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Bergson: société et communauté

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

bergson
La société, qui est la mise en commun des énergies individuelles, bénéficie des efforts de tous et rend à tous leur effort plus facile. Elle ne peut subsister que si elle se subordonne l'individu, elle ne peut progresser que si elle le laisse faire : exigences opposées, qu'il faudrait réconcilier. Chez l'insecte, la première condition est seule remplie. Les sociétés de fourmis et d'abeilles sont admirablement disciplinées et unies, mais figées dans une immuable routine. Si l'individu s'y oublie lui-même, la société oublie aussi sa destination ; l'un et l'autre, en état de somnambulisme, font et refont indéfiniment le tour du même cercle, au lieu de marcher, droit en avant, à une efficacité sociale plus grande et à une liberté individuelle plus complète. Seules, les sociétés humaines tiennent fixés devant leurs yeux les deux buts à atteindre. En lutte avec elles-mêmes et en guerre les unes avec les autres, elles cherchent visiblement, par le frottement et par le choc, à arrondir des angles, à user des antagonismes, à éliminer des contradictions, à faire que les volontés individuelles s'insèrent sans se déformer dans la volonté sociale et que les diverses sociétés entrent à leur tour, sans perdre leur originalité ni leur indépendance, dans une société plus vaste : spectacle inquiétant et rassurant qu'on ne put contempler sans se dire qu'ici encore, à travers des obstacles sans nombre, la vie travaille à individuer et à intégrer pour obtenir la quantité la plus grande, la variété la plus riche, les qualités les plus hautes d'invention et d'effort. BERGSON

La société est composée d’individus. Cette évidence contient d’emblée l’opposition qui traverse toute réflexion sur la société : quels rapports société et individus entretiennent-ils ? Bergson présente dans cet extrait la finalité des sociétés humaines. Comparant notamment les sociétés humaine et animale, il présente quelles sont les exigences, et quels sont effets de la vie en société.

Sa thèse est la suivante : la contradiction inhérente à la finalité de toute société humaine (subordonner et libérer l’individu) semble être au service de la démarche de la vie elle-même, à savoir développer et épanouir des individus.

Le texte s’articule en deux parties. Dans la première, qui va jusqu’à « … deux buts à atteindre «, Bergson présente l’exigence apparemment contradictoire des sociétés humaines. La seconde moitié de l’extrait présente quels sont les fruits de cette contradiction.

 

 

bergson

« société.

Cette condition est nécessaire.

Pour qu'une société tienne, il faut qu'elle tienne ses individus, afin qu'il neretourne pas leur énergie contre la société, contre les individus.

Cette condition est nécessaire, mais elle n'est passuffisante, car d'un autre côté, la société doit d'une manière ou d'une autre « laisser faire » l'individu.

La société nedoit pas emprisonner l'individu, mais au contraire favoriser sa liberté.

Cette deuxième condition, il faut le noter, n'estpas la condition de l'équilibre, de la « subsistance » (comme c'est pas contre le cas pour la subordination) de lasociété, mais de son « progrès ».

La société n'est donc pas quelque chose de figé, mais quelque chose qui doitprogresser, se développer.

Bergson fait de l'initiative individuelle, du « laisser faire », la condition de ce progrès.Votre commentaire dit montrer ce point : la société subsiste si elle subordonne l'individu, mais elle ne se développeque si elle le laisse faire.Il s'agit effectivement d' « exigences opposées ».

Les concilier, c'est selon Bergson les « réconcilier ».

Ce verbeinsiste sur l'opposition, puisqu'elle le traduit en dispute, en affrontement.

La société se définit donc par une formede tension.Cette tension n'existe pas chez les sociétés animales.

Pour préciser quelle va être la finalité des sociétés humaines,Bergson opère une comparaison avec les « sociétés » d'insectes.

Les sociétés d'insectes sont une référenceclassique des réflexions sur la société.

Ici, la comparaison est articuler à la définition de la société humaine, dans lesens où Bergson les définit à partir du critère des sociétés humaines, à savoir celui de la subordination.La réunion des fourmis et abeille, aussi parfaite soit-elle, aussi efficace soit-elle, n'est qu'une « immuable routine ».Il faut insister sur la dimension temporelle rencontrée ici.

Cette dimension est à articuler à la notion de progrèsrencontrée plus haut.

Sans le laisser faire individuel, la société fonctionne, mais elle ne progresse pas dans le temps,elle ne change pas, elle ne se développe pas.La spécificité des sociétés humaines n'est donc pas l'union, la mise en commun, mais le développement.

Laisser fairel'individu est la condition de ce développement.La société ne doit donc pas « oublier » l'individu.

Toute cette première partie consiste à montrer la solidarité entrela finalité de la société et la place accordée au développement de l'énergie individuelle.

Il faut aussi commenter lefait que le mot « destination » est plus fort que « finalité ».

La destination évoque un « lieu », et un destinpersonnel.

On peut y voir par ailleurs une personnalisation de la société.

C'est d'ailleurs par une personnalisation dela société que Bergson va développer le sort réservé à la société et l'individu qui s'oublient.La métaphore de la marche dot être mise en rapport avec l'idée qu'une société humaine doit se développer, etavancer (« progresser »).Il faut vous laisser guider par la métaphore pour commenter la fin de cette première partie.

La marche dessomnambule est sans but, sans « destination ».

Elle tourne en rond, à défaut d'aller droit vers son objectif.Le somnambulisme est la marche de « l'immuable routine ».La société doit donc en quelque sorte se réveiller, c'est-à-dire ouvrir les yeux sur son objectif et sa destination.Il faut ensuite commenter le fait que « l'efficacité sociale plus grande » et « la liberté individuelle plus complète »sont certes deux buts à atteindre, mais surtout deux buts à combiner, à réconcilier.

Il faut d'un côté aspirer à uneefficacité sociale, à une mise en commun efficace des énergies, mais cela on ne peut le faire que si la libertéindividuelle est plus complète.

Les objectifs sont distingués, mais ils sont solidaires.Interrogez-vous à partir de là, sans vous éloigner du texte, sur ce que peut représenter une « efficacité » sociale,et une liberté plus « complète ».La dernière phrase dresse le bilan de cette première partie : la métaphore, qui suppose une personnalisation de lasociété, aboutit à la destination spécifique aux sociétés humaines.

Il y a deux buts à atteindre.

Et implicitement,pour les atteindre, il faut les réconcilier.

Deuxième partie.

Cette réconciliation passe par un affrontement, une confrontation.

Cette confrontation, cette « lutte » se situe àdeux niveaux.

Tout d'abord, les sociétés sont en luttes avec elles-mêmes, pour les raisons développées dans lapremière partie.

Ensuite, les sociétés sont en luttes les unes avec les autres.

La personnalisation de la premièrepartie fait place à une analogie avec la physique, avec l'organique.

Le but est désormais de montrer les effets deces exigences opposées.

Les sociétés ne sont plus personnalisées mais matérialisées.

On peut commenter cela enfaisant le parallèle avec les « énergies » dont il était question au début de l'extrait.Bergson fait une forme d'abstraction, en réduisant la société et ses composants à des énergies, des forces quis'entrechoquent.

Le terme n'est pas dans l'extrait, mais on peut dire que Bergson réduit la question à « l'essentiel »,sans entrer dans le détail de la question.Son analyse est une vue d'ensemble du mécanisme social et de ses effets.

La société, qui est donc une mise encommun, est du même coup un espace ou les énergies individuelles sont confrontées les unes aux autres.Il faut commenter le fait que Bergson présente les vertus de cette confrontation.

« Arrondir les angles », « éliminerles contradictions », etc., doivent être compris comme des choses positives, produites non par une volontéd'arrondir les angles venus d'en haut, de ce qui seraient responsable de la société, mais produites par la sociétéelle-même, par le simple fait, si l'on peut dire, de réunir des énergies en société.Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue le fait que cette deuxième partie, à la différence de la première, ne parlepas seulement des rapports internes à une société, mais aussi des rapports entre les différentes sociétés.

Cela vase poursuivre dans la suite du texte.Le texte dit également que tout ce qui est décrit est non pas ce que « font » les sociétés, mais ce qu'elles« cherchent ».Il faut aussi pointer le fait que les énergies sont désormais des « volontés ».

Il est désormais question de volontésindividuelles et de volonté sociale.

S'agit-il de penser que l'énergie individuelle est liée à la volonté, que la mise en. »

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