Devoir de Philosophie

Des relations politiques sans domination ni pouvoir sont-elles possibles ?

Publié le 23/05/2009

Extrait du document

La politique est l’art de conduire les affaires de l’État,  et les relations politiques, ce sont les rapports qui unissent les hommes ou les groupes d’homme dans le cadre de la gestion d’un État. Les relations politiques peuvent donc désigner le rapport des citoyens et des hommes chargés de mener la marche d’un État, mais aussi le rapport que les gouvernants ont entre eux dans le cadre de la leur travail politique, et le rapport que les gouvernants de différents États entretiennent entre eux dans le cadre de relations diplomatiques. Or, l’exercice de la politique suppose qu’il y ait une différence entre ceux qui gouvernent un pays, les hommes et femmes politiques, et ceux qui sont gouvernés, les citoyens. La politique est donc inconcevable sans ce lien de subordination qui le souverain, qui a l’autorité de diriger, et le sujet, qui est soumis à l’autorité d’un souverain. Les relations politiques ne peuvent se concevoir en dehors de ce cadre où s’exerce le pouvoir politique et où la domination du souverain s’exerce, en tant qu’il a le pouvoir de choisir la loi, c'est-à-dire de dicter ce que l’on peut et ce que l’on ne peut pas faire, mais aussi le pouvoir de punir celui qui agit mal. Il semblerait donc que les relations politiques, en tant qu’elles impliquent ce lien de subordination, ne peuvent se concevoir sans la domination du gouvernant sur le gouverné, mais aussi la lutte pour le pouvoir entre les membres de la communauté qui aspirent à devenir des gouvernants (l’exemple le plus parlant est sans doute les débats dans le cadre des campagnes qui précèdent une élection), mais aussi la lutte entre les différents États pour l’emporter dans le cadre des jeux de pouvoirs au plan international. Pourtant, la politique, en tant qu’art de conduire les affaires d’un État est aussi l’art de gouverner en vue du bien commun, et non en vue du pouvoir personnel. Le pouvoir qu’on les gouvernant sur les gouvernés est censé n’être qu’un moyen pour atteindre ce bien commun, et la domination n’est censé être qu’apparente : on commande, certes, mais en vue de servir le peuple, non en vue de s’en servir. La domination et le pouvoir ne sont donc que des moyens qui ont pour vocation à être dépassés. Mais les relations politiques sont être vraiment possibles en dehors ou au-delà de ce rapport de pouvoir et de domination ?

« Hobbes et Machiavel.

Pascal, dans le Discours sur la condition des Grands , raconte une histoire afin de faire comprendre aux Grands (aux nobles, aux puissants) quelle est la véritable nature de leur condition.

Unhomme s'était perdu en mer, et arrive sur une île, or, les habitants de cette île ont égaré leur roi, et commele naufragé ressemble au roi, les habitants le prennent pour lui.

Le naufragé ne sait que faire, mais finit paraccepter de se laisser traiter comme un roi, tout en sachant très bien au fond de lui que ce n'est que parhasard qu'il est roi, et que le royaume ne lui appartient pas vraiment.

Son pouvoir n'a donc rien de naturel.L'homme fait roi a ce que Pascal appelle une « double pensée », la première est celle selon laquelle il agitenvers ses sujets (il est roi, il leur est supérieur, il les commande et a le pouvoir de leur faire faire ce qu'ilestime bon pour l'État), mais la seconde, qu'il garde pour lui, lui rappelle qu'il n'est roi que par hasard. B.

Ce que Pascal veut montrer à travers ce récit, c'est que tous les pouvoirs sont toujours comme celui-là : ils naissent du hasard, ce sont des accidents et non des pouvoirs naturels.

Or, il est essentiel de garder àl'esprit cette duplicité de pensée, car elle sert de garde fou contre la nature corrupteur du pouvoir.

En effet,le pouvoir est corrompu, et par conséquent devient une fin de la gouvernance, et non plus un simple moyenau service du bien commun lorsque 1° celui qui l'exerce oublie que ce n'est qu'un pouvoir emprunté et enaucun cas un pouvoir naturel.

Il ne doit donc pas oublier sa nature vraie, et il ne doit pas abuser de cepouvoir comme s'il relevait de son mérite personnel.

2° ou lorsque ceux qui lui obéissent ne se rendent pascompte que la domination qui s'exerce qui sur eux n'est que conventionnelle : ils ne doivent pas accorder auroi de reconnaissance extrême, ni ne pas lui reconnaître ce qu'il mérite.

Il est donc aussi inapproprié devouloir estimer un prince (car il n'a rien fait pour être prince) que de refuser de lui reconnaître ce qui est dû àson rang : s'il est dit qu'il faut se mettre à genoux devant le roi, il faut vraiment le faire, mais tout ensachant que c'est la fonction qu'on estime, et non l'homme.

On peut l'estimer en plus, mais ce sera pour sesqualités personnelles.

C.

Cela nous rappelle donc que les relations politiques ne sont en effet pas possible sans domination ni pouvoir, mais cela nous rappelle aussi que ce n'est pas à l'homme qu'il faut obéir, mais bien à une fonction.Cette duplicité du rapport de domination permet justement de le rendre compatible avec l'intérêt commun, etainsi d'assainir le pouvoir de l'illusion naturaliste qui pourrait le rendre nuisible à l'État. III. La domination et le pouvoir qui caractérisent les relations politique sont toujours contractuelles A.

Rousseau ouvre son Contrat Social par le constat suivant : « l'homme est né libre, et partout il est dans les fers ».

Son projet politique s'inscrit donc d'emblée dans la problématique de la liberté.

La liberté et l'amourde soi (qui implique la volonté de survivre) sont les deux caractéristiques essentielles de tout homme, avantmême la constitution d'une quelconque société et du moindre rapport avec d'autres hommes.

Or, selonRousseau le passage de la vie à l'état de nature à la vie civile ne se caractérise pas par la surpression de laliberté au profit d'une soumission absolue et d'une obéissance sans faille au Souverain.

Bien au contraire, laconstitution d'un État politique transforme et renforce la liberté.

Dans Le Contrat Social (livre I, chapitre 8), il écrit que « ce que l'homme perd par le contrat social, c'est sa liberté naturelle et un droit illimité à tout cequi le tente et qu'il peut atteindre ; ce qu'il gagne, c'est la liberté civile et la propriété de tout ce qu'ilpossède ».

En effet, en dehors du contrat social, la liberté de l'homme s'étend aussi loin que sa force : toutce qu'il peut atteindre est à lui, il y a donc déjà une relation entre les hommes, et même entre un homme etla nature, caractérisée par la domination et le pouvoir.

Domination et pouvoir ne sont donc pas l'apanage desrelations politiques.

B.

Mais par la société civile, l'homme accède à une liberté bien plus précieuse : la liberté morale, puisqu'il estdésormais maître de lui.

Ce qui permet à Rousseau de redéfinir la liberté : « l'obéissance à la loi qu'on s'estprescrite est liberté ».

Dans un État où les hommes participent réellement à la politique, où ils font les lois, lapolitique n'est pas ce qui vient du dessus s'imposer à eux et leur dicter leur conduite, c'est au contrairel'expression de la vie qu'ils ont librement choisie.

Pourtant, cette liberté là ne se résume pas à vivre librementen dehors de la politique, mais suppose au contraire que la liberté naisse de l'action politique et de ladélibération du corps politique.

C.

Le pouvoir que le Souverain a sur ses sujets n'est donc pas un pouvoir absolu et irrévocable, mais un pouvoir emprunté, qu'il n'a pas en tant qu'il est plus fort, mais uniquement en tant qu'il a été élu, choisi parle peuple.

La domination est pourtant bel et bien présente et constitue l'essence des relations politiques,mais c'est une domination complexe dans la mesure où le souverain tient son pouvoir du peuple, et qu'endehors du peuple, il n'en a pas. Conclusion En conclusion, nous pouvons dire que les relations politiques ne sont pas possibles sans pouvoir etdomination, car la politique suppose la décision et l'exécution de ces décisions.

L'art de gouverner un peuplesuppose que l'on puisse dicter ce qu'il faut faire et prescrire ce qu'il ne faut pas faire.

Pourtant, il ne faut pas voircette domination comme une relation purement descendante qui part du souverain pour aller s'appliquer sur le sujet,. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles