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Descartes: la société... et le bonheur

Publié le 14/05/2010

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Descartes, Lettre à Elisabeth Il y a une vérité dont la connaissance me semble fort utile : qui est que, bien que chacun de nous soit une personne séparée des autres, et dont, par conséquent, les intérêts sont en quelque façon distincts de ceux du reste du monde, on doit toutefois penser qu'on ne saurait subsister seul, et qu'on est, en effet, l'une des parties de l'univers, et plus particulièrement encore l'une des parties de cette terre, l'une des parties de cet Etat, de cette société, de cette famille, à laquelle on est joint par sa demeure, par son serment, par sa naissance. Et il faut toujours préférer les intérêts du tout, dont on est partie, à ceux de sa personne en particulier; toutefois avec mesure et discrétion, car on aurait tort de s'exposer à un grand mal, pour procurer seulement un petit bien à ses parents ou à son pays; et si un homme vaut plus, lui seul, que tout le reste de sa ville, il n'aurait pas raison de se vouloir perdre pour la sauver. Mais si on rapportait tout à soi- même, on ne craindrait pas de nuire beaucoup aux autres hommes, lorsqu'on croirait en retirer quelque petite commodité, et on n'aurait aucune vraie amitié, ni aucune fidélité, ni généralement aucune vertu; au lieu qu'en se considérant comme une partie du public, on prend plaisir à faire du bien à tout le monde, et même on ne craint pas d'exposer sa vie pour le service d'autrui, lorsque l'occasion s'en présente; voire on voudrait perdre son âme, s'il se pouvait, pour sauver les autres.

L'homme doit-il s'affliger de devoir suivre sa raison et non ses inclinations, désirs, intérêts particuliers, etc. ? Perd-il quelque chose de soi en faisant cela ? Ne peut-il y prendre aucun plaisir ? Tout dépend de la réponse qu'on va donner à la question suivante : l'homme est-il naturellement sociable ? Ne vit-il en société que par nécessité ? Ou bien vit-il en société pour s'épanouir et devenir un être humain digne de ce nom ?  Descartes semble plutôt pencher pour la seconde thèse. Ce qui est normal car, en bon stoïcien, il défend tout le long, la thèse selon laquelle il faut vivre sous la conduite de la raison, de l'universel. Pas en s'en affligeant, donc, pas par "nécessité" sociale ! Si donc cette vérité (cette thèse) est "utile", c'est pour que justement nous finissions à adhérer à la vie en société non pas par contrainte, mais par obligation.

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