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Dans quelle mesure peut-on affirmer que la conscience n'est pas une donnée mais une tâche ?

Publié le 24/10/2009

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conscience

Pascal, dans ses Pensées, décrivait la noblesse de l'homme, ce faible "roseau  pensant", de la manière suivante "Quand l'univers l'écraserait, l'homme serait  encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt.". L'être  humain a cette spécificité qu'il dispose d'une conscience réfléchie. La  conscience ainsi entendue représente une donnée proprement humaine, inséparable  de l'être-homme. Dans ce cas, pourquoi poser une telle question : "dans quelle  mesure peut-on affirmer que la conscience n'est pas une donnée mais une tâche?".  Le sujet semble sous-entendre que nous pouvons considérer la conscience sous  deux aspects. Apparemment, il s'agirait de déterminer à quel titre la conscience  est une donnée, et à quel autre (ou sous quel autre angle) elle est une tâche.  Néanmoins, comment être les deux à la fois? Une "donnée" c'est quelque chose  d'évident, qui s'impose à nous sans effort particulier, qui est simplement là,  présent. La tâche, en revanche, renvoie au travail, à la recherche ; ce travail  vise à établir un résultat qui n'est , par conséquent, pas donné d'avance. Nous  serions donc face à une contradiction la conscience serait à la fois toute faite  (donnée d'emblée) et à faire. Pouvons-nous sortir de cette aporie? Pour le tenter, nous devons approfondir le concept même de conscience. Dans un premier  temps, nous verrons que la conscience renvoie à 1' "aperception" ; en ce sens,  la conscience est immédiateté de soi à soi. Est-ce pour autant une donnée? Dans  la mesure où ta conscience est toujours "conscience de quelque chose",  "intentionnalité", elle a plutôt à faire face au donné. Par conséquent, elle s'y  opposerait. Abordée dans un second temps, cette question nous dirigera vers une  compréhension dynamique de la conscience. Ainsi parviendrons-nous peut-être à  comprendre en quoi donnée et tâche, loin de s'opposer ou de désigner deux  aspects séparés de la conscience, constituent bien mieux les deux faces d'une  conscience une mais divisée.

conscience

« pierre est "donnée" au sens où elle est simplement là, qu'elle s'impose à nouspar sa présence pure et simple.

Dans le second, nous renvoyons plutôt auxdonnées mathématiques, par exemple elles correspondent à ce qu'on choisitd'admettre comme existant ("étant données deux droites parallèles, ...") pourétablir ensuite un raisonnement sur cette base.

Comprise ainsi, la donnée n'apas besoin d'être démontrée ni découverte.

En va4-il ainsi du cogito? Nousest-t-il accessible sans travail? Est-il donné à l'homme en toutes circonstanceset dès sa naissance? Ce serait méconnaître l'ampleur du travail de la penséedans la découverte de cette intimité qui relie le 'je pense" au 'je suis", lesoi avec lui-même.

Car il s'agit déjà d'un itinéraire, d'un parcours difficileet semé d'embûches.

Lorsque Descartes écrit, à la fin de la première méditation.Mais ce dessein est pénible et laborieux, et une certaine paresse m'entraîneinsensiblement dans le train de ma vie ordinaire.", ce n'est pas une simpleformule de rhétorique.

L'effort produit par une conscience qui cherche à sepenser elle-même, à se réfléchir, est bien réel.

Aussi, bien que la consciencese donne dans l'immédiateté, sous la forme de l'aperception, elle n'est pasdonnée d'emblée, à n'importe qui et n'importe quand.

Elle se découvre à la suited'une réflexion intense qui tente d'isoler un moment privilégié, exemplaire. Ce qui est de l'ordre du donné, ce serait donc plutôt ce qui est Autre que laconscience, son opposé.

La conscience n'est pas une donnée au sens d'un"en-soi", simplement posé là comme une pierre sur le bord du chemin.

N'est-ellepas au contraire et sans répit "pour-soi", en mouvement et en travail?C'est ce que désigne le concept « d'intentionnalité », qui décrit la consciencecomme "intention", c'est-à-dire visée incessante d'un but qui est horsd'elle-même.

"Toute conscience est conscience de quelque chose" écrivait Sartreà la suite de Husserl.

Cela veut dire qu'elle n'est jamais elle-même (en-soi)mais toujours liée à son Autre, à quelque chose d'extérieur.

Elle a "à être cequ'elle est", à devenir à travers et au moyen de l'extériorité.

Pour sedécouvrir la conscience sartrienne doit se confronter aux choses extérieures,aux obstacles qui s'opposent à elle.

Si elle était "seule au monde", laconscience se déploierait à l'infini, elle serait productrice de tout l'univers(de tout son univers)...

en quelque sorte elle serait Dieu ou l'Absolu.Cependant, tel n'est pas le cas.

Dès les premiers âges de la vie, le nourrissonprend durement conscience qu'il n'est pas un être tout puissant.

D'abord il seheurte aux objets et se blesse: le monde matériel s'oppose à sa volonté et ne selaisse par réduire à sa conscience.

Ensuite il se heurte à d'autres consciencesdésaccord avec ses congénères et autorité des parents lui font rapidementcomprendre que, là encore, il est limité par quelque chose d'extérieur à lui.

Lalimitation, la finitude, tel est l'un des premiers enseignements de la vie, dansl'opposition souvent brutale qui voit s'affronter ma volonté aux objetsmatériels, ma volonté à celle des autres.Sur le premier point, celui du rapport entre la conscience et le monde matériel,nous pouvons dire que la conscience s'approprie le monde en le transformant.

Telest le sens de l'analyse hégélienne du travail humain mais aussi de touteactivité quelle qu'elle soit.

Qu'un enfant jette simplement un caillou dansl'eau et admire les cercles concentriques qui s'étendent à la surface, il estdéjà en train d'intégrer, de s'approprier, une part du monde comme son oeuvre.C'est pourquoi Hegel écrit, dans son Esthétique : "[...] l'homme se constituepour soi par son activité pratique, parce qu'il est poussé à se trouverlui-même, à se reconnaître lui-même dans ce qui lui est donné immédiatement,dans ce qui s'offre à lui extérieurement.

Il y parvient en changeant les chosesextérieures, qu'il marque du sceau de son intériorité et dans lesquelles il netrouve que ses propres déterminations.".

Au premier abord, le monde qui nousentoure nous est "farouchement étranger" ajoute-t-il plus loin.

1Cela rappellela terreur de l'Homme des cavernes devant la puissance des éléments naturelsqu'il ne sait pas maîtriser.

Il lui faut alors en faire l'expérience, comprendrepeu à peu que le feu non seulement brûle, mais aussi qu'il peut cuire lesaliments et cautériser une plaie.

Il doit se familiariser avec l'étrangeté del'Autre, du donné matériel.

Cela, il ne peut le faire qu'en agissant dans lemonde, en s'investissant à l'extérieur de lui-même.

Le pour-soi se met ainsi a'jouer" avec l'en-soi afin de se l'approprier.

Or, ce 'jeu" consiste avant toutpour la conscience à comprendre (à attraper) ce qui lui échappe.

Sa manière deprocéder consiste à faire entrer le réel dans ses cadres de pensée.

Laconscience (du moins la conscience finie, humaine) ne peut penser les objets quedans l'espace et le temps.

Elle doit penser avec des concepts tout en faisantl'expérience concrète des choses.

C'est cette nécessité de l'espace, du temps et. »

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