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David HUME: Faiblesse de l'homme et sociabilité

Publié le 05/04/2005

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Il semble, à première vue, que de tous les animaux qui peuplent le globe terrestre, il n'y en ait pas un à l'égard duquel la nature ait usé de plus de cruauté qu'envers l'homme: elle l'a accablé de besoins et de nécessités innombrables et l'a doté de moyens insuffisants pour y subvenir. Chez les autres créatures, ces deux éléments se compensent l'un l'autre. Si nous regardons le lion en tant qu'animal carnivore et vorace, nous aurons tôt fait de découvrir qu'il est très nécessiteux; mais si nous tournons les yeux vers sa constitution et son tempérament, son agilité, son courage, ses armes et sa force, nous trouverons que ses avantages sont proportionnés à ses besoins. Le mouton et le boeuf sont privés de tous ces avantages, mais leurs appétits sont modérés et leur nourriture est d'une prise facile. Il n'y a que chez l'homme que l'on peut observer à son plus haut degré d'achèvement cette conjonction (...) de la faiblesse et du besoin. Non seulement la nourriture, nécessaire à sa subsistance, disparaît quand il la recherche et l'approche ou, au mieux, requiert son labeur pour être produite, mais il faut qu'il possède vêtements et maison pour se défendre des dommages du climat; pourtant, à le considérer seulement en lui-même, il n'est pourvu ni d'armes, ni de force, ni d'autres capacités naturelles qui puissent à quelque degré répondre à tant de besoins. Ce n'est que par la société qu'il est capable de suppléer à ses déficiences et de s'élever à une égalité avec les autres créatures, voire d'acquérir une supériorité sur elles. Par la société, toutes ses infirmités sont compensées et, bien qu'en un tel état ses besoins se multiplient sans cesse, néanmoins ses capacités s'accroissent toujours plus et le laissent, à tous points de vue, plus satisfait et plus heureux qu'il ne pourrait jamais le devenir dans sa condition sauvage et solitaire. David HUME

La thèse soutenue par Hume dans ce texte est que l'homme ne peut compenser l'insuffisance des moyens dont il dispose par nature, de se procurer ce dont il a besoin pour survivre et vivre, qu'au sein de la vie sociale, qu'en collaboration avec les autres, par coopération avec ses semblables. Ce qui signifie donc que cette faiblesse des hommes est à l'origine de la vie sociale.

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« efficace des moyens de chacun. La faiblesse de l'homme est-elle la cause ou la conséquence de l'organisation sociale ? Si on peut observer d'un côté que les individus sont en effet incapables par nature de subvenir par eux-mêmes àtous leurs besoins et de l'autre que la vie sociale en tant qu'elle est organisée en vue essentiellement d'assurer àchacun les moyens de vivre, on peut se demander lequel de ses deux faits est la cause de l'autre.

L'homme est-ilfaible parce qu'il vit en société ou bien vit-il en société parce qu'il est faible ? A cette question, il est possible de répondre comme le fait Hume, à savoir en disant que la vie sociale est laconséquence de la faiblesse constitutionnelle de l'homme dans la mesure où il apparaît que cette faiblesse se trouveeffectivement compensée par l'organisation sociale, notamment par l'organisation sociale du travail qui est faite detelle sorte que chacun ne se consacre qu'à une seule tâche dont les fruits servent à satisfaire les besoins deplusieurs, en échange de quoi chacun peut profiter du fruit du travail de tous les autres.

C'est ce qu'on appelle ladivision sociale du travail. Toutefois, penser l'origine de la vie sociale comme causée par la nécessité de se regrouper et de coopérer en vued'assurer la survie de tous n'est peut-être qu'une illusion.

Pourquoi ? Parce qu'il possible de renverser le rapport decause à effet et soutenir tout au contraire que c'est à force de vivre en société que les hommes ont fini parressembler à ce que dit d'eux Hume, à savoir qu'ils sont faibles et incapables de subvenir par eux-mêmes à tousleurs besoins.

Et non sans raison : à la lumière de la théorie de l'évolution des espèces, il est en effet difficile depenser qu'une espèce animale, ici l'homme, inadaptée au milieu dans lequel elle vit en raison de ses infirmités, puisseavoir survécu.

Par ailleurs, la vie sociale, parce qu'elle offre des moyens de subsistance à tous, y compris à ceux quine font rien, soit parce qu'ils sont trop jeunes soit parce qu'ils sont trop vieux, permet justement de mettre fin àl'élimination des individus les plus faibles et les moins faits pour vivre dans le milieu naturel.

De ce point de vue,cette faiblesse, cette inadaptation au milieu naturel sont bien plutôt les conséquences de la vie sociale.

Mieux :elles ne sont elles-mêmes que des illusions : on ne peut dire que l'homme est faible que si on l'imagine dans la natureet sans le secours de la vie sociale, mais précisément cette situation n'existe pas.

C'est comme imaginer un appareilélectrique sans électricité : il passerait pour absurde et inadapté, mais en réalité, il ne peut exister que si parailleurs l'électricité est maîtrisée. Alors qu'en est-il ? La vie sociale est-elle la cause ou la conséquence de la faiblesse de l'homme ? Il semble bienqu'elle en soit la cause et donc que Hume soit victime d'une illusion.

Laquelle ? Celle qui consiste à imaginer leshommes qui les premiers ont organisé la vie sociale de telle sorte qu'elle assure la subsistance de tous, y compris deceux qui ne travaillaient pas, sur le modèle des hommes d'aujourd'hui, c'est-à-dire d'hommes qui depuis desgénérations ne vivent pas dans un autre milieu que le milieu social et artificiel conçu par l'homme et pour lui-même.La faiblesse de l'homme n'est donc pas la cause, mais bien la conséquence de l'organisation sociale. HUME (David). Né et mort à Edimbourg (1711-1776). Il fut quelque temps commerçant à Bristol, voyagea en France et vécut à La Flèche.

En 1748, il visita l'Autriche etl'Italie, puis devint bibliothécaire de la Faculté des Avocats à Edimbourg.

Il accompagna l'ambassadeur anglais àParis en 1763, et y fréquenta les milieux philosophiques et littéraires.

Il rentra en Angleterre, accompagné deRousseau, qui le quitta rapidement.

Sous-secrétaire d'État, Hume se retira à Edimbourg en 1769.

Les influencescapitales subies par sa pensée furent celles de l'empirisme de Locke et de l'idéalisme de Berkeley.

Hume estempiriste : il prend pour base de son étude philosophique l'observation et l'expérimentation.

Il rabaisse l'idée deraison et ramène le principe de causalité à des liaisons d'idées que l'accoutumance, l'habitude et la répétition ontrendu si fortes qu'elles nous semblent nécessaires.

Il se livre à une description psychologique des processus del'accoutumance.

Mais il distingue l'induction de l'accoutumance, de même qu'il distingue l'inférence causale et leraisonnement démonstratif.

Nous ne pouvons avoir aucune certitude en ce qui concerne l'avenir des lois. »

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