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Edmund Husserl et la recherche logique

Publié le 22/02/2012

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Toujours davantage à mesure que s'écoule le temps, c'est sous le signe du paradoxe que nous apparaît l'oeuvre d'Edmund Husserl. Cet homme simple, modeste, incertain de lui-même, a eu pour ambition de recommencer la philosophie et d'instaurer vraiment sinon le cartésianisme du moins le Cogito. Et cet immense projet s'est sans cesse et très profondément modifié sans porter atteinte à la confiance que nourrissait en lui son auteur, au point qu'il ne nous est même pas permis d'en mesurer exactement le sens et la portée. Husserl est devenu philosophe, et grand philosophe, comme sans le vouloir et à partir des difficultés que soulève, pour le mathématicien, le statut réel de l'objet de sa science. Quand il commence de réfléchir, le psychologisme, tendance dominante à l'époque, s'efforce de réduire les lois de la pensée aux conditions mentales du fonctionnement de celle-ci.  On ne saurait, mathématicien, s'arrêter à de telles solutions. Elles méconnaissent le vrai problème qui est de savoir ce que signifie cette exigence d'intelligibilité que le mathématicien pose en mesure effective de ses affirmations, cette science que la nature accepte pour règle. Répondre à ces demandes en montrant que notre esprit est fait de telle façon, c'est leur opposer une fin de non-recevoir. Comme l'a dit Husserl, on vérifie la marche d'une machine à calculer en se référant aux lois du nombre, non aux lois de la mécanique qui n'interviendront que pour en réparer les défauts. Aussi Husserl va-t-il chercher chez deux philosophes anti-psychologistes les éléments d'une doctrine qui lui permettra de lutter contre le psychologisme. Il devra à Brentano l'idée de l'intentionnalité, à Bolzano celle de la distinction radicale entre un acte mental et la signification visée ou établie par cet acte. A dire vrai, ces deux principes fondamentaux de sa philosophie vont recevoir un sens différent de celui que leur reconnaissaient ces deux auteurs. Chez Husserl, l'intentionnalité désigne l'essence même de la conscience ; celle-ci existe selon un mode d'être qui l'épuise dans la visée de l'autre qu'elle-même. S'il n'y a pas de connaissance sans connu, il n'y a pas non plus de volonté sans voulu, d'amour sans aimé, de haine sans haï, etc. On en pourrait, peut-être, déduire que la conscience n'est rien en elle-même puisqu'elle peut être tout mais sur le mode du non-être. Toutefois, cette conséquence qui ramène au coeur de la conscience la négativité hégélienne n'a pas été aperçue par Husserl, dont l'anti-hégélianisme, inspiré du climat philosophique de son temps, demeura constant et souvent injuste.

husserl

« Toujours davantage à mesure que s'écoule le temps, c'est sous le signe du paradoxe que nous apparaît l'oeuvred'Edmund Husserl.

Cet homme simple, modeste, incertain de lui-même, a eu pour ambition de recommencer laphilosophie et d'instaurer vraiment sinon le cartésianisme du moins le Cogito.

Et cet immense projet s'est sans cesse et très profondément modifié sans porter atteinte à la confiance que nourrissait en lui son auteur, au point qu'il nenous est même pas permis d'en mesurer exactement le sens et la portée.

Husserl est devenu philosophe, et grandphilosophe, comme sans le vouloir et à partir des difficultés que soulève, pour le mathématicien, le statut réel del'objet de sa science.

Quand il commence de réfléchir, le psychologisme, tendance dominante à l'époque, s'efforcede réduire les lois de la pensée aux conditions mentales du fonctionnement de celle-ci.

On ne saurait, mathématicien, s'arrêter à de telles solutions.

Elles méconnaissent le vrai problème qui est de savoir ce que signifie cette exigence d'intelligibilité que le mathématicien pose en mesure effective de ses affirmations, cette science que la nature accepte pour règle.

Répondre à cesdemandes en montrant que notre esprit est fait de telle façon, c'est leur opposer une fin de non-recevoir.

Comme l'a dit Husserl, on vérifie lamarche d'une machine à calculer en se référant aux lois du nombre, non aux lois de la mécanique qui n'interviendront que pour en réparer lesdéfauts.

Aussi Husserl va-t-il chercher chez deux philosophes anti-psychologistes les éléments d'une doctrine qui lui permettra de lutter contre lepsychologisme.

Il devra à Brentano l'idée de l'intentionnalité, à Bolzano celle de la distinction radicale entre un acte mental et la signification visée ou établie par cet acte.

A dire vrai, ces deux principes fondamentaux de sa philosophie vont recevoir un sens différent de celui que leurreconnaissaient ces deux auteurs.

Chez Husserl, l'intentionnalité désigne l'essence même de la conscience ; celle-ci existe selon un mode d'être qui l'épuise dans la visée de l'autre qu'elle-même.

S'il n'y a pas de connaissance sans connu, il n'y a pas non plus de volonté sans voulu, d'amour sansaimé, de haine sans haï, etc.

On en pourrait, peut-être, déduire que la conscience n'est rien en elle-même puisqu'elle peut être tout mais sur le mode du non-être.

Toutefois, cette conséquence qui ramène au coeur de la conscience la négativité hégélienne n'a pas été aperçue par Husserl, dontl'anti-hégélianisme, inspiré du climat philosophique de son temps, demeura constant et souvent injuste.

Quant à la distinction bolzanienne de l'acte et de son objet, elle conduisait chez son auteur à une théorieautonomiste des rapports et des objets logiques, considérés comme subsistant en eux-mêmes à part de touteréférence à l'esprit qui les pense.

C'était un logicisme, et Husserl devait être gardé du logicisme par une autre deses thèses fondamentales, présente très tôt à son esprit, mais dont il mit longtemps à rendre explicites toutes lesexigences : la thèse du primat de la perception dans l'ordre cognitif, du perçu dans l'ordre objectif.

Convaincu donc de l'inanité des diverses solutions classiques au problème qui l'occupe, Husserl repart à nouveaux frais.

Il réclame que, faisant fides préjugés de la tradition, des solutions toutes faites ou inspirées par une problématique devenue incompréhensible, la philosophie s'enretourne " aux choses elles-mêmes ".

Il veut que cette philosophie soit d'abord descriptive et qu'elle opère du point de vue d'un spectateurimpartial.

Il attend de cette description qu'elle fasse enfin accéder la philosophie au rang d'une science rigoureuse et il n'imagine pas encore que l'idée de science est analogique, que le parallélisme entre l'objet et la méthode d'investigation auquel il est soumis doit nécessairement entraînerune différence capitale entre la science du quantitatif et celle du tout en tant que tel.

Ces considérations expliquent que le premier ouvrage de Husserl s'appelle les Recherches logiques.

Avant de trancher par oui ou non aucune question, il convient de mettre au clair le sens de ses termes tels qu'ils seprésentent.

Ainsi la philosophie de Husserl débute-t-elle par une analyse minutieuse effectivement visée par lesconcepts fondamentaux de la logique au sens le plus large, matérielle ou formelle.

Il s'agit de mettre au jour ce quele philosophe pense et vise effectivement lorsqu'il parle de science, de vérité, de jugement, d'essence ; de dégager,ensuite, les conditions effectivement posées pour que ces notions puissent être constituées dans le sens qui leur aété reconnu.

La tâche du phénoménologue consiste à poursuivre de proche en proche toutes les implicationsnécessairement avancées pour que la connaissance et la science humaines puissent se présenter comme elles seprésentent en fait.

Au terme de cette recherche, la phénoménologie car c'est d'elle qu'il s'agit est à même deprésenter une science de la science et du savoir, une logique rigoureuse.

On ne pouvait manquer de se méprendre sur la portée ontologique d'une telle entreprise.

Certains y ont vu avec joie une réhabilitation d'unréalisme passé de mode en 1900, qui s'étonnèrent ensuite de la tournure " idéaliste " prise par la pensée de Husserl vers 1913, époque des Idées directrices pour une Phénoménologie.

Ils se trompaient deux fois.

On doit, en effet, tenir pour un objectif essentiel de toute phénoménologie la volonté de surmonter par l'intentionnalité, l'opposition jusque-là irréductible de l'idéalisme et du réalisme.

Certes, cet objectif n'est parvenu quetard à la conscience explicite du philosophe et il faut même reconnaître qu'en attendant, il le contredit par certaines affirmations littérales dans lesIdées notamment qui se réclament de l'idéalisme ; pourtant il nous semble être déjà à l'arrière-plan de la première grande oeuvre de Husserl et lui donner son vrai sens.

Les significations dont l'analyse remplit les Recherches logiques sont tenues pour valables en elles-mêmes parce que le problème de leur " applicabilité " à une " matière réelle extrinsèque " paraît à Husserl un parfait non-sens.

Ce problème, en effet, est imperméable àces significations mêmes : si je me demande ce que l'on entend effectivement par science et par vérité et si cette analyse me découvre par définition les seuls sens réels de ces mots, ce n'est plus un problème scientifique et vrai que de s'interroger sur la portée de la science et de la vérité à l'égard d'une matière ou d'une réalité situées absolument hors d'elles.

Déjà Husserl s'avise que la signification est totalement inséparablede ce dont elle est la signification comme aussi de la conscience pour laquelle elle signifie.

Mais cette thèse, à partir de laquelle idéalisme etréalisme sont renvoyés dos à dos, ne pouvait être comprise des premiers lecteurs des Recherches logiques dont elle donne la clé, ni être pensée à propos du volume lui-même où elle se rencontre pourtant souvent à propos de problèmes particuliers parce que Husserl y demeure encoreprisonnier dans son langage et dans sa pensée de certaines idées de Bolzano H1033 .

Il ne voit pas encore que cette solidarité de la signification et du signifié, qu'il découvre partout à l'intérieur de l'ordre logique, demeure valable pour l'ordre logique lui-même dans ses rapports avec l'ordre réel- mais déjà il est entré dans le mouvement qui le lui fera reconnaître.

L'idée de la réduction phénoménologique H025M3 , qui apparaît pour la première fois vers 1907, lui fera faire dans cette direction un pas important.. »

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