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Cours sur la notion de NATURE.

Publié le 04/04/2009

Extrait du document

L'homme cuit ses aliments, enterre ses morts. Voilà deux comportements qui le placent au-delà de la nature et le distinguent des animaux. Mais l'homme s'est-il pour autant émancipé de toute détermination naturelle ? En façonnant la nature selon ses intérêts, il crée un monde à son image. Or, le milieu proprement humain, c'est la ville, où les moeurs, faites de violence ou de ruse, ressemblent étrangement aux règles de vie de la jungle. Peut-on penser que la culture n'est qu'une poursuite des lois de la nature sous un autre nom, à moins que les hommes n'aient pas encore vraiment atteint cet état de culture qui pourrait être un idéal ?  

1) La nature existe sans l'homme.

2) La culture s'ajoute à la nature.

3) L'homme est un animal culturel.

4) La fiction de l'état de nature.

.../...

« 5) Une nature secrète à l'oeuvre dans la culture. Mais d'un autre côté, n'y a-t-il pas, chez l'homme, comme un reste de nature oublié ou refoulé ? Autrement dit,toute la question est ici de savoir si la culture humaine est ou non en totale rupture avec la logique de la nature.Quelques remarques de Kant permettent de mieux poser le problème : "De même que l'état de nature juridique estun état de guerre générale de tous contre tous, de même l'état de nature éthique est un état d'attaquesincessantes déchaînées par le mal qui se trouve également dans tous les hommes, qui pervertissent les uns par lesautres leur disposition morale ; et, alors même que chaque individu serait porté de bonne volonté, ils s'écartent parsuite de l'absence d'un principe qui les unirait, à cause de leurs désaccords de la fin commune du bien, tout commes'ils étaient les instruments du mal et se mettent mutuellement en danger de retomber à nouveau sous sadomination." La religion dans les limites de la simple raison. Ici, il définit l'état de nature juridique par la loi du plus fort.

Mais il montre aussi, après Rousseau, que la vie ensociété n'a pas totalement éliminé cet état de nature primitif.

Ne dit-on pas, d'ailleurs, que dans la société, c'estsouvent la loi de la jungle qui règne ? Toujours est-il que Kant souligne que ces "attaques incessantes" entre leshommes les conduisent, en cultivant la haine, à se "pervertir" les uns les autres.

H suffit par exemple de songer auxmesquineries dont Rousseau se plaint pour mesurer toutes les limites de notre société si "policée".

Ce mal dont parleKant, ne viendrait-il pas d'une nature humaine profonde, cachée, qui expliquerait cette "insociable sociabilité" ouinous caractérise ? 6) Nature et racisme. On ne peut pas tout expliquer par un recours à l'idée de nature humaine.

En outre, dès qu'on pense l'homme parrapport à la nature, on aboutit à des aberrations comme le racisme.

Considérer qu'un individu se définit avant toutpar l'appartenance à une race, c'est ne le penser que comme être biologique.

Or, toutes les tentatives faites dansce sens ont échoué, car on n'a jamais pu découvrir de différences significatives entre les races, surtout pas en cequi concerne les structures neurobiologiques qui sous-tendent les fonctions intellectuelles.

Ici, c'est Descartes qui araison : tous les hommes sont semblables parce que tous sont pourvus du même "bon sens", même si, comme il leremarque avec une pointe d'ironie, ils ne l'utilisent pas tous de façon adéquate. 7) Toute conception de la nature est culturelle. En fait, tandis que l'idée même de race est biologiquement douteuse, le racisme, lui, est bien un fait de culture.Certains courants comme la "sociobiologie" ont bien tenté de justifier une conception biologique qui classe leshommes en forts et en faibles, à l'instar de Nietzsche, qui était pour sa part plus nuancé.

Mais les motivationsidéologiques et donc politiques à l'oeuvrent illustrent admirablement ce que nous avons pu voir à propos de l'illusion,dont on sait qu'elle est aussi ignorance de ses propres motivations.

Il est dont clair que toute référence à l'idéed'une? nature humaine est contingente, en ce sens qu'elle ne peut jamais mettre en évidence une nature profondequi serait comme un invariant absolu, si ce n'est précisément le fait pour l'homme d'être de part en part un êtreculturel.

Si l'homme prétend se rendre conforme à la nature, telle qu'il se la représente, c'est qu'il en a le choix.Autrement dit, la nature ici n'y est pour rien.

Cela signifie qu'on peut aussi choisir d'inventer la condition humaine.

8) La nature de l'homme réside dans sa perfectibilité. Ainsi, la nature de l'homme (l'ensemble de ses caractéristiques) serait finalement de ne pas avoir de nature, au sensd'un donné originel.

Selon Rousseau, ce qui distingue l'homme de l'animal, c'est la perfectibilité, c'est-à-dire sa"faculté de se perfectionner", comme il l'explique dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmiles hommes.

C'est elle qui, grâce aux circonstances, permet de développer toutes les autres facultés.

Cetteperfectibilité se retrouve d'ailleurs aussi bien chez l'individu que dans l'espèce humaine toute entière, qui est ainsicapable de progrès.

L'animal au contraire, ne progresse pratiquement pas au cours de son existence, et aucuneespèce animale ne connaît le progrès.

9) Sartre: pas de nature humaine unverselle. Dans L'Existentialisme est un humanisme, Sartre développe à partir de ce constat une thèse extrême, selon laquellel'homme n'a pas de nature.

Pour lui, l'homme n'est pas définissable, parce qu' "il n'est d'abord rien".

L'homme n'esthomme que parce qu'il se fait, à partir de l'ensemble des influences qu'il a subies.

Rien ne serait inscrit d'avancedans une nature humaine prédéfinie, qu'il s'agirait alors de dévoiler.

Nulle virtualité, nulle potentialité.

L'individu n'estque ce qu'il décide d'être, selon un projet d'existence qui lui est propre.

10) La culture est un fait de nature. Il y a cependant un danger à insister sur l'inexistence d'une nature humaine, sous prétexte qu'elle est impensable.Car au-delà des doutes de l'anthropologie contemporaine, force est tout de même de constater qu'il y a sinon uneuniversalité de fait, du moins une universalité de droit de l'idée d'homme.

D'abord, ce qui est universel, c'est le fait. »

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