Devoir de Philosophie

Camille Corot

Publié le 26/02/2010

Extrait du document

corot

Issu d'une famille de commerçants aisés de la bourgeoisie parisienne, Camille Corot dut attendre ses vingt-cinq ans pour que ses parents bonnetiers acceptent sa vocation artistique et lui allouent une modeste pension pour vivre. Il étudia dès lors avec des peintres formés à l'école néoclassique et en 1825, quitta Paris pour Rome où il passa trois années décisives. En Italie, Corot découvrit sa passion pour les paysages, qu'il réalisait en plein air d'un seul trait. Ces premières esquisses à la facture spontanée constituaient déjà un travail abouti, parfois remanié en atelier comme le Pont de Narni, présenté au Salon de Paris en 1827. Quatre ans plus tard, il exposa un tableau de la Forêt de Fontainebleau qui obtint le second prix du jury et signifia sa liberté d'exposer régulièrement au Salon. Mais sa peinture qui remportait un vif succès d'estime ne lui permettait pas de s'affranchir de la pension de ses parents, dont il resta largement tributaire jusqu'en 1840, année où l'une de ses toiles d'exposition, Le Jeune berger, fut achetée par l'État. Dès lors, sa carrière de peintre s'épanouit, lui apportant l'aisance financière, la reconnaissance (légion d'honneur en 1846) et l'admiration de nombreux artistes qui l'imitèrent ou le louèrent tel le poète Charles Baudelaire. Pourtant, le succès ne modifia pas réellement sa manière de vivre. Il consacrait ses journées à son travail, s'installant dans la campagne avec son chevalet, et fut à peine affecté par les événements politiques qui secouèrent la capitale. Bien qu'il ne se mariât jamais, il appréciait la compagnie de ses nombreux amis et élèves dont les jeunes impressionnistes Pissarro et Morisot. Au fil du temps, ses grands tableaux d'exposition intéressèrent moins le public que les esquisses à la facture spontanée qui précédaient leur composition. Ces esquisses étaient empreintes d'une vitalité et d'une fraîcheur qui reflétaient la sensibilité première d'un homme généreux, ayant dédié sa vie à un amour exclusif du paysage.

corot

« En octobre 1825, Corot allait à Rome en passant par la Suisse.

En arrivant dans la Ville Éternelle, il se mit en devoirde suivre l'avis de son premier maître.

Ses camarades étaient charmants pour lui, mais s'étonnaient de voir cenouveau-venu s'acharner à peindre d'après nature des études si directes, et qui leur paraissaient naïves.

La lumièrecrue et blonde de Rome était pour Corot une nouveauté bien troublante, et il écrivait à son ami, Abel Osmond :"Enfin, il est toujours beau.

Mais aussi en revanche, ce soleil répand une lumière désespérante pour moi.

Je senstoute l'impuissance de ma palette...

Il y a des jours, véritablement, où on jetterait tout au diable". Le premier séjour de Corot fut très fécond, d'abord en formant son propre style du paysage, mais aussi enétablissant fermement une nouvelle conception du paysage dans la peinture.

Constable, il est vrai, avait déjàexposé au Salon de 1824 à Paris ses toiles célèbres : la Charrette à foin, une Vue prise aux environs de Londres,l'Ecluse sur la Stour.

Nous savons que ces toiles avaient fait une impression énorme sur Delacroix et qu'elles étaientdevenues l'objet de discussions passionnées parmi les artistes et les critiques de l'époque.

Corot les a-t-il vues ? Iln'est que juste de le présumer.

Ce qui est certain, en tout cas, c'est qu'avant 1824, il avait déjà achevé unedouzaine au moins de paysages d'après nature, et s'était ainsi posé en pionnier indépendant du réalisme dans lepaysage, en opposition avec la conception historique de ce genre de peinture telle qu'elle était définie par les règlesclassiques qu'acceptaient la plupart de ses contemporains. Aujourd'hui avec un siècle de recul, les études de paysages et de figures de l'époque italienne nous apparaissentcomme des expériences visuelles pleinement réalisées.

Corot voyait au delà de ce qui est visible, jusqu'à l'âmecachée des lieux ; il en rendait le sens profond et le caractère en même temps que l'aspect extérieur : comme s'ilavait cherché à enregistrer pour le plaisir qu'il y trouverait plus tard les sensations qu'avaient provoquées en lui ladouceur de l'air, la lumière radieuse de Rome, la verdure des arbres, la fraîcheur de son ombre, la musique de sesfontaines et la simplicité de ses habitants.

De telles sensations n'avaient jamais été traduites en termes de peinturedans toute leur pureté palpitante, dans leur vibrante vivacité.

Le manque d'achèvement apparent, tant critiqué parses contemporains, ne fait que rendre plus évidente cette spontanéité qui est l'essence même de la vision.

EugèneDelacroix voyait cette qualité chez Corot quand il écrivait : "Corot creuse beaucoup sur un objet.

Les idées luiviennent et il ajoute en travaillant ; c'est la bonne manière". Corot fit son premier envoi au Salon de Paris en 1827.

Ce fut la Vue prise à Narni (National Gallery du Canada,Ottawa), toile peinte d'après une esquisse faite sur place un an auparavant (Louvre, Paris).

Dans la toile du Salon,Corot a ajouté, en haut et à gauche, des arbres conventionnels et a fait du premier plan une pastorale bienordonnée qui fait penser à Claude Lorrain.

Il a essayé là de faire une synthèse du réel et de l'imaginaire, de rénoverla tradition classique des Salons.

Ceci ne signifie pas, chez Corot, l'abdication d'une théorie ou d'un parti pris : Corotn'était pas un révolutionnaire.

Il eut moins qu'aucun de ses contemporains le sentiment que sa mission fût detransformer la peinture française selon des théories ou des méthodes nouvelles.

Son but, semble-t-il, était deconstruire d'une façon rationnelle, si cela s'avérait possible, sur les fondations classiques d'autrefois, et de continuerainsi la grande tradition de la peinture française dont Poussin est l'initiateur.

Corot s'apparente par là à l'écoleclassique d'autrefois, tout en étant le père d'un nouveau classicisme qui devait révolutionner la peinture françaisede son siècle.

Cette synthèse qu'il a cherché plus d'une fois à réaliser a été le plus heureusement réussie dans sonHomère et les bergers (Musée de Saint-Lô) qui fut exposé au Salon de 1845. Corot rentra en France en 1828 et, entre cette date et 1834 il peignit en Normandie, à Fontainebleau, à Paris, àVille-d'Avray, dans la Nièvre et le Morvan, en Auvergne.

Les peintures de ces années sont parmi les plus belles quel'artiste nous ait données.

On note une réaction immédiate à la lumière plus douce de la France.

La chaleur desesquisses italiennes s'amortit d'harmoniques gris d'argent.

L'ajustement très fin des couleurs, qui est un descaractères essentiels de Corot, devient encore plus subtil. La place nous manque ici pour raconter la longue lutte soutenue par Corot pour être officiellement reconnu, honneurqu'il désirait passionnément.

En 1834, il fit un second voyage en Italie, passant par Lyon, Avignon, Marseille, Nice,Monaco et Vintimille ; il arriva à Gênes le 1er juin, visita Pise, Volterra, Florence et Venise, vit le lac de Garde et lelac Majeur, s'arrêta à Milan et revint en France par Genève.

Les toiles qu'il rapporta sont des évocations magistralesqui reflètent admirablement l'atmosphère des lieux visités, leur lumière, leurs traits particuliers, leur poésie. A Paris, Corot s'attelle à une grande composition religieuse : Agar dans le désert (Musée métropolitain des beaux-arts, New York), qui fut l'objet de critiques favorables et attira pour la première fois l'attention du public sur l'artiste.Enfin, en 1846, Corot expose au Salon sa Vue prise dans la Foret de Fontainebleau (Musée des beaux-arts, Boston)et reçoit la Légion d'honneur. Il est commode de diviser l'oeuvre de Corot en trois groupes.

Il y a d'abord les études, les esquisses et les tableauxfaits directement d'après nature.

Il en produisit tout au long de sa vie.

Ce groupe comprend les paysages peints enItalie, en France, en Suisse et en Hollande, ainsi que les études de figures et les compositions à personnages faitesd'après le modèle vivant en plein air ou à l'atelier.

Le second groupe comprend ses toiles pour les Salons, grandstravaux d'atelier à sujets religieux, mythologiques, historiques ou littéraires.

Enfin, il y a le groupe nombreux destoiles que nous appellerons "souvenirs".

Celles-ci commencent à apparaître entre 1850 et 1860 et sont de puresinventions peintes à l'atelier.

Les beaux portraits de Corot se rattachent ici au groupe de sujets à personnages. Comme il a été dit plus haut, ce sont les "souvenirs" qui furent l'objet de la première vague d'intérêt de la part dupublic, en France comme à l'étranger.

Avidement recherchés, ils entrèrent, nombreux, dans les collections privées.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles