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Biographie d'Alfred JARRY

Publié le 17/12/2009

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jarry

Jarry, un des maîtres du dadaïsme, est la dernière incarnation, mais plus singulière que géniale, du dandy métaphysique. « (Camus).

Écrit d'abord pour les marionnettes du théâtre des Phynances et représenté à Rennes dès 1888, Ubu roi suscita un vif scandale lors de sa création au théâtre de l'Oeuvre par la troupe de Lugné-Poe : dès le premier mot du drame — le fameux et tonitruant « Merdre ! « du père Ubu la salle fut debout et hurla. Jules Renard et Courteline convinrent que Jarry « se moquait du monde « ; Francisque Sarcey quitta le théâtre, indigné... Ubu roi, comme Ubu enchaîné et Ubu cop (suites du premier drame), s'accompagne généralement de la « Chanson du décervelage «, valse en forme de complainte populaire dont Claude Terrasse écrivit la musique : elle décrit le divertissement favori de l'ouvrier parisien, le décervelage ; refrain : « Voyez, voyez la machin' tourner, / Voyez, voyez la cervell' sauter, / Voyez, voyez les rentiers trembler : / Hourra, cornes-au-cul, vive le père Ubu ! «

 

FICHES DE LECTURES:
  1. Alfred JARRY: Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien
  2. Alfred JARRY: L'Amour absolu
  3. JARRY Alfred, Ubu roi

 

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« JARRY 1873-1907 NÉ à Laval en 1873· Venu tôt à Paris, fréquente les milieux symbolistes (Mercure, Revue Blanche).

La représentation d'Ubu-Roi en 1896 fait scandale.

Vit dans la misère avec un courage incroyable et meurt à l'hôpital en 1907, usé par la boisson.

Bien que la poésie ait connu des aventures extraordinaires depuis cent ans, c'est une entreprise surprenante qu'un poète ait prétendu se cacher derrière un personnage monstrueux et comique.

Armé du croc à phynance et le mot à la bouche, le père Ubu a d'abord conquis la gloire au détriment de son créateur.

II l'a écrasé sous sa grosse ombre jusqu'à ne plus laisser apparaître qu'un individu saugrenu et impénétrable.

Mais la mystification qui avait trop bien réussi auprès des contemporains a fini par céder sous un regard plus curieux et l'on commence à prendre la mesure du drame fulgurant qu'a vécu Alfred Jarry et dont il a témoigné dans une œuvre secrète et magnifique.

Jarry a conservé toute sa vie la nostalgie de certaines heures de son enfance où le désir était comblé.

Comme l'adolescent Rimbaud dans ses randonnées,« sur les routes de Sainte-Anne», le rêve se mêlait à l'imprévisible apparition des pierres et des bêtes pour lui constituer un violent royaume.

Le drame a commencé dès que le monde s'est imposé à lui comme résistance.

Contre l'autorité des professeurs et pour s'en délivrer, Jarry a participé avec ses camarades à la formation de mythes comiques.

Et sans doute, ce premier Ubu n'était que la figuration d'un ennemi extérieur à soi; défendu par la plaisanterie, on conserve le droit de rêver.

Mais l'expérience de la vie devait bientôt signifier à Jarry que, plus gravement que la résistance du monde, l'homme constituait lui-même un obstacle à son possible pouvoir : A tenter de réaliser tous ses désirs, il ne peut que tendre à devenir un être ignoble : M.

Ubu précisément.

Le poète toujours nie « notre inhabileté fatale »; la laideur de la réalité le comble de douleur.

Baudelaire et Lautréamont déjà avaient été fascinés par la dégradation de l'homme; dans leur œuvre, une profonde raillerie contribue au tragique.

Non moins acharné à affirmer un pouvoir exorbitant, Jarry était encore un génie comique.

Cette richesse inhabituelle trompe.

Le génie comique masque l'entreprise du poète révolté.

Et pourtant, quand il donne à rire de l'énorme caricature, Jarry oublie si peu une volonté de dépassement de l'homme que c'est dans le rôle d'Ubu, à la fin, qu'il maintiendra son intime protestation contre le destin ...

Mais il n'en est venu là qu'après d'autres tentatives.

Jarry avait la sensibilité la plus vive avec un courage égal.

A mesure que le malheur s'appesantit, son ambition s'exalte.

Trop lucide pour ne pas constater l'échec, trop orgueilleux pour le reconnaître, il s'efforcera par tous les moyens de déjouer l'inacceptable.

S'il n'a pas pris au sérieux le symbolisme des épigones, il a trouvé dans la pensée hermétique de son temps une conception susceptible de l'aider dans son désir de s'accomplir au-delà du poids qui l'entraîne.

Dans une perspective immanentiste et dialectique, l'homme et Dieu sont des avatars de l'unique « Energie Universelle », cette « éternelle énergie vivante et puissante à travers les mondes »dont il avait éprouvé l'harmonie violente lors des promenades de son enfance.

286 Jacques Doucet, Paris.. »

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