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Dans quelle mesure le fait de choquer permet-il aux écrivains de faire progresser les idées qu'ils défendent ?

Publié le 27/02/2008

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Choquer consiste à tenir un discours ou à réaliser une action qui a pour effet d’heurter la sensibilité de ceux qui en sont témoin. A ce titre, il faut bien voir que ce verbe est forme sur le substantif « choc «, c'est-à-dire un mot qui désigne l’action de se heurter violemment a quelque chose. Choquer au sens moral du terme, celui qui nous occupe aujourd’hui, consiste donc a heurter la sensibilité ou les convictions d’autrui, sachant que les moyens nécessaires a une telle fin sont souvent variables, sachant que ce qui est considère comme permis et tolérable évolue avec les mentalités. Par écrivain, nous entendons les gens de lettres qui considèrent le langage non pas comme un moyen pour transmettre un message (ce qu’un journaliste peut faire par exemple) mais comme la matière sur laquelle ils travaillent pour réaliser leur œuvre. Nous dirons donc que l’écrivain est celui qui n’entretient pas un rapport instrumental au langage, mais qui considère au contraire ce dernier comme la fin de sa recherche artistique. Lorsque nous employons l’expression « faire progresser une idée «, nous employons une expression qui a plusieurs significations. En effet, faire progresser une idée peut vouloir dire que nous la parachevons, que nous en poussons les conséquences, de sorte que c’est l’idée elle-même qui fait l’objet d’un mouvement en avant. Mais faire progresser une idée, cela peut signifier également « faire progresser sa réception «, c'est-à-dire faire en sorte qu’elle soit plus largement connue par les autres hommes, sinon acceptée par ces derniers. En posant la question : « dans quelle mesure le fait de choquer permet-il aux écrivains de faire progresser les idées qu’ils défendent ? « nous posons une question en vérité surprenante. En effet, nous pouvons d’abord penser que le fait de choquer, loin de faire progresser l’étendue de la réception d’une idée ne sert en vérité qu’à la ralentir, puisqu’elle risque de susciter de violentes oppositions. Cependant, nous pouvons également voir que le fait de choquer est le moyen pour les écrivains d’attirer l’attention sur leurs œuvres, et pourquoi pas, est également quelque chose de consubstantiel a leur projet littéraire. La question au centre de notre travail sera donc de déterminer dans quelle mesure le fait de choquer est une démarche productive, ou au contraire, contre productive, pour développer les idées des écrivains et accroitre leur publicité.

« que l'effet de nouveauté produit par une innovation dérangeante attire l'attention du public (Le Voyage au bout dela nuit a manque le Goncourt pour deux voix, par exemple).

III.

Le fait de choquer peut être consubstantiel au projet littéraire des écrivains a.

Choquer pour faire advenir un langage inouï Cependant, nous n'avons considéré jusqu'ici le fait de choquer que comme une sorte de moyen quasi publicitairepour attirer l'attention du public sur une œuvre, et donc accroitre la réception des idées promulguées par celle-ci.Mais le fait de choquer peut également être un acte consubstantiel a celui qui consiste à faire progresser une idée,c'est-à-dire a en pousser les conséquences, a la parfaire.

Pensons de nouveau à Sade : les déferlements deviolence et de pornographie de son œuvre sont aussi un moyen de pousser les possibilités d'expression du langagejusqu'à leurs plus ultimes limites, l'ambition de Sade et de tout dire, de ne rien oublier de ce qu'il est possibled'imaginer.

Choquer devient donc pour lui l'effet concomitant à une démarche proprement prométhéenne qui prend lelangage pour objet et le fait accéder a une capacité expressive inouïe.

b.

Choquer pour lutter contre la morale dominante Mais c'est en un autre sens que le fait de choquer peut être pour les écrivains un moyen de faire progresser leursidées : lorsque leurs idées en question sont précisément opposées à la morale en place, sont parfaitement critiques.L'exemple que nous pouvons retrouver est encore celui de Sade : en effet, dans toute son œuvre, « La philosophiedans le boudoir », « L'Histoire de Juliette », « Aline et Valcour », les propos anti religieux, la pornographie, lelibertinage le plus effréné et le plus volontairement agressif pour les mœurs en place se donnent libre cours.

Nouspouvons donc dire que le fait de choquer est pour les écrivains un moyen de faire progresser leurs idées, lorsqu'ils seproposent précisément d'affronter la morale en vigueur, de susciter une évolution des mœurs qui, dans le cas deSade, dessine principalement un mouvement vers le chaos, l'anarchie, et la l'écoute de la puissance effrénée dudésir.

Conclusion A première vue, nous pouvons penser que le fait de choquer pour un écrivain est une démarche entièrement contreproductive, puisqu'elle risque de susciter un anathème sur son œuvre.

Cependant, nous pouvons également penserque le fait de choquer est un excellent moyen pour susciter l'intérêt sur son œuvre, accroissant ainsi la publicité decelle-ci.

Mais choquer peut aussi être une action concomitante a celle de faire progresser une idée, au sens de laparfaire, lorsque les écrivains se proposent de faire advenir un nouveau langage ou d'affronter la morale dominante.. »

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