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Dans quelle mesure le siècle des lumières est-il, selon l'expression de Jean Starobinski, celui de l'incention de la liberté ?

Publié le 27/02/2008

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Le siècle des lumières est celui du partage du savoir, de l’action éclairée, du libéralisme et de la tolérance. Nous verrons que l’affranchissement du carcan de la raison et le renouvellement des problèmes politiques nous permettent, rétroactivement, d’identifier le XVIIIe siècle comme celui de l’invention de la liberté. Encore nous faudra t-il déterminer précisément ce que l’on doit entendre par « invention de la liberté «. C’est peut-être par le biais de l’idée de progrès, omniprésente dans la pensée des lumières, que nous trouverons le moyen de comprendre en profondeur cette idée d’invention de la liberté.

« La faculté de se perfectionner, à l'aide des circonstances, développesuccessivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dansl'espèce que dans l'individu, au lieu qu'un animal est au bout dequelques mois ce qu'il sera toute sa vie, et son espèce au bout de milleans ce qu'elle était la première année de ces mille ans.

Pourquoil'homme seul est-il sujet de devenir imbécile ? N'est-ce point qu'ilretourne ainsi dans son état primitif, et que, tandis que la bête, qui n'arien acquis et qui n'a rien non plus à perdre, reste toujours avec soninstinct, l'homme, reperdant par la vieillesse ou d'autres accidents toutce que sa perfectibilité lui avait fait acquérir, retombe ainsi plus basque la bête même ? L'homme naturel est capable de progresser, de se perfectionner.

C'est mêmece qui va lui permettre de développer des techniques, et d'inventer lasociété, quittant ainsi l'état de nature.

De ce fait, Rousseau va souligner, à lasuite du texte cité, que c'est précisément cette perfectibilité qui pourrait êtrela cause de tous les malheurs de l'homme. Problématique. Qu'est-ce qui distingue l'homme de l'animal ? Tandis que l'animal est figé dans une conduite totalement instinctuelle, l'homme, lui, est capable de se perfectionner, en utilisant son environnementà son profit.

Ce qui le prouve, c'est que l'homme peut régresser, alors que 'animal ne le peut pas. Enjeux. On trouve ici la distinction essentielle entre l'homme et l'animal, qui du même coup permet de comprendrel'opposition entre nature et culture.

Parce qu'il est capable de progresser, de s'améliorer lui-même, et pas seulementde comprendre des choses nouvelles, l'homme est de loin supérieur à l'animal.

Mais encore lui faut-il savoir utiliser cedon : la guerre comme la médecine sont des fruits de cette perfectibilité.éléments d'explication Dans le Discours sur l'inégalité, Rousseau fait l'hypothèse d'un état de nature dans lequel l'homme aurait vécu avantl'institution de la société.

Cette hypothèse doit lui permettre de mieux comprendre l'état présent, celui de l'hommecivilisé et malheureux.L'homme naturel selon Rousseau est presque un animal : « un animal moins fort que les uns, moins agile que lesautres, mais à tout prendre organisé le plus avantageusement de tous ».

Il n'est pourtant pas totalement un animal: s'il l'était, on ne comprendrait pas qu'il ait pu devenir ce que nous voyons.

Quelle différence y a-t-il donc entre lesbêtes et nous ?Traditionnellement, les philosophes répondent que l'homme est intelligent, qu'il a une raison, bref qu'il a une natureplus « riche » que celle de l'animal.

Rousseau ne se contente pas de cette perspective qui sous-estime l'influencedes causes externes.

Il soutient même que « tout animal a des idées puisqu'il a des sens », et qu' « il combine sesidées jusqu'à un certain point ».Il est par ailleurs possible que l'homme n'ait « aucun instinct qui lui appartienne », ce qui lui permettrait des'approprier tous ceux des animaux.

Mais cette question est discutée.

Elle prépare, cependant, l'introduction de lanotion île perfectibilité, finalement caractéristique incontestable- île l'homme.

En mettant en avant ce concept deperfectibilité, Rousseau définit en effet la nature de l'homme connue une pure virtualité, qui ne suppose, chezl'homme purement naturel, aucune qualité déterminée, bien qu'elle les contienne toutes en puissance.

La viesolitaire, oisive et libre, de cet homme, laisse toutes les possibilités qu'il enferme en sommeil.

Dans ce texte,Rousseau indique que la faculté de se perfectionner ne développe toutes les autres facultés qu' « à l'aide descirconstances ».

Si celles-ci n'avaient pas changé, l'homme serait resté dans son état originaire.

La perfectibilité, enelle-même, ne produit rien.En outre, ce mot ne doit pas faire penser que l'homme dont les facultés se développent se dirige nécessairementvers une « perfection », un état idéal ou simplement meilleur; pour Rousseau, au contraire, cette faculté a d'abordété « la source de tous nos malheurs », puisque sans elle nous coulerions « des jours tranquilles et innocents ».Comme le montre avec éclat l'état présent, la nature de l'homme contenait autant de possibilités de lumières qued'erreurs, de vertus que de vices, de valeurs positives que de valeurs négatives.

On peut dire que, jusqu'à présent,les défauts l'ont emporté.Mais quelles furent ces « circonstances » qui sollicitèrent des possibilités qui auraient pu ne jamais se manifester ?Rousseau parle du « concours fortuit de plusieurs causes étrangères, qui pouvaient ne jamais naître ».

Il s'agit biend'un malheur, d'une malchance, en ce sens.

Des catastrophes naturelles ont « forcé » les hommes à vivre les uns àcôté des autres, puis à s'unir en sociétés.

La nature de l'homme ne contenait aucun principe de sociabilité.

Et la viecollective explique l'apparition du langage, de l'intelligence, des passions, de la conscience morale, etc.Pourtant, il ne faudrait pas croire que Rousseau n'est que nostalgique d'un état de nature « passé » (hypothétique).C'est lui aussi qui écrit que l'homme devrait « bénir sans cesse l'instant heureux qui l'en arracha et qui, d'un animalstupide et borné, fit un être intelligent et un homme » (Contrat social, I, 8).

La perfectibilité contient peut-être lapromesse d'une certaine réalisation de soi positive, si les circonstances sont propices.

En tout cas, il est impossible. »

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