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Comte: Art et technique

Publié le 27/02/2008

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technique
Quoique la liaison des sciences aux arts (1) ait été longtemps d'une importance capitale pour le développement des premières, et qu'elle continue réagir encore très utilement sur leur progrès journalier, il est néanmoins incontestable que, d'après le mode irrationnel suivant lequel cette relation est presque toujours organisée jusqu'ici, elle tend, d'un autre côté, à ralentir la marche des connaissances spéculatives une fois parvenues à un certain degré d'extension, en assujettissant la théorie à une trop intime connexion avec la pratique. Quelque limitée que soit, en réalité, notre force de spéculation, elle a cependant, par sa nature, beaucoup plus de portée que notre capacité d'action, en sorte qu'il serait radicalement absurde de vouloir astreindre la première, d'une manière continue, à régler son essor sur celui de la seconde, qui doit au contraire s'efforcer de la suivre autant que possible. Les domaines rationnels de la science et de art sont, en général, parfaitement distincts, quoique philosophiquement liés : à l'une il appartient de connaître, et par suite de prévoir ; à l'autre, de pouvoir, et par suite d'agir. (1) L'attention du candidat est attirée sur le fait que le mot arts n'est jamais entendu au sens de beaux-arts mais au sens de techniques. COMTE

Auguste Comte est le fondateur de la philosophie positiviste, selon laquelle le vrai repose sur les faits établis par la méthode scientifique, qui s’attache non pas à chercher le pourquoi des choses, mais le comment, en dégageant les lois naturelles qui régissent les phénomènes. L’humanité, dans sa manière de se rapporter au monde par la connaissance, développe ainsi sa raison dans le sens du progrès, qui passe successivement par l’Etat théologique, puis métaphysique, avant de culminer dans l’Etat positif, qui est celui de la science expérimentale. Dans ce texte, Comte pose la question du rapport entre les sciences et les arts, entendus au sens de techniques. La question est de savoir en quoi il peut être profitable ou nuisible pour les sciences de s’appuyer sur la technique : cette liaison est-elle féconde, ou bien sciences et techniques font-elles appel à des modes de pensée trop hétérogènes ? Comment peut-on définir la relation entre ces deux types de rapports au monde de sorte que leur association soit rationnelle, c’est-à-dire porteuse de progrès ? Après avoir examiné l’utilité et le danger de la connexion des sciences et des techniques, Comte pose une distinction radicale entre les deux domaines, fondée sur des buts différents et sur une priorité de la spéculation sur la pratique.

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