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Dans quelle mesure des modèles matérialistes permettent-ils de rendre compte de l'esprit et des fonctions qui y sont rattachées ?

Publié le 27/02/2008

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esprit
, est bien réel. De plus, sous la pluie, en plein soleil ou dans la nuit, il demeure le même, indépendamment de la perception que j?en ai (et donc de la pensée que je formule à son sujet), ce qui nous permet de penser que la matière serait ce qui demeure invariable dans l?objet perçu. La conception de Descartes va de le même sens quand il postule que la matière est la substance des corps, dont l?essence est l?étendue géométrique qui se réduit au mécanisme universel. Par là, il entend que devant moi se développe un monde tout matériel et mécanique, sans âme, ni intentions cachées, dont je peux rendre compte par une investigation mathématique. La question est alors de savoir ce que cette substance matérielle a à voir avec l?esprit. Pour Descartes, la réponse est claire : l?esprit, immatériel, est une substance absolument différente de la matière. Esprit et matière n?ayant rien à voir, on voit mal de quoi cette dernière pourrait rendre compte au sujet de l?esprit, ce « souffle », ce « vent » (d?après l?étymologie latin spiritus) qui anime la pensée humaine et qui lui permet justement de dépasser l?immédiatement donné ou perçu.     2- Matière et esprit : deux substances entremêlées   Cependant, cette opposition frontale matière/esprit peut apparaître stérile tant elle conduit la question dans une impasse. En essayant d?affiner la définition que l?on donne de la matière, on peut certainement parvenir à dégager un lien entre ces deux substances apparemment si différentes. On trouve déjà des exemples de cette idée dans le registre du lexique, avec, entre autres, le sens donné à matière quand il s?agit de littérature.
esprit

« Berkeley : « Etre, c'est être perçu » Cette formule de Berkeley peut sembler surprenante puisqu'elle consiste à n'accorder de réalité qu'à ce que nouspercevons.

Dire « Etre c'est être perçu », c'est affirmer que rien n'existe en dehors de l'esprit, que toute réalité estun esprit qui perçoit.

Nous avons commencé par noter que la perception est cette activité de l'esprit qui rassemble,qui collecte, or c'est justement la raison pour laquelle Berkeley ne va accorder de réalité qu'à ce qui est perçu.

Eneffet, il est impossible de séparer, d'isoler une idée des sensations que nous éprouvons.

Par exemple, on ne peut pasparvenir à se représenter l'étendue (ce qu'on se représente étendu dans l'espace) dépourvue de couleur, de mêmenous ne pouvons pas nous représenter la matière indépendamment d'une certaine forme, d'une certaine étendue,d'une certaine figure.

Tous les éléments qui composent notre univers, que l'on pense à la couleur, la saveur,l'étendue, le mouvement…n'ont aucune existence en dehors de la perception que nous en avons.

L'étendue n'est nigrande ni petite, le mouvement n'est ni lent, ni rapide, ils ne sont donc rien ; de même je ne puis former l'idée d'uncorps étendu qui est en mouvement sans lui donner aussi une couleur.

Quand nous pensons que la matière oul'étendue existent seules, nous nous laissons abuser par les mots, par le langage.

Berkeley va répondre à unproblème (le problème de Molyneux), qui a suscité de nombreux débats, et qui consistait à se demander si unaveugle né, recouvrant subitement la vue, pourrait discerner visuellement le cube et la sphère qu'il sait déjàdiscerner par le toucher.

Or, ceci serait possible si notre perception nous livrait l'étendue géométrique abstraite,mais une description des processus de la vision montre qu'il n'en est rien, car nous éprouvons à tout instantl'incommunicabilité des idées visuelles et des idées tactiles.

L'illusion selon laquelle il y aurait une idée commune à lavue et au toucher, une idée abstraite d'étendue vient de l'emploi de mots.

Le langage nous fait croire, à tort, àl'existence d'entités abstraites, mais il n'y a pas de réalité en dehors de la perception.

Mais alors, si la matièrecomme substrat, comme réalité indépendante, est une pure illusion, qu'est-ce qui fait que les objets qui tombentsous nos sens demeurent là, même quand nous fermons les yeux, même quand nous ne sommes plus là ? Berkeley vaalors faire appel à l'existence de Dieu, c'est-à-dire un esprit qui soutient le tout, et qui permet de penser l'unité dumonde.

3- Matière et esprit remis en cause par les sciences contemporaines Aussi riches et pertinentes soient-elles, ces théories philosophiques ne sont pas les seules à pouvoir s'exprimer sur les rapports entre matière et esprit.

En effet, les théories scientifiques ayant vu le jour au XX e siècle ont apporté dans leur sillage de nouveaux éléments qui peuvent enrichir la réflexion. Ainsi, la définition de la matière selon Epicure, lui-même s'étant inspiré de l'atomisme de Démocrite, peut-elle être reconsidérée à la lumière des théories physiques actuelles.

Celles-ci, qui utilisent des modèles mathématiquesde plus en plus sophistiqués pour décrire la réalité physique, nous apprennent que les entités qui constituent lamatière, les particules élémentaires, tendent à perdre leur consistance et du même coup le caractère « concret »que leur accorde le sens commun.

Si ces particules qui composent la matière sont de moins en moins empiriques carnon observables, si elles deviennent de plus en plus abstraites, théoriques ou conceptuelles, que reste-t-il de notredéfinition première de la matière ? L'essence même de la matière serait elle purement spirituelle, comme le laissait àpenser Berkeley (dans une perspective bien différente, cela va de soi)? Concernant l'esprit, ou plus généralement les phénomènes de pensée, les neurosciences affirment que la pensée pure, désincarnée, n'existe pas.

Autrement dit, sans cerveau ni neurone, pas de pensée.

Le principe mêmede l'esprit serait donc loin d'être immatériel, ainsi que le pressentait Diderot.

Une tendance des neurosciences seraitde tenter de réduire les phénomènes psychiques à la réalité physique du fonctionnement des organes du corpshumain.

Ainsi, en schématisant un peu grossièrement, penser ou avoir de l'esprit pourrait s'expliquer simplement endécrivant notre activité cérébrale.

Conclusion - On le voit bien, les problèmes soulevés par les rapports entre matière et esprit sont complexes et dépassent largement le cadre de la philosophie. - Le dualisme classique qui oppose frontalement la matière et l'esprit comme deux substances à la réalité différente semble en difficulté pour expliquer le fait que la matière peut effectivement rendre compte del'esprit, et doit être remis en question. - A la question de savoir si la matière peut rendre compte de l'esprit, il semble que l'on doive répondre oui car la matière n'est pas pensable en terme de substance purement autonome.

De la même manière quel'esprit du Christ est incarné dans le corps de Jésus, la pensée humaine semble indissociable dufonctionnement du cerveau. - Enfin, la matière, en tant que totalité, ne se laisse pas enfermer dans des explications scientifiques qui manifestent au contraire, dans leur complexité croissante, la puissance irréductible de l'esprit connaissant.. »

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