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Croyance et Vérité ?

Publié le 22/11/2009

Extrait du document

La croyance est donnée dans un vécu particulier et correspond dans l'attitude naturelle à une intention tournée vers un objet. Toute croyance est croyance en quelque chose. L'objet de la croyance est donné dans une expérience dans laquelle l'esprit adhère plus ou moins à une représentation. Quand il n'y a aucune adhésion, nous parlons de doute, quand l'adhésion est médiocre, nous parlons de probabilité, quand elle est entière, nous parlons de certitude . Ce flottement de l'adhésion, qui donne son caractère au jugement, est relatif à la conscience qui juge et s'identifie à sa propre construction mentale, ce qui produit un degré d'adhésion au jugement Quels sont donc les facteurs psychologiques qui interviennent dans l'adhésion qui est au fondement de la croyance ?  Tous les hommes ont en droit une même puissance de juger et tous les hommes sont aussi portés à croire. Cependant, exercer son esprit critique est une chose qui s'apprend, qui s'exerce. La croyance elle est plus passive et plus irréfléchie. Nous sommes soumis à l'inertie du mental, inertie qui est proportionnelle à notre identification aux constructions mentales de notre propre pensée. Dans l'attitude naturelle, nous ne pouvons pas nous empêcher de croire dans nos pensées. L'inertie du mental fait que la paresse peut engourdir l'intelligence, de sorte qu'au lieu d'avoir en tête des idées justes, solidement fondées en raison, nous entretenons par habitude des idées confuses et qui n'ont pas vraiment de justification. L'habitude maintient le mental dans des ornières dont il ne sort pas facilement. Il faut une singulière vivacité d'esprit, un étonnement vivant, une continuelle curiosité intellectuelle pour que l'intelligence soit toujours éveillée. Sinon, elle risque de prendre ce qui est seulement familier pour ce qui est évident, de prendre ce qui est habituellement entendu pour ce qui est intellectuellement recevable. Bref, de croire dans des préjugés de manière stupide et irréfléchie. C'est la paresse intellectuelle qui favorise le conformisme des idées reçues, ce conformisme que nous n'osons pas mettre en cause parce que nous nous comportons soit en poltrons - par ce que nous n'osons pas penser par nous-même -ou en perroquet de l'opinion – parce que nous prenons l'habitude de répéter ce qui se dit. Le conformisme, c'est une forme de croyance où l'intelligence s'est endormie dans l'habitude.

« signes.

Il interprète de manière délirante la réalité.

Ainsi de ce cas psychiatrique où on voit un sujet s'arrêter devantles initiales JVC d'une marque de télévision pour proclamer : « Jésus Vous Connais ! C'est un signe, tremblez, vousserez jugé ! ».

Freud fait quelques remarques de bon sens sur la différence entre le superstitieux et le psychiatre : «ce qui me distingue d'un homme superstitieux, c'est donc ceci : je ne crois pas qu'un événement à la productionduquel ma vie psychique n'a pas pris part soit capable de m'apprendre des choses cachées concernant l'état à venirde la réalité ».

Le superstitieux oui.

Le superstitieux ne croit pas au hasard extérieur, le psychologue lui ne croit pasau hasard intérieur.

Le superstitieux « projette à l'extérieur une motivation que je cherche à l'intérieur ».

En d'autrestermes : le superstitieux ne se rend pas compte de ses propres motivations et justement, parce qu'il les ignore, il lesprojette dans le monde extérieur.Il faut bien avouer que le cours de la Nature ne nous est que rarement favorable, selon des plans qui soient lesnôtres.

Les choses ne se passent jamais comme l'ego peut les attendre.

Alors, comme l'explique Spinoza, leshommes ont tendance à repenser le cours des choses suivant leurs propres desseins.

Donc, « si la fortune leur étaittoujours favorable, ils ne seraient jamais prisonniers de la superstition ».

Dans l'adversité, il faut que les hommescherchent de quoi se rassurer, quel que soit le prix de la croyance.

« Si en effet, pendant qu'ils sont dans l'état decrainte, il se produit un événement qui leur rappelle un bien ou un mal passés, ils pensent que c'est l'annonce d'uneissue heureuse ou malheureuse et pour cette raison, bien que cent fois détrompés, l'appellent un présage favorableou funeste ».

La superstition prolifère sur le terrain de la peur.

La peur engendre une pensée irrationnelle et c'estcette pensée irrationnelle qui finit par faire en sorte que les hommes,« quand ils interprètent la Nature, ilsdécouvrent partout le miracle, comme si la nature délirait avec eux ».Nous ne devons pas nous moquer trop vite dela crédulité, car elle peut-être liée à un profond malaise, une angoisse, un doute morbide dont le sujet ne peut sortirque par une fuite en avant dans des opinions qui rassurent.

Il ne suffit pas de dénoncer la superstition, tant que laconfiance en soi n'a pas été restaurée.

Quand la confiance est sapée, c'est le doute acide qui ronge.

Le sceptique,dans le sens pathologique, est celui qui ne parvient plus à croire en quoi que ce soit et qui reste seul avec le doute.L'intellect qui n'a plus de prise sur rien se retourne contre lui-même et rumine des scrupules indéfinis, pour aboutirau sentiment d'une impuissance à croire.

Le sceptique ne peut plus se rassurer dans des opinions qui assureraientun confort.

Il rumine le doute.

L'intellect tranche et hache menu la certitude pour ramener toute croyance au néant.Amiel, dans son Journal intime, l'a souvent exprimé, disant que chez lui, la rumination scrupuleuse avait précipité ledoute au point de paralyser la faculté de décider, de vouloir, d'agir.

L'intellect qui se retourne contre lui-mêmeproduit la faiblesse et se donne la caution d'un scepticisme morbide pour qui tout est vain.

Amiel écrit : « ta lacuneest dans le vouloir, le principe de ton abstention est le doute et le doute provient de l'impossibilité de tout voirjointe à la probité qui repousse le parti pris et la décision arbitraire ».

Le moi voudrait tout contrôler, mais n'yparvient pas.

Il se retranche dans l'abstention et s'auto justifie par le scrupule soi-disant rationnel.En comparaison, le fanatique lui, sort du doute par un saut aveugle dans la foi.

Là où le sceptique rumine sesdoutes, en restant prostré, lui se dope à la fébrilité d'une foi qui ne doute de rien.

Il a le regard halluciné de celui quipossède la vérité absolue et entend l'imposer par tous les moyens, y compris par la force.

Tout l'inverse du regardrentré, éteint, du sceptique qui ne voit plus de vérité nulle part.

Son adhésion à la croyance est massive,inconditionnelle, étroite, dépourvue de tout esprit critique.

C'est la passion de celui qui est persuadé de posséder lavérité et non pas passion de celui qui la cherche, ni l'humilité de celui qui sait que la vérité ne lui appartient pas enpropre.

Le mental fanatique est porté à donner des réponses brutales, tranchées, sommaires, catégoriques.

Lefanatique pense entièrement dans la dualité et une dualité rigide, manichéenne: il y a le bien/mal, le chrétien/païen,les élus de Dieu/damnés, le peuple musulman/le grand Satan occidental, les courageux/lâches, la droite/gauche etc.Derrière la pensée fanatique, il y a d'abord une rigidité mentale.

Le fanatique ne parvient pas à s'ajuster à lacompréhension d'une situation neuve, complexe, il applique un schéma brutal, sans parvenir à nuancer soninterprétation.

Il pense de manière manichéenne et il s'auto-justifie dans la grandiloquence morale, bardée deprincipes, qui ne devraient pas connaître d'exception, comme si la règle devait tomber comme un couperet, sansdiscussion possible.

Cette incapacité de saisir la complexité fait que le fanatique ne parvient pas à voir que bien etmal sont présents en toute réalité relative donc en l'autre comme en lui-même.

Persuadé d'avoir raison, il se fait fortd'exprimer ses vues de manière agressive, comme il sait s'abriter adroitement derrière le souci de la justice pour faireviolence.

La personnalité fanatique est naturellement de type obsessionnel.

Les exemples que nous pourrions fournirsont nombreux.

Il y a eu des fanatiques de tous bords, de toutes formes d'idéologie.

Le christianisme a eu sonfanatisme du temps de la Sainte Inquisition.

Le personnage de l'inquisiteur est exactement le profil psychologiqued'une pensée obsessionnelle, de la rigidité mentale fanatique.

Un personnage aussi véhément qu'Adolf Hitler et sonstyle de discours véhiculent exactement la même structure mentale.

La logique de l'annihilation des Khmers rougesest encore la réapparition de ce même profil.

Et c'est encore la structure mentale fanatique que l'on retrouve dansles mouvements intégristes violents qui se rattachent à l'Islam.Nous ne pouvons pas être tolérants en matière de fanatisme, car justement le fanatisme est l'antithèse radicale dela tolérance.

Cependant, si nous transportons la question à l'intérieur de nous-mêmes, nous aurons là une occasiond'une prise de conscience.

Ce que nous devons savoir reconnaître avant tout, c'est cette forme-pensée fanatique,cette croyance qui rend fou.

Le personnage du fanatique n'est rien d'autre que l'incarnation d'une forme-pensée.

Dela même manière, le sceptique maladif est un type mental, la concrétion psychologique d'une forme-pensée, demême que le superstitieux.

Tous ces personnages sont en nous, parce que notre esprit abrite en lui toutes lesformes-pensées.

Il est important de savoir reconnaître le pli mental qui installe dans notre vie un personnage, c'estmême plus important que de seulement le dénoncer chez les autres.

Il est facile de dénoncer le fanatisme chez lesautres, sans se rendre compte que la colère véhémente que l'on met dans notre dénonciation peut aussi yressembler beaucoup ! B.

La croyance-opinion et la croyance-foi. »

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