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Constitution d'une science de l'homme : la sociologie ?

Publié le 27/02/2008

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sociologie
a) L'objet que se propose d'étudier la sociologie est celui même de l'histoire. Comme cette dernière, la sociologie considère les sociétés humaines. Mais, devant cet objet, la sociologie adopte l'attitude classique de la science: elle tend vers l'universel. Alors, que l'histoire ne retient que le fait individuel, avec sa date et son lieu, et se borne à la recherche de causes locales et temporelles, la sociologie rapproche des faits fort éloignés dans l'espace et le temps, et essaie de trouver des rapports constants, des relations générales, de véritables lois. La découverte de tels rapports est possible: on retrouve en effet les mêmes usages, les mêmes croyances, chez des peuples fort divers, très éloignés les uns des autres par l'espace ou le temps, mais où les conditions sociales sont les mêmes. Les mêmes conditions sociales produisent donc les mêmes phénomènes sociaux: il existe des lois en sociologie. Du reste la statistique révèle que des faits en apparence livrés au hasard, ainsi le meurtre, le suicide, présentent une remarquable constance.
sociologie

« sociologie sera inductive. De fait, la méthode que décrit Durkheim en son ouvrage: "Les Règles de la Méthode Sociologique" n'est autre que la méthode expérimentale infléchie selon les besoins spéciaux de la sociologie. a) Le sociologue devra d'abord établir des faits (soit par enquête personnelle, soit en les empruntant à l'histoire et à l'ethnographie).

Pour cet établissement des faits , le sociologue se mettra dans l'état d'esprit du physicien et du chimiste: il considérera les faits sociaux comme des choses , il les appréhendera du dehors.

Pour préciser sa pensée, Durkheim indique que le sociologue devra éviter les prénotions, définir le fait social par un caractère extérieur précis, grouper les faits sociaux d'après leurs caractéristiques communes ainsi définis, saisir lefait social par un côté où il se présente isolé de ses manifestations individuelles.

b) Il s'agit ensuite d'établir, entre les faits sociaux, des relations constantes, ou lois: dans ce travail, le sociologue rejettera les explications par les causes finales: les faits sociaux seront expliqués par leurscauses efficientes.

En tout cas, on recherchera séparément la cause efficiente qui produit un fait et la fonction qu'ilremplit.

Le sociologue devra rejeter les explications psychologiques: la cause déterminante d'un fait social sera cherchée parmi les faits sociaux antécédents , et non parmi les états de la conscience individuelle. c) Mais, une hypothèse formulée, comment la vérifier? La vérification des lois sociologiques se fera grâce à la méthode des variations concomitantes .

Sans doute aucune expérimentation proprement dite n'est ici possible.

Mais, la sociologie aura recours à l'histoire comparée: prenant des sociétés en différents temps et lieux, elle étudiera la façon dont un phénomène varie en fonction d'un autre. La méthode de la sociologie sera donc avant tout comparative.

On voit par là ce que la sociologie doit à l' histoire et à l' ethnographie .

Non seulement en effet ces sciences lui fournissent la plupart de ses faits, mais elles sont pour le sociologue des instruments d'analyse etd'explication.

Elles constituent des sciences annexes de la sociologie. L'ethnographie, en faisant connaître au sociologue les peuples primitifs, les sociétés inférieures et élémentaires lui montre l'essentiel séparé de l'accessoire(qui en de telles sociétés, n'est pas encore venu cacher le principal).

De même, l'histoire permet de résoudre uneinstitution en ses éléments constitutifs, puisqu'elle nous les montre naissant dans le temps les uns après les autres.Et, l'on sait que c'est grâce à l'histoire comparée que le sociologue parvient à trouver les causes des faits sociaux, àétablir des lois et à les vérifier.

Le sociologue veut parfois donner à ses lois la précision qui fait la valeur des lois physiques: pourintroduire la quantité , il fait alors appel à la statistique .

Elle peut permettre d'établir entre les faits sociaux (ainsi entre la criminalité ou la toxicomanie et le chômage) des lois à forme mathématique.

Mais, il ne faut pas oublier quel'établissement des statistiques exactes est fort délicat, et que leur interprétation est difficile.

2) On voit qu'à l'époque moderne s'affirme , chez nombre de penseurs, le souci d'étudier scientifiquement les faits sociaux.

Il faut pourtant convenir que nulle méthode sociologique n'a réussi à s'imposer universellement. On peut, par exemple, reprocher à la méthode de Durkheim d'isoler les faits sociaux du reste du réel.

Considérant essentiellement les faits sociaux comme des faits de conscience collective, Durkheim tend à les séparerde leurs bases matérielles: ainsi des faits économiques; affirmant d'autre part que la conscience collective doit êtreétudiée indépendamment des consciences individuelles, Durkheim tend à séparer les faits sociaux de leurs fondements psychiques.

Le souci de Durkheim est en effet de fonder une sociologie indépendante: dès lors, il veut découvrir des purement sociologiques, unissant un fait social à un autre fait social.

Mais, un domaine quelconque n'a-t-il jamaisété, dans la Nature, "isolé"? Les faits biologiques ne sont-ils pas partiellement expliqués par des lois chimiques? Lephysicien ne fait-il pas usage de rapports mathématiques? On peut donc penser que les faits sociaux ne sontexplicables qu'en fonction de l'ensemble du réel (physique, biologique, économique, psychique), et que la plupart deslois sociologiques sont réductibles à des lois économiques, psychologiques, ect.

Soit, par exemple, la loi de Durkheim sur le suicide.

Après avoir établi que le suicide est plus fréquent chez les intellectuels (le savoir ne serait-il pas une impasse?...) que chez les manuels, chez les célibataires que chez lesgens mariés, chez les athées que chez les croyants, ect..., Durkheim déclare que "le suicide varie en raison inverse du degré d'intégration de la société religieuse, de la société domestique, de la société politique" . Mais, comment séparer cette loi du fait psychologique qu'un individu écarte avec d'autant plus de violence l'idée dela mort qu'il sent autour de lui des êtres qu'il aime, qu'il se sent soutenu par eux, qu'il se sent responsable enverseux? De même, il serait facile de montrer que beaucoup de faits sociaux sont l'expression de faits économiques.Mais, on songe dès lors aux méthodes matérialistes de Marx, à la méthode psychologique de Tarde. A la psychologie durkheimienne, qui a longtemps dominé en France, on peut opposer aussi la sociologie de Dilthey [3], qui veut comprendre le fait social comme fait humain, celle de Monnerot , qui déclare que les faits sociaux ne sont pas des choses, ect.Il est donc bien difficile de définir les principes dont doit s'inspirer la méthode sociologique, et de préciser sondomaine; en fait, les études sociales sont à leur début, et ne présentent encore que peu d'unité.. »

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