Devoir de Philosophie

Bergson: Pouvons-nous concevoir un rapport entre le beau et le vrai ?

Publié le 02/11/2009

Extrait du document

bergson
Quel est l'objet de l'art ? Si la réalité venait frapper directement nos sens et notre conscience, si nous pouvions entrer en communication immédiate avec les choses et avec nous-mêmes, je crois bien que l'art serait inutile, ou plutôt que nous serions tous artistes, car notre âme vibrerait alors continuellement à l'unisson de la nature. Nos yeux, aidés de notre mémoire, découperaient dans l'espace et fixeraient dans le temps des tableaux inimitables. Notre regard saisirait au passage, sculptés dans le marbre vivant du corps humain, des fragments de statue aussi beaux que ceux de la statuaire antique. Nous entendrions chanter au fond de nos âmes, comme une musique quelquefois gaie, plus souvent plaintive, toujours originale, la mélodie ininterrompue de notre vie intérieure. Tout cela est autour de nous, tout cela est en nous, et pourtant rien de tout cela n'est perçu par nous distinctement. Entre la nature et nous, que dis-je ? entre nous et notre propre conscience, un voile s'interpose, voile épais pour le commun des hommes, voile léger, presque transparent, pour l'artiste et le poète. Quelle fée a tissé ce voile ? Fut-ce par malice ou par amitié ? Il fallait vivre, et la vie exige que nous appréhendions les choses dans le rapport qu'elles ont à nos besoins. Vivre consiste à agir. Vivre, c'est n'accepter des objets que l'impression utile pour y répondre par des réactions appropriées : les autres impressions doivent s'obscurcir ou ne nous arriver que confusément. Je regarde et je crois voir, j'écoute et je crois entendre, je m'étudie et je crois lire dans le fond de mon coeur. Mais ce que je vois et ce que j'entends du monde extérieur, c'est simplement ce que mes sens en extraient pour éclairer ma conduite ; ce que je connais de moi-même, c'est ce qui affleure à la surface, ce qui prend part à l'action. Mes sens et ma conscience ne me livrent donc de la réalité qu'une simplification pratique.

 Ce texte de Bergson nous interroge directement sur l’art en nous proposant une définition de ce qu’il est ou plus exactement de la manière dont il est une appréhension du monde, une perception. Or la thèse de Bergson dans l’ensemble de ce texte de La Pensée et le Mouvant est que l’art est une manière de voir de réel ; de le voir directement, ou presque sans le voile de l’intelligence pratique. L’artiste est alors cet être à part, unique, qui voit autrement que les autres, qui n’est pas soumis à la nécessité pratique. Si nous ne sommes pas tous artistes c’est que notre perception est diriger vers ce qui nous intéresse en premier lieu, c’est-à-dire ce qui peut nous être utile pleinement. C’est notre rapport au monde qui crée l’artiste. Il est celui qui ne voit pas avec le yeux de l’intelligence pratique. Il ne cherche pas à se servir du monde mais simplement à le saisir. L’art vise à nous montrer, dans la nature et dans l’esprit, des choses qui ne frapperaient pas directement nos sens et notre conscience. Le poète est comme le révélateur d’une image photographique : il exprime des sentiments que nous avons sans nécessairement en avoir conscience. Ils perçoivent pour percevoir et non plus seulement pour agir. Ainsi, l’extrait s’articule logiquement en trois moments : le décalage entre la perception et le réel (1er partie : du début du texte à « pourtant rien de tout cela n'est perçu par nous distinctement «), l’émergence de la figure du poète (2nd partie : de « Entre la nature et nous « et « les choses dans le rapport qu'elles ont à nos besoins «), enfin l’aliénation de la perception à l’action (3ème partie : de « Vivre consiste à agir « à la fin du texte). C’est suivant ces trois moments que nous entendons rendre compte du texte.

bergson

« plus exactement de la manière dont il est une appréhension du monde, une perception.

Or la thèse de Bergson dansl'ensemble de ce texte de La Pensée et le Mouvant est que l'art est une manière de voir de réel ; de le voirdirectement, ou presque sans le voile de l'intelligence pratique.

L'artiste est alors cet être à part, unique, qui voitautrement que les autres, qui n'est pas soumis à la nécessité pratique.

Si nous ne sommes pas tous artistes c'estque notre perception est diriger vers ce qui nous intéresse en premier lieu, c'est-à-dire ce qui peut nous être utilepleinement.

C'est notre rapport au monde qui crée l'artiste.

Il est celui qui ne voit pas avec le yeux de l'intelligencepratique.

Il ne cherche pas à se servir du monde mais simplement à le saisir.

L'art vise à nous montrer, dans lanature et dans l'esprit, des choses qui ne frapperaient pas directement nos sens et notre conscience.

Le poète estcomme le révélateur d'une image photographique : il exprime des sentiments que nous avons sans nécessairementen avoir conscience.

Ils perçoivent pour percevoir et non plus seulement pour agir.

Ainsi, l'extrait s'articulelogiquement en trois moments : le décalage entre la perception et le réel (1 er partie : du début du texte à « pourtant rien de tout cela n'est perçu par nous distinctement »), l'émergence de la figure du poète (2 nd partie : de « Entre la nature et nous » et « les choses dans le rapport qu'elles ont à nos besoins »), enfin l'aliénation de laperception à l'action (3 ème partie : de « Vivre consiste à agir » à la fin du texte).

C'est suivant ces trois moments que nous entendons rendre compte du texte. I – Perception est réalité a) La première phrase de ce texte indique clairement l'objet du texte de Bergson qui est de savoir quel est l'objet del'art.

il n'agit donc pas de définir l'art ou de produire l'essence de l'art mais de comprendre ce sur quoi repose l'art.On peut dire qu'il s'agit de définir l'art d'une certaine manière mais il s'agit simplement de comprendre son objet,c'est-à-dire ce sur quoi il repose c'est pourquoi Bergson ne traitera ni du beau ni de la valeur esthétique des chosemais de notre rapport à la réalité et à la nature.

Or la première remarque de Bergson se place dans le champ del'hypothétique, c'est-à-dire qu'il raisonne par déduction.

Si une chose alors telle autre.

Or pour ce qui nousconcerne, Bergson remarque qu'il y a une distinction flagrante entre notre rapport à la nature et nous-mêmes ou plus exactement avec notre perception et notre conscience.

Il y a une disharmonie entre les deux.

Nous n'avonspas une appréhension directe et correcte de la réalité.

Notre perception est biaisée.

Tout l'intérêt du texte est alorsde comprendre pourquoi et de cette réponse découlera la réponse à cette question inaugurale de Bergson. b) Si nous percevions directement la totalité de la réalité, nous serions en harmonie complète avec la nature.

Rienne nous échapperait de ce qui se passe dans le monde extérieur.

En d'autres termes nous serions tous artistes.Autrement dit, Bergson produit ici une définition par la négative de l'artiste.

On comprendre que ce dernier est une personne qui perçoit autrement le monde que le commun des mortels.

Il est en harmonie avec la nature, à l'unissonet c'est pour cela qu'il peut produire des chefs-d'œuvre.

Nous serions alors dans un émerveillement continuel faceau monde et à la réalité.

Or tel n'est pas le cas au quotidien pour l'ensemble des hommes.

Nous ne sommes pas tousdes artistes et nous n'entendons pas constamment cette réalité. c) Néanmoins si l'objet de l'art est cette perception du monde, il faut bien voir que ce qui distingue l'artiste du non-artiste n'est pas relatif à un défaut de perception.

Plus exactement, ce n'est pas à cause de la perception ou d'uneacuité visuelle plus importante que la normal que l'artiste est artiste.

Les facultés visuelles ne sont pas en cause.Dès lors, c'est sans doute dans notre rapport conscient au monde que se joue cette perception artistique.

Si cepoint est important c'est qu'il permet de se détacher de toute une tradition philosophique qui condamne laperception comme fausse ou illusoire.

Ici tel n'est pas le cas. Transition : Ainsi l'objet de l'art se situe dans ce rapport conscient au monde, c'est-à-dire dans la perception que nous pouvonsen avoir.

Cependant, si notre perception n'est pas fautive, il faut bien comprendre alors le rôle que joue laconscience dans le processus perceptif. II – La figure de l'artiste a) Comme Bergson le note dès le début de cette seconde partie, la question n'est pas tant le décalage qu'il y a entre la nature et nous mais bien entre nous et notre propre conscience, c'est-à-dire notre manière de nousrapporter au monde, à l'extériorité.

En effet, si l'on ne perçoit pas le monde au-delà de ce voile ce n'est que nousavons une vision pervertie du monde, ou que notre perception est fausse, mais bien que c'est notre manière de voir,. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles