Devoir de Philosophie

Descartes et le langage

Publié le 11/01/2004

Extrait du document

descartes
De tous les arguments qui nous persuadent que les bêtes sont dénuées de pensée, le principal, à mon avis, est que bien que les unes soient plus parfaites que les autres dans une même espèce, tout de même que chez les hommes, comme on peut voir chez les chevaux et chez les chiens, dont les uns apprennent beaucoup plus aisément que d'autres ce qu'on leur enseigne ; et bien que toutes nous signifient très facilement leurs impulsions naturelles, telles que la colère, la crainte, la faim, ou d'autres états semblables, par la voix ou par d'autres mouvements du corps, jamais cependant jusqu'à ce jour on n'a pu observer qu'aucun animal en soit venu à ce point de perfection d'user d'un véritable langage c'est-à-dire d'exprimer soit par la voix, soit par les gestes quelque chose qui puisse se rapporter à la seule pensée et non à l'impulsion naturelle. Ce langage est en effet le seul signe certain d'une pensée latente dans le corps ; tous les hommes en usent, même ceux qui sont stupides ou privés d'esprit, ceux auxquels manquent la langue et les organes de la voix, mais aucune bête ne peut en user ; c'est pourquoi il est permis de prendre le langage pour la vraie différence entre les hommes et les bêtes.• Texte assez classique, et même relativement célèbre : raison de plus pour le traiter de manière scrupuleuse. Pas de lecture superficielle. • Deux thèmes sont ici liés : il n'y a de véritable langage (et donc de pensée) que chez l'homme, et cela le distingue de l'animal. • Ne pas hésiter à expliciter clairement les expressions « impulsion naturelle », « véritable langage ». • Bien mettre en valeur la méthode comparative ici utilisée. • La « vraie différence » entre l'homme et l'animal est-elle repérée par tous les philosophes dans l'existence de la pensée et du langage ? • On peut évoquer certaines conséquences de ce texte concernant la conception de l'animal-machine.

descartes

« Mais la problématique née d'une lecture plus fine du texte consiste plutôt à se demander si l'on a raison deconsidérer le langage comme le critère le plus sûr de l'existence d'une pensée, et partant, à se demander ce quec'est que penser. III - LES GRANDES LIGNES DE RÉFLEXION On pouvait d'abord présenter une explication rigoureuse de la pensée de Descartes et faire apparaître, en secondlieu ses enjeux et les problèmes qu'elle soulève. IV - UNE DÉMARCHE POSSIBLE A - LA STRUCTURE DE L'ARGUMENTATION DE DESCARTES 1 - La position du problèmeLe texte se présente d'emblée comme un texte argumentatif.

La thèse n'est qu'évoquée au début, comme enpassant : les bêtes sont dénuées de pensée. Descartes fait porter ses efforts sur l'argumentation.

On soulignera d'abord les précautions dont il s'entoure.Curieuse argumentation, en effet, que celle qui multiplie au préalable les concessions à la thèse.

Certes, concèdeDescartes, les bêtes sont plus ou moins parfaites au sein d'une même espèce.

Certes, tous les animaux nous fontconnaître par des signes leurs besoins, leurs impulsions, et leurs passions, comme la colère. 2 - Pourquoi faut-il refuser le véritable langage aux animaux ?Ces concessions faites, Descartes maintient sa thèse, comme si ces objections ne suffisaient pas à l'ébranler :aucun animal n'use d'un véritable langage. On peut inférer de ce qui a été dit précédemment, qu'un langage, stricto sensu, ne consiste pas à signifier aumoyen de signes des états du corps - ce que sont impulsions et passions, la passion, chez Descartes, désignantune pensée de l'âme ayant une origine corporelle. La capacité à utiliser des signes ne fait donc pas un langage : encore faut-il savoir ce qui est signifié.

En d'autrestermes, il faut que la voix ou les gestes signifient non un état de corps, mais un état de la pensée. Il n'y a véritable langage qu'avec la capacité de signifier une pensée.

Le langage, pour Descartes, n'est donc pasessentiellement un moyen de signification ou d'expression, mais l'indice d'une capacité à penser. 3 - Le langage, signe de la penséeC'est bien cette capacité que Descartes attribue aux seuls êtres humains. La fin du texte insiste sur l'idée que tous les hommes usent du langage, même ceux qui sont privés de la capacité àexprimer un sentiment ou une pensée, parce que privés des organes de la voix, comme les muets. Le texte peut donc se conclure : il fallait démontrer que les bêtes sont dénuées de pensée.

Pour ce faire, Descartesa montré que le langage est le seul indice sûr de l'existence d'une pensée, et que seuls les hommes peuvent êtrevéritablement dits utiliser un langage. Dès lors on peut en effet voir dans le langage l'indice sûr de la différence de nature qui est entre les bêtes et nous. B - QUE PENSER DE LA CONCEPTION DE L'HOMME QUI DECOULE D'UNE TELLE ANALYSE DU LANGAGE. La discussion peut se décliner à deux niveaux. 1 - le premier consiste à se demander s'il existe une différence de nature entre les animaux et l'homme.La Renaissance, avec Montaigne, était au contraire sensible à la proximité du monde animal et humain.

Unecomparaison entre les deux était possible.

Montaigne, ainsi, considérait que la perfection de certains animauxl'emportait sur la stupidité de certains hommes. De ce point de vue, ce texte de Descartes est représentatif de l'anthropocentrisme propre à la pensée classique,auquel la théorie Darwinienne de l'évolution allait porter plus tard un coup fatal. 2 - Le second niveau consiste à se demander quelles sont les fonctions essentielles du langage.Est-ce de s'exprimer, ou de communiquer ? Descartes répond au contraire que la fonction essentielle du langage estde manifester l'existence d'une pensée.

En cela, il faut replacer ce texte dans la doctrine cartésienne du dualisme,affirmant que l'homme n'est pas seulement un corps, mais qu'il possède en outre une âme douée de la faculté depenser.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles