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Bergson: Intelligence et Evolution

Publié le 19/04/2005

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Notre intelligence, telle que l'évolution de la vie l'a modelée, a pour fonction essentielle d'éclairer notre conduite, de préparer notre action sur les choses, de prévoir, pour une situation donnée, les événements favorables ou défavorables qui pourront s'ensuivre. Elle isole donc instinctivement, dans une situation, ce qui ressemble au déjà connu : elle cherche le même, afin de pouvoir appliquer son principe que « le même produit le même ». En cela consiste la prévision de l'avenir par le sens commun. La science porte cette opération au plus haut degré possible d'exactitude et de précision, mais elle n'en altère pas le caractère essentiel. Comme la connaissance usuelle, la science ne retient des choses que l'aspect répétition. Si le tout est original, elle s'arrange pour l'analyser en éléments ou en aspects qui soient à peu près la reproduction du passé. Elle ne peut opérer que sur ce qui est censé se répéter, c'est-à-dire sur ce qui est soustrait, par hypothèse, à l'action de la durée. Ce qu'il y a d'irréductible et d'irréversible dans les moments successifs d'une histoire lui échappe. Il faut, pour se représenter cette irréductibilité et cette irréversibilité, rompre avec des habitudes scientifiques qui répondent aux exigences fondamentales de la pensée, faire violence à l'esprit, remonter la pente naturelle de l'intelligence. Mais là est précisément le rôle de la philosophie. Bergson

POUR DÉMARRER    La philosophie, dont le rôle est d'atteindre l'irréductible et l'irréversible, s'oppose par cet aspect à l'intelligence, particulièrement sous sa forme scientifique, qui ne fonctionne que sur le répétitif et l'identique : la philosophie doit combattre les tendances naturelles de l'esprit et de l'intelligence. Bergson nous expose dans ce texte la très haute idée qu'il se fait de la philosophie.    CONSEILS PRATIQUES    Décrivez bien la démarche de Bergson, qui vous indique d'abord pourquoi l'intelligence recherche le même, puis en quoi la science introduit de la rigueur dans cette recherche, enfin en quoi cette science échoue : la philosophie doit alors prendre la relève de la science en luttant contre la pente naturelle de l'intelligence. Insistez bien sur l'intérêt philosophique de ce texte qui introduit des limites à la puissance de la science et de l'intelligence humaine, limites que la philosophie doit dépasser.

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« prélève, dans le réel, "le même". Ce fonctionnement répond à une finalité humaine pragmatique : "l'action sur les choses". Dans le deuxième moment du texte, la science est définie comme un simple prolongement, seulement plusélaboré, de la "connaissance usuelle" que nous avons quotidiennement du monde grâce à notre intelligence. Dans un dernier moment, le "rôle de la philosophie" est défini : échapper à la vision limitative de notreintelligence, afin d'atteindre la profondeur du réel, la singularité irréductible que lui confère sa durée. Ce renversement ne va pas sans une violence exercée à l'esprit. B - TERMES ET ARGUMENTS A DISTINGUERDans le premier moment, qui va jusqu'à "la prévision de l'avenir par le sens commun", il importait de relever leterme de "fonction" :C'est en effet le terme que Bergson attribue à la notion principale, celle "d'intelligence", et c'est aussi ceterme qui synthétise toute la suite de ce premier moment. Quelle est cette fonction ? : "Prévoir" (idée répétée dans le terme de "prévision"). Non pas prévoir l'avenir en général, mais en fonction de l'utilité que l'homme peut en retirer ("favorables oudéfavorables"). Cette prévision n'est pas contemplative, mais pragmatique : elle est essentiellement liée à notre "action",qu'elle rend possible, en l'"éclairant". L'action, soucieuce d'efficacité et prise par l'urgence, impose à l'esprit une tournure simplificatrice, quicaractérise l'intelligence : saisir, dans la diversité troublante des situations nouvelles, l'élément commun parquoi elles ressemblent aux précédentes : connaître le nouveau par le "déjà connu". Le deuxième moment du texte (jusqu'à l'"action de la durée") montre les limites, et donc la relativité de lascience. Le terme essentiel est souligné : la science s'en tient à la "répétition", ce qui permet de comprendre, àl'opposé, que la "durée", nature profonde des "choses", ne se répète jamais. La durée est "histoire" : série continue d'évènements singuliers, irréductibles les uns aux autres. Le troisième moment décrit la violence qu'il faut imposer à l'esprit, réduit à l'intelligence, pour l'élever à lasaisie de la durée. Le travail de la philosophie est donc double.

D'abord réformer l'esprit en luttant contre les habitudes qu'il aprises dans son application scientifique, ensuite, saisir la durée même. Le premier aspect est critique : faire prendre conscience à la science qu'elle est un produit de la vie, et deson évolution temporelle, pour faire sentir à l'esprit les racines qu'il a dans la durée universelle. Le second aspect est positif : c'est la mise en oeuvre de l'acte proprement philosophique, qui n'est pasnommé dans le texte, et que Bergson appelle intuition . III - REFERENCES UTILES A l'opposé de l'interprétation pragmatiste de la science, on pouvait convoquer la Critique de la Raison Purede Kant, où les concepts de la connaissance sont définis comme des propriétés de l'entendement, qui nepeuvent pas être dérivés de l'expérience ("déduction transcendantale des catégories"). IV - LES FAUSSES PISTES Faire de la connaissance scientifique la seule connaissance possible, ou bien considérer que Bergson invalidela science au profit de la philosophie, étaient deux erreurs symétriques qu'il fallait éviter.. »

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