses qui font l'objet d'échanges.

Par la circulation des marchandises mais aussi des hommes, il acquiert unemaîtrise sur la nature et traduit ainsi le désir de construire un monde à son image. Derrière les échanges : l'exploitation. «Mais dès l'instant qu'un homme eut besoin du secours d'un autre, dès qu'ons'aperçut qu'il était utile à un seul d'avoir des provisions pour deux, l'égalitédisparut, la propriété s'introduisit, le travail devint nécessaire, et les vastesforêts se changèrent en des campagnes riantes qu'il fallut arroser de la sueurdes hommes, et dans lesquelles on vit bientôt l'esclavage et la misère germeret croître avec les moissons.» Rousseau, Discours sur l'origine et lesfondements de l'inégalité parmi les hommes (1755). • Rousseau montre que, dans les échanges, la situation de départ est en faitrarement égalitaire.

Du coup, les échanges, même s'ils semblent équitables,creusent les inégalités. • Ainsi, avec l'invention de la propriété privée (distincte de la simplepossession), un système apparemment équitable d'égalité devant le droit depropriété, est venu recouvrir et renforcer les inégalités de fait.

Telle a été la«ruse des riches», de faire passer l'inégalité de fait pour une égalitéapparente.• La notion marxiste de «lutte des classes» reprend cette idée, en montrantque les acteurs sociaux n'ont, face aux échanges, ni le même statut ni lemême pouvoir selon qu'ils sont propriétaires des moyens de production (les «bourgeois» dans la société industrielle)ou qu'ils n'ont que leur force de travail (les prolétaires).

Puisque « la production économique et la structure sociale qui en résulte nécessairement forment, à chaque époque, la base de l'histoire politique et intellectuelle de l'époque », le « Manifeste » affirme que « toute l'histoire a été une histoire de lutte de classes ».

Mais la démonstration à laquelle se livre Marx ne s'arrête pas là: rendant intelligible le passé de l'humanité, elle en annonce également l'inéluctable avenir.

En effet, « Cette lutte a actuellement atteint une étape où la classe opprimée et exploitée (le prolétariat) ne peut plus se libérer de la classequi l'exploite et l'opprime sans libérer en même temps et pour toujours la société entière de l'exploitation, del'oppression et des luttes de classes.

» Réfutant un certain nombre d'interprétation fautives du Marx isme, Lénine affirme dans « L‘Etat & la Révolution » que l'oeuvre de Marx ne saurait se limiter à cette seule découverte de la lutte des classes : l'idée de la « lutte des classes » n'est rien en effet si on ne la combine pas à celle de « dictature du prolétariat ».

Elle reste pourtant l'un des concepts clés de la théorie Marx iste et Lénine le reconnaissait bien qui, dans un texte de 1914 consacré à Marx déclarait : « Que, dans une société donnée, les aspirations des uns aillent à l'encontre de celles des autres, que la vie sociale soit pleine de contradictions, que l'histoire nous montre une lutte entre les peuples etles sociétés, aussi bien qu'en leur sein, qu'elle nous montre en outre une alternance de périodes de révolutions et depériodes de réaction, de guerres et de paix, de stagnation et de progrès rapide ou de déclin, ce sont là des faitsuniversellement connus.

Le Marx isme a fourni le fil conducteur qui permet de découvrir l'existence de lois dans ce labyrinthe et ce chaos apparents : c'est la théorie de la lutte des classes.

» La théorie de la lutte des classes est donc, aux yeux d' Engels , l'idée maîtresse de Marx comme elle est, aux yeux de Lénine , le fil conducteur qui permet de comprendre l'histoire humaine.

C'est sur elle en tout cas que s'ouvre le texte du « Manifeste ». Ce que pose en son début ce texte est bien une règle d'interprétation générale de l'histoire. Quelle que soit l'époque que l'on considère, la société est en effet le lieu du conflit –ouvert ou dissimulé- que selivrent oppresseurs et opprimés : « Hommes libres et esclaves, patricien et plébéien, baron et serf, maître d'un corpsde métier et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerreininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformationrévolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction de deux classes en lutte.

» Marx & Engels proposent donc bien une vision de l'histoire.

Celle-ci est totalement en accord avec leur philosophie matérialiste telle qu'ils ont pu déjà l'exposer en partie dans « L'idéologie allemande ».

Dans le devenir de l'humanité,ce sont, en dernière instance, les infrastructures qui déterminent les superstructures.

Ce qui signifie que ce sont lesrapports économiques qui définissent, dans tous les cas, la société et les classes qui, s'y affrontant, sont elles-mêmes définies par la place qu'elles occupent dans le système de production.

De ce fait, dire de l'histoire qu'elle estl'histoire de la lutte des classes revient donc à rappeler que l'histoire n'est pas un pur chaos d'événements. »

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