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DESCARTES: La figure, la grandeur, le mouvement, le lieu, le temps

Publié le 17/04/2005

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descartes
Il examine ce que c'est que la vérité ; et pour moi, je n'en ai jamais douté, me semblant que c'est une notion si transcendentalement claire, qu'il est impossible de l'ignorer : en effet, on a bien des moyens pour examiner une balance avant que de s'en servir, mais on n'en aurait point pour apprendre ce que c'est que la vérité, si on ne la connaissait de nature. Car quelle raison aurions-nous de consentir à ce qui nous l'apprendrait, si nous ne savions qu'il fût vrai, c'est-à-dire si nous ne connaissions la vérité ? Ainsi on peut bien expliquer quid nominis à ceux qui n'entendent pas la langue, et leur dire que ce mot vérité, en sa propre signification, dénote la conformité de la pensée avec l'objet, mais que, lorsqu'on l'attribue aux choses qui sont hors de la pensée, il signifie seulement que ces choses peuvent servir d'objets à des pensées véritables, soit aux nôtres, soit à celles de Dieu ; mais on ne peut donner aucune définition de logique qui aide à connaître sa nature. Et je crois le même de plusieurs autres choses, qui sont fort simples et se connaissent naturellement, comme sont la figure, la grandeur, le mouvement, le lieu, le temps, etc., en sorte que, lorsqu'on veut définir ces choses, on les obscurcit et on s'embarrasse. Car, par exemple, celui qui se promène dans une salle, fait bien mieux entendre ce que c'est que le mouvement, que ne fait celui qui dit : est actus entis in potentia prout in potentia, et ainsi des autres. DESCARTES
descartes

« En fait, l'impression vécue de certitude n'est pas suffisante pour caractériser le jugement vrai.

Car on peutse croire dans le vrai et cependant se tromper.

Je veux éprouver un sentiment très fort et très sincère decertitude et pourtant être dans l'erreur.

C'est une grave objection à la théorie de l'évidence-vérité.Comment distinguer les fausses évidences et les vraies évidences, C'est ici qu'un critère serait nécessaire.Descartes disait Leibniz, « a logé la vérité à l'hostellerie de l'évidence mais il a négligé de nous en donnerl'adresse ».

Souvent les passions, les préjugés, les traditions fournissent des contrefaçons d'évidence.

Nousavons tendance à tenir pour claires & distinctes les opinions qui nous sont les plus familières, cellesauxquelles nous sommes habitués.

Les idées claires trop claires sont souvent des « idées mortes ».

Enrevanche, les idées nouvelles, révolutionnaires, ont du mal à se faire accepter.

Au nom de l'évidence de laprétendue évidence, c'est-à-dire des traditions bien établies et des pensées coutumières, les penseursofficiels, installés dans leur conformisme, ont toujours critiqué les grands créateurs d'idées neuves.Aussi, pour Leibniz qui juge l'évidence intuitive toujours sujette à caution, le raisonnement en forme fournitl'instrument du vrai, car il dépasse le psychologique pour s'élever au logique, au nécessaire.

A l'immédiatetéde l'intuition il oppose les étapes nécessaires de la démonstration, conçue comme chaîne où l'on substitueaux définis les définitions, et selon un ordre d'implication logique dont le syllogisme fournit un des modèles.

«Tous les hommes sont mortels.

Or, Socrate est un homme.

Donc Socrate est mortel.

»S'il est évident queSocrate est un homme, cette évidence, pour être communiquée et fondée, requiert l'appel, non à uneintuition, mais à la formalisation des relations d'implication logique entre des idées qui ne sauraient êtreconsidérées comme des absolus, mais comme les résultats de définitions ou de démonstration.Toutefois, et aussi loin que l'on pousse ce travail de réduction des éléments par application du principed'identité, n'est-il pas inévitable de parvenir à un terme pour lequel on jugera que l'évidence intrinsèque durapport ou du défini est, en fin de compte, et au moins pour nous, plus claire que la démonstration que l'onpourrait en tenter ? Et quel que soit par ailleurs le degré de formalisation des règles, ne faut-il pas toujoursjuger qu'elles sont correctement appliquées ?Ainsi force nous est de constater que le débat entre intuitionnisme et formalisme ne saurait se clore aubénéfice unique de l'un des deux termes, ce qui est probablement le signe qu'ils constituent non pas deuxéléments strictement antithétiques, mais plutôt deux pôles irréductibles de la connaissance humaine.

Ce queDescartes affirme, contre les critiques du formalisme, « tout critérium qu'on voudra substituer à l'évidenceramènera à l'évidence » De même, cette définition de la vérité comme adéquation a été critiquée par Kant.

Si on admet que maconnaissance d'un objet doit s'accorder avec lui pour être vraie ; mais, pour que je puisse juger de cetaccord il faudrait que j'en saisisse les deux termes.

Dans ces conditions remarque Kant, « le seul moyen quej'ai de comparer l'objet avec ma connaissance, c'est que je le connaisse », ce qui constitue un cercle, « car,puisque l'objet est hors de moi et que la connaissance est en moi, tout ce que je puis apprécier, c'est si maconnaissance de l'objet s'accorde avec ma on de l'objet ».Cette définition est incontestable mais imprécise.

Car il reste à interpréter cette conformité, cette fidélité dela pensée vraie au réel.

Le sens commun en donne une interprétation très simple : la vérité serait une simplecopie de la réalité, la présence même de la réalité dans ma conscience qui la reconnaît.

La connaissancevraie serait une simple réception de la réalité.Or nous nous proposons de montrer que cette notion de vérité-copie n'a aucun sens, que tout jugement vraiest une reconstruction intelligible du réel, suppose un travail de l'esprit et n'est pas un simple reflet passif.Et ceci s'applique à la vérité au sens artistique, comme à la vérité au sens scientifique et philosophique.Pour le sens commun, la vérité artistique n'est qu'un fidèle reflet.

Entre deux portraits, un tableau, unephotographie le sens commun n'hésite pas : malgré la ressemblance « intérieure » du portrait peint, seule laphotographie est vraie.

Ainsi pour le sens commun, le moulage est plus vrai que la sculpture.La vérité artistique n'est donc pas copie et reflet mais structuration, transfiguration.

L'art, dit Malraux, dansses « Voix du silence », « c'est ce par quoi les formes deviennent style ».

Le vrai ce n'est pas ici la réalitébrute, mais un réel stylisé, transfiguré, repensé par l'esprit.De même la vérité scientifique suppose toute une reconstruction de l'expérience par les concepts.

Nonseulement les faits sont liés entre eux par des lois nécessaires, mais le jugement vrai n'atteint le fait qu'àtravers des techniques expérimentales.

Par exemple ce jugement : « Ce matin à 8heures il faisait 17° », quiparaît tout simple & élémentaire, suppose déjà un haut niveau d'abstraction et diverses techniquesexpérimentales : d'abord les techniques relatives à la mesure du temps, ensuite l'utilisation du thermomètre.Pour que mon auditeur comprenne le sens de ce jugement il faut qu'il sache que je parle de degréscentésimaux, il faut qu'il sache que la chaleur dilate les corps et qu'en disant « il fait 17° » j'indique lahauteur de l'alcool dans un tube attaché à une règle graduée posée sur ma fenêtre.

Dire qu'il fait 17° c'estparler un langage d'initié.

Mon jugement se réfère à la technique du thermomètre qui suppose elle-même lathéorie de la dilatation.

« Un instrument n'est qu'une théorie matérialisée » (Bachelard).

Le jugement vraitranspose et reconstruit la réalité à travers tout un réseau de manipulations techniques et d'opérationsintellectuelles.

Si la vérité est « opératoire », le critère de la vérité ne sera-t-il pas fourni par le succèspratique de l' « opération » ?. »

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