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David HUME: Sentiment et religiosité

Publié le 06/04/2005

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Mon opinion est que tout homme sent, en quelque façon, la vérité de la religion dans son propre coeur ; et que par le sentiment intime de sa faiblesse et de sa misère plutôt que par aucun raisonnement, il est conduit à recourir à la perfection de cet être, dont il dépend, ainsi que toute la nature. Les plus brillantes scènes de la vie sont obscurcies par les nuages de tant d'inquiétudes et d'ennuis, que l'avenir est toujours l'objet de nos craintes et de nos espérances. Nous regardons devant nous et nous tâchons, à force de prières, d'hommages et de sacrifices, d'apaiser ces puissances inconnues que nous savons, par expérience, être si fort en état de nous affliger et de nous accabler. Pauvres créatures que nous sommes ! Quelle ressource aurions-nous au milieu des maux innombrables de la vie, si la religion ne nous fournissait quelques moyens expiatoires et ne calmait ces terreurs qui nous troublent et nous tourmentent sans cesse ? David HUME
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« nous tourmentent sans cesse ? Introduction : Cet extrait est issu de la dixième partie du Dialogue sur la religion naturelle de Hume qui comme son titrel'indique porte sur la question de la religion et plus généralement sur les raisons de croire et ses réductions parl'analyses logique et le scepticisme.

Nous sommes quasiment à la fin de l'ouvrage et il s'agit de la dernière tentatived'admettre le théisme expérimental avant le départ de Philon.

On peut dire que le personnage de Déméa représentele sens commun c'est-à-dire cette religiosité de la quotidienneté ou simple qui use de l'expérience et du sentimentde la misère de la condition humaine pour en venir à l'existence de Dieu comme espoir.

Ainsi on peut définir troismoments différents logiques dans l'argumentation du texte : la mise en exergue d'une religiosité du cœur (1 ère partie : du début de l'extrait à « il est conduit a recourir a la perfection de cet être, dont il dépend, ainsi que toutela nature »), la définition du théisme expérimental (2 nd partie : « Les plus brillantes scènes de la vie sont obscurcies par les nuages de tant d'inquiétudes et d'ennuis » à « nous savons, par expérience, être si fort en état de nousaffliger et de nous accabler »), enfin, la valeur expiatoire de la religion (3 ème partie : « Pauvres créatures que nous sommes ! » à la fin du texte).

C'est suivant ces trois moments que nous entendons rendre compte du texte. I – Le sentiment du cœur a) Le discours de Déméa qui nous est proposé se place sur le plan de l'opinion et du sentiment.

C'est doncl'expérience qui est mise en avant et qui sert de fondement à l'argumentation.

En effet, il est question de l'opinion,du sentiment et du cœur.

L'opinion n'est pas la connaissance et elle n'a pas de fondement scientifique pour nousassurer l'existence ou non pas de Dieu.

Il s'agit alors sentir c'est-à-dire qu'elle est particulièrement subjective etrepose sur la question du cœur.

Le cœur est donc le siège de la religiosité.

Cette place de du cœur est un topos dela culture populaire et préscientifique qui y voit le centre de la sensibilité.

De plus, il faut bien voir aussi l'influencedu discours religieux, notamment pascalien, qui faisait déjà du cœur la source de la connaissance de Dieu qui nepeut être démontré par la raison.

C'est ce qui explique la liaison entre l'opinion du sentiment et la vérité de lareligion.

Opinion et vérité ne sont plus opposées mais se fécondent mutuellement. b) Mais au-delà de ce sentiment, Déméa explique que ce sentiment à l'origine de notre représentation religieuserepose.

C'est donc la faiblesse de l'homme face à la nature et au sentiment du sublime c'est-à-dire de cette forcedépassant l'homme qui le fait se sentire faible dans le règne de la nature que l'homme procède à l'existence de Dieu.C'est donc la condition anthropologique de l'homme qui est faiblesse et misère qui par comparaison nous fait penserà une être qui n'aurait pas les faiblesses de l'homme d'où l'idée de Dieu.

Déméa ne dit pas Dieu est une invention ouune création de l'esprit mais bien que la faible humaine nous enjoint par expérience à penser l'existence d'un telêtre.

On ne s'interroge donc pas ici sur l'existence mais sur les conditions de son existence dans l'esprit humain. c) L'essentiel de la question est alors d'ordre psychologique et anthropologique.

C'est pour pallier une nature peufavorable que l'homme en vient à la nécessité psychologique de Dieu.

Le sentiment essentiellement subjectif rendcompte de la condition humaine.

Dans ce cas, face à sa faiblesse et à la perfection qu'il pense de cet être et detoute la nature qui lui est supérieur dans tous les cas, ce n'est pas le raisonnement qui nous conduit à en poser sonexistence.

L'essentiel est bien de voir que le raisonnement ici n'est pas apte ou capable de nous donner une réponsedéfinitive sur le sujet.

En effet, le scepticisme ou la réduction de l'existence de Dieu par l'analyse n'est pas capablede passer outre cette nécessité de la croyance qui se trouve alors être un besoin psychologique : une quasi illusionvitale si l'on peut dire. Transition : Ainsi le sentiment intérieur et le cœur sont les sources de notre croyance en Dieu qui repose sur la faiblesse et lamisère humaines donc une nécessité psychologique et un besoin de croire en une puissance supérieure et parfaite. II – Le théisme expérimental. »

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