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« Changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde » : un tel précepte vous semble-t-il aujourd'hui périmé ?

Publié le 27/02/2008

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Le destin qui règne dans le monde est donc bon, il est une Providence. Mais ce Bien, c'est la vie et le Bien du Tout, de la nature elle-même, non de chaque créature qui la compose. Chaque homme n'est qu'un rouage du grand mécanisme universel, et c'est par une folle présomption que chacun s'imagine être le centre du monde et voudrait que tout conspire à son bonheur. En revanche, cette idée que le monde est dirigé par la Providence, que chaque événement concourt à un Bien pour le Tout, même si la petite partie que nous sommes ne l'aperçoit pas, cette idée est beaucoup plus puissante que celle de la simple nécessité pour incliner notre volonté à vouloir ce qui advient. Telle est précisément l'attitude du sage qui peut ainsi goûter le bonheur. Dès lors , chaque homme doit se persuader que la Providence lui a assigné un rôle à jouer sur la terre. Il ne doit pas désirer changer de rôle ou de condition, mais il doit s'efforcer de jouer correctement son rôle ; « Souviens-toi que tu joues dans une pièce qu'a choisie le metteur en scène: courte, s'il l'a voulue courte, longue, s'il l'a voulue longue. S'il te fait jouer le rôle d'un mendiant, joue-le de ton mieux; et fais de même, que tu joues un boiteux, un homme d'État ou un simple particulier. Le choix du rôle est l'affaire d'un autre. » (Pensée 17).


« Mon pouvoir d'accomplir des actes est très limité, par les lois de lanature ou les lois juridiques.

Quant à mon pouvoir de faire réussir mesactions, il est quasiment nul, puisque cela dépend du concours du restedu monde, ou encore de la chance.

En y réfléchissant bien, je ne suispas absolument certain d'être encore vivant demain ou tout à l'heure.Tant de choses peuvent arriver...En revanche, il est une chose qui ne dépend que de moi, sur laquelle j'aiun pouvoir absolu : c'est ma volonté.

Moi seul décide de ce que jeveux.

Par exemple, si je ne veux pas aller à un endroit, on peut m'ycontraindre par la force, mais on n'aura pas pu changer ma volonté.

Jedécouvre, par cette réflexion, que je possède, comme chaque homme,une volonté absolument libre, ou encore un libre-arbitre, comme disentles philosophes.

Je dispose donc d'un domaine de pouvoir et de liberté,qui est tout intérieur à moi-même.Néanmoins, comment parvenir à maîtriser complètement mes désirs ?Ma volonté est-elle toujours assez puissante ? Là encore, une justevision des choses, cad une bonne connaissance métaphysique du réel,peut nous aider.

Les stoïciens affirment que tout ce qui arrive estnécessaire.

Rien ne pouvait arriver autrement.

En effet, chaqueévénement est le fruit d'une longue série de causes.

Et la relation de lacause à l'effet est nécessaire : un autre effet ne peut pas naître d'unemême cause, ou d'un même ensemble de causes.

Il ne sert donc à rien de désirer autre chose que ce qui advient ou de se révolter contre ce qui est, car tout est nécessaire.

On neferait que se rendre inutilement malheureux.

Cette conception métaphysique juste de la nécessité qui règnedans toutes les choses du monde contribue à annuler mes désirs.

Tel est le principe : admettre ce qui nousarrive comme inéluctable, pour ne plus s'en affliger.

Mais pour les stoïciens, les hommes sont comme desenfants ou des fous puisqu'ils désirent sans cesse autre chose que ce qui est et se rendent par eux-mêmesmalheureux : « Il ne faut pas demander que les événements arrivent comme tu le veux, mais il faut les vouloircomme ils arrivent ; ainsi ta vie sera heureuse » (pensée 8).C'est l'amour du destin, l' « amor fati » auquel il faut parvenir pour être sage.Les stoïciens allaient même encore plus loin dans cette réflexion sur l'ordre des choses.

Ils ne s'en tinrent pasà cette simple conception de la nécessité absolue du rapport de cause à effet, idée qu'ont partagée tous lessavants qui ont fondé la science moderne.

Cela ne serait qu'une nécessité aveugle.

Mais les stoïcienspensaient que la Nature est un être divin et intelligent, qui ne fait rien en vain.

Tout est fait pour quelquechose, tout a un but, tout est finalisé.

Le but ultime que poursuit la nature, c'est évidemment le Bien.

Ledestin qui règne dans le monde est donc bon, il est une Providence.

Mais ce Bien, c'est la vie et le Bien duTout, de la nature elle-même, non de chaque créature qui la compose.

Chaque homme n'est qu'un rouage dugrand mécanisme universel, et c'est par une folle présomption que chacun s'imagine être le centre du mondeet voudrait que tout conspire à son bonheur.

En revanche, cette idée que le monde est dirigé par laProvidence, que chaque événement concourt à un Bien pour le Tout, même si la petite partie que noussommes ne l'aperçoit pas, cette idée est beaucoup plus puissante que celle de la simple nécessité pourincliner notre volonté à vouloir ce qui advient.

Telle est précisément l'attitude du sage qui peut ainsi goûter lebonheur.

Dès lors , chaque homme doit se persuader que la Providence lui a assigné un rôle à jouer sur laterre.

Il ne doit pas désirer changer de rôle ou de condition, mais il doit s'efforcer de jouer correctement sonrôle ; « Souviens-toi que tu joues dans une pièce qu'a choisie le metteur en scène: courte, s'il l'a vouluecourte, longue, s'il l'a voulue longue.

S'il te fait jouer le rôle d'un mendiant, joue-le de ton mieux; et fais demême, que tu joues un boiteux, un homme d'État ou un simple particulier.

Le choix du rôle est l'affaire d'unautre.

» (Pensée 17). Les hommes sont la cause de leur propre malheurDescartes s'est inspiré de la philosophie d'Épictète, en affirmant qu'il vaut mieux changer ses désirs plutôt quel'ordre du monde.Dans la troisième partie du « Discours de la méthode », Descartes affirme qu'une de ses règles d'action est «de tâcher plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde » («Fortune » désigne ici le cours changeant de la nature).Pour comprendre cette maxime, qui semble d'un conformisme révoltant, il faut savoir qu'elle fait partie d'unemorale « par provision », c'est-à-dire qu'elle ne correspond pas à la morale définitive de Descartes, maiss'intègre à un ensemble de règles provisoires et révisables, dictées par l'urgence de la vie et de l'action, alorsmême que la raison et la recherche recommandent la prudence.Le but que poursuivent les stoïciens, et Descartes ici, est de nous rendre les plus indépendants possibles descoups du sort, d'assurer au sujet la plus grande autonomie possible.

Or pour cela il faut NOUS vaincre, plutôtque de nous en prendre à la fortune (au mode, au hasard) et changer nos désirs plutôt que de sombrer dansl'illusion de remodeler le mode suivant nos projets.

Comme le déclare Épictète : « Ce n'est pas en satisfaisantnos désirs que l'on se fait libre, mais en détruisant les désirs.

»On voit ici naître l'opposition entre le sujet et la fortune, ses désirs et le monde.

En fait, il faut d'abord savoirfaire la différence entre ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas, compter nos propres forces, et lesmesurer à celles du monde qui nous fait face.Ce qui m'appartient en propre et sur quoi j'ai un pouvoir, c'est moi-même, mes désirs, mes pensées, l'initiativede mes actes.. »

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