Dans quelle mesure la perception est-elle vue de l'esprit ?

« possible leur caractère affectif ou moteur, s'oppose un objet qu'il juge spontanément distinct de lui, réel etactuellement connu par lui » (Lalande, op.cit .). - Non seulement l'esprit vise ce qu'il perçoit, mais encore, il interprète et mais en forme les données perçues.

Ilopère donc sa propre composition du réel, et fait bien de la perception une « vue de l'esprit ».

La perception se jouedans l'esprit du sujet percevant, elle est le prolongement même des stimuli sensoriels ou intellectuels car elle les met en forme, et en permet l'achèvement, c'est-à-dire la formulation complète, dans l'esprit du sujet.- Kant (Critique de la raison pure ) suppose que la connaissance réelle demande l'interaction de l' a priori et de l' a posteriori , en ce sens que le sujet connaissant possède déjà les formes a priori de la connaissance dans l'entendement (à travers les concepts d'espace et de temps), et n'a plus qu'à en recevoir la matière par la sensibilité ( a posteriori ).

Partant, il apparaît qu'une connaissance sans matière est vide, tandis qu'une matière sans forme est confuse.

De ce point de vue, la perception, considérée toujours indissociablement comme processus etcomme acte, relèverait à la fois de la sensibilité (qui fournit la matière de la connaissance), en tant que prenant sasource dans le phénomène, et de l'entendement (qui fournit la forme de la connaissance), en tant quereprésentation de l'objet perçut dans l'esprit conscient.- Husserl, dans les Idées directrice pour une phénoménologie (tome I) explique ce processus nécessaire de mise en forme des perceptions opérées par l'esprit.

En effet, la perception n'est jamais pleine, entière, elle ne nous restituejamais un objet complet, mais seulement par perceptions successives, par esquisses.

Mais si la perception esttoujours partielle, l'esprit se charge d'y suppléer afin d'en avoir une compréhension adéquate.

Ainsi, si l'on perçoitune façade de maison, on peut prétendre voir une maison, même si la perception ne nous montre pas en profondeurles côtés et l'arrière de la maison et ne nous garanti pas qu'il ne s'agit pas que d'une façade.

De même, si j'aperçoisun homme à ma fenêtre, mon esprit voit bien un homme, et non une tête d'homme seule car le corps est caché sousla fenêtre.

L'esprit met donc en forme les perceptions pour en avoir une vision claire.

Il effectue les prolongementsnécessaires par induction si la perception est partielle, il reconstitue l'objet si la perception se donne par esquissessuccessives.

Conclusion : Si la perception est vue de l'esprit, c'est d'abord parce qu'elle se donne dans l'esprit.

La perception n'est rien d'autreque la conscience d'une sensation, donc une saisie de l'esprit.

La perception est donc associée à la subjectivité dusujet percevant.

En outre, la perception est vue de l'esprit car elle engage l'esprit dans un acte d'intentionnalité.

Laperception relève d'une intention de l'esprit, celle d'accéder à un certain donné.

C'est parce que l'esprit vise unobjet qu'il le perçoit, c'est donc une vue de l'esprit.

Enfin, la perception est vue de l'esprit en tant qu'elle est nonseulement conscience, visée, mais encore acte de l'esprit.

La perception n'est pas la réalité brute, mais la réalitételle qu'elle apparaît à l'esprit.

Par la perception, l'esprit met en forme les données de la sensation, il les interprète.En définitive, on peut dire que plus encore que vue de l'esprit, la perception est vision de l'esprit, afin de soulignerl'engagement de l'esprit dans l'acte perceptif.. »